Sexualités, Sondages et Média

Sexualités?

La sexualité évoque naturellement tout ce qui a un rapport avec le sexe ou la relation sexuelle. On mélange en fait deux choses: « la masturbation « solitaire ou à deux, instrumentalisée ou non, et la relation sexuelle où le sexe n’est qu’un instrument de la relation l’autre. La finalité n’est pas exactement la même. Dans le premier cas, l’autre n’est que l’instrument de son plaisir personnel et par « politesse », on rend le même service à son ou sa partenaire. Dans le second cas, le sexe n’est qu’un instrument au service de la relation affective. On se lasse assez rapidement de la « masturbation » qui nécessite de plus en plus de stimulations pour obtenir la même satisfaction. C’est l’escalade dans la réalisations de fantasmes pas toujours partagés. Par contre la relation s’enrichit chaque jour des sentiments et affects permettant le développement d’une complicité ou d’une connivence. Ce n’est pas le sexe qui donne le plaisir, mais la relation avec le sexe. C’est elle seule qui permet d’atteindre ce qui est décrit dans la littérature comme l’extase ou le septième ciel. Il ne s’agit pas ici de critiquer les différentes pratiques masturbatoires nécessaires à une bonne connaissance de son instrument lorsqu’on est jeune. L’instrument ne doit pas rester une fin en soi, mais devenir un moyen d’expression, de communication. Les fantasmes y trouvent aussi leur place s’ils sont partagés. Malheureusement, il ne semble pas qu’on ait pris le bon chemin!

Les Sondages?

Pourquoi aborder les sondages? Réalisés par des non-professionnels de la sexualité, ils sont responsables du « chemin pris », évoqué précédemment et aggravent souvent le problème sans le savoir. Ils font pourtant leur travail très sérieusement. D’une part, ils ne connaissent pas les différences évoquées précédemment. D’autre part, la sexualité étant devenu aujourd’hui un sujet trop sensible quant à la représentation qu’une personne a de soi-même, les réponses données correspondent plus à un idéal recherché qu’à la réalité vécue dans l’intimité. Peu d’hommes reconnaitrons leur éjaculation rapide, alors que celle-ci est un phénomène parfaitement naturel et normal. Peu de femmes avoueront qu’elles simulent la jouissance lors de leurs rapports sexuels. Et pour cause, nous sommes des mammifères avant d’être humain et notre sexualité est destinée à l’origine à la reproduction. Une érection facile, une éjaculation rapide, une bonne lubrification vaginale par stimulation clitoridienne sont tout à fait suffisants pour permettre la survie de l’espèce. C’est notre humanisation qui en a changé la finalité. Elle nous a permis d’exploiter le plaisir ressenti lors de l’éjaculation ou des caresses clitoridiennes, pour en faire autre chose. Mais ce n’est pas si simple car ce n’est pas naturel, mais le fruit d’apprentissage. Les sondages reflètent en grande partie la « norme » véhiculée par les média.

Les Média?

S’ils ont pu véhiculer parfois une image déculpabilisante de la sexualité, ils transmettent un certain nombre de normes sexuelles. Certaines pratiques sexuelles comme la fellation, le cunilingus et la sodomie, marginales à l’origine sont devenues sous leur influence dont fait partie la pornographie le passage obligé pour se croire désiré ou désirable. Il ne s’agit pas de condamner ou critiquer ces pratiques lorsqu’elles sont vraiment voulues par les deux partenaires. Mais elles n’ont aucun caractère obligatoire. Encore dernièrement une émission de télévision évoquait le plaisir prostatique. Tous les hommes n’ont pas forcément envie d’être sodomisé et la plupart de ceux qui s’y essaieront n’y trouverons que douleur et peu de plaisir. Cela ne veut pas dire que cela n’existe pas. Affirmer que le désir masculin et féminin sont comparables, c’est ne pas tenir compte de nos différences physiologiques. Il est ainsi possible d’érotiser de nombreuses parties du corps qui ne le sont pas naturellement. Mais à chacun, chacune d’avoir la liberté de trouver son chemin du plaisir, dans le respect de l’autre. On peut être bricoleur, artisan ou artiste. Il n’y a pas de règle. Ainsi médias et sondages s’auto-entretiennent et imposent des « normes » qui entravent notre liberté et notre plaisir dans une véritable relation qui n’est pas que sexuelle, mais où le sexe a son importance.

Auteur/autrice : Patrice Cudicio

Médecin

Sexualités: Le Magazine de toutes les sexualités

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