Pornographie, quelles conséquences sur l’identité sexuelle et la santé mentale ?

La Pornographie: un remède contre la dépression?

Probablement pas! Mais certaines études récentes (J Nerv Ment Dis. 2023 Aug) semblent montrer que la consommation croissante de la pornographie sur internet et les réseaux sociaux serait un mécanisme de défense contre un stress excessif. Elle permettrait de réguler l’humeur en diminuant la dépression et l’anxiété.

Une addiction?

Ces mêmes recherches axées sur la dépendance à la pornographie indiquent que l’augmentation progressive de la disponibilité d’Internet, ainsi que l’anonymat et la confidentialité de son utilisation, ont considérablement augmenté la consommation de la pornographie, surtout parmi la population masculine Cette disponibilité accrue d’Internet joue également un rôle important dans le processus de perte de contrôle de soi, qui augmente chez certains et provoque le développement de conflits psychologiques et un sentiment de culpabilité. Cette situation de détresse psychologique serait, selon ces études plus fréquentes chez l’homme qui vit seul ou avec ses parents, donc plutôt une population de jeunes adultes.

Quelles conséquences sur le cerveau?

Pour 56% des hommes dépendant à la pornographie, elle représente une forme de relaxation qui va trouver son aboutissement dans la masturbation. Ce comportement masturbatoire va finir devenir compulsif. En effet la résolution de tension par la sécrétion d’endorphines (morphine naturelle sécrétée par le cerveau au moment de la jouissance) n’est que passagère. On comprend donc la nécessité de répéter l’expérience pour soulager ce mal-être existentiel plus ou moins permanent. L’image pornographique va permettre de retrouver une excitation devenant de plus en plus défaillante avec le temps. On comprend mieux la nécessité de « stimuli pornos » de plus en plus violents « hard » et fréquents afin d’obtenir une excitation suffisante grâce à la sécrétion de dopamine (neuro-transmetteur du désir) puis le soulagement final mais provisoire. Cette sexualité virtuelle a pour effet de déconnecter totalement le jeune d’une sexualité relationnelle effective.

« Par exemple, une étude de Pizzol et al. (2016) examinant 1 500 adolescents du secondaire âgés de 18 à 19 ans au cours de leur dernière année d’études suggère que la pornographie peut affecter les habitudes, les modes de vie et les attitudes sexuelles. L’étude a également révélé qu’environ 21,9 % des participants ont tendance à considérer les sites pornographiques comme leur habitude personnelle et qu’environ 10 % d’entre eux ont signalé un intérêt sexuel réduit pour avoir des partenariats dans la vie réelle et préfèrent le « sexe virtuel » comme étant plus rapide, plus sûr, moins exigeants et satisfaisant leurs fantasmes sexuels particuliers (Pizzol et al., 2016)« .

Il est ainsi possible que l’excitation sexuelle provoquée par la pornographie puisse rendre la relation sexuelle réelle avec un partenaire insuffisante pour provoquer une excitation ( par épuisement dopaminergique) et donc une érection suffisante au rapport sexuel. On imagine facilement les conséquences de cette insuffisance érectile…

Une influence sur l’identité sexuelle

Certains auteurs suggèrent que le visionnage d’images pornographiques pendant l’enfance et l’adolescence puisse avoir un impact négatif sur la formation de l’identité sexuelle: le sexe et le corps de l’autre deviennent ainsi des produits de consommation dont on se débarrasse après « usage ». Il aurait été noté chez les jeunes femmes un nombre croissant d’interventions de chirurgie esthétique: augmentation du volume des seins, labiaplastie (chirurgie plastique des petites lèvres) et autres…Elle est en rapport avec une mauvaise image de soi et donc d’estime de soi. L’augmentation de la chirurgie du pénis est moins fréquente. S’il est difficile de l’affirmer il est probable qu’elle ait un impact sur la trans-identité.

Cette étude met en évidence la relation existante entre une forte consommation des sites pornographiques, voire une addiction chez les jeunes et les situations, de stress, d’anxiété et de dépression ainsi qu’une incidence sur l’identité sexuelle. La question qui se pose est de savoir de qui l’œuf ou de la poule a commencé?

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Auteur/autrice : Patrice Cudicio

Médecin

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