Comment ne plus être éjaculateur précoce

Il s’agit donc de transformer une sexualité naturellement destinée à la reproduction en une sexualité ludique. Un apprentissage est nécessaire car, et sans vouloir se répéter: l’éjaculation prématurée n’est pas une maladie.

Il faut agir sur les quatre facteurs qui influencent la survenue de l’éjaculation, même s’ils n’ont pas tous la même importance selon les personnes.

Le stress

Le premier facteur que nous détaillerons ici est le stress, l’angoisse de l’échec ou de la performance. Il est relativement récent dans l’histoire du trouble. C’est la médiatisation de l’éjaculation prématurée qui en est sans aucun doute le responsable. La notion de norme s’est développée, et, de ce fait, celle d' »anormalité ». Il y a encore  une trentaine d’années, cette notion n’existait pas. L’éjaculation rapide était considérée comme normale chez l’homme jeune, puis elle ralentissait progressivement avec l’âge, l’expérience, etc… On éjaculait en 3 à 4 minutes la plupart du temps, avec des variations individuelles et circonstancielles. C’était normal. Aujourd’hui, le discours normatif et l’exemple pornographique sont passés par là. Le stress, par l’action de ses neuromédiateurs, peut raccourcir ce temps et le faire tomber à 1 minute ou 30 secondes. Parfois, l’éjaculation peut se produire avant toute pénétration (ante-portas). Le Priligy® ou dapoxetine n’agit que sur ce facteur stress. C’est ce qui explique son action très relative, voire inexistante: aucun espoir de dépasser les 4 minutes fatidiques!

Le seuil

Le second facteur qui influence la survenue de l’éjaculation correspond à une notion de seuil qu’il ne faut pas dépasser: c’est le seuil d’inévitabilité éjaculatoire. Il faut bien comprendre qu’il est impossible d’agir directement sur la survenue de son éjaculation. Elle ne se déclenche que lorsque l’excitation a atteint un certain seuil: c’est un réflexe. Nous ne pouvons agir que sur l’excitation elle-même. Lorsque l’on sent que l’on va éjaculer, c’est déjà trop tard. Ce qui est ressenti n’est pas le risque, mais le début de l’éjaculation. Apprendre à étalonner son excitation est déjà commencer à la maîtriser, mais ce n’est pas suffisant. Les thérapies comportementales n’agissent que sur ce point.  C’est le cas du squeeze qui consiste à serrer la base du gland, de contracter les muscles de son périnée, ou encore du stop and go de Kaplan . Les conseils de certains sexologues, qui demandent de se masturber pour essayer de prolonger l’acte, vont dans le même sens. On réduit l’excitation, mais trop souvent pour aggraver la situation après…

Changer le mode d’emploi

C’est la métaphore du violoncelle: « le corps de la femme est comme un violoncelle. Dans son sexe se trouvent les cordes, l’homme est le musicien et son pénis est l’archet. » Ce qui doit vibrer, ce sont les cordes et non l’archet. C’est là que se trouve véritablement le secret de la maîtrise de l’éjaculation. Nous sommes naturellement programmés pour jouir et éjaculer rapidement, afin de favoriser la survie de l’espèce. Le sens premier du rapport est la reproduction. Pour faciliter les choses, la nature a fait en sorte que nous ayons plus tendance à nous caresser le pénis avec le vagin, comme on le fait avec sa main lors de la masturbation. Et c’est bien là le problème! Il nous faut concevoir notre sexe comme un instrument que l’on prend en main et que l’on utilise pour le plaisir de sa ou son partenaire; le sens véritable du rapport est la relation. Ainsi peut-on considérer les deux sexes comme deux prises de courant: la mâle et la femelle. C’est le courant que l’on fait passer qui est important, et non les prises. Sur le plan théorique, cela semble facile; mais en pratique ce n’est pas évident. Il existe toutefois des moyens efficaces d’y remédier.

Rôle de la partenaire

Le dernier point important à gérer est le plaisir, la jouissance du ou de la partenaire. Quand il ou elle commence à manifester les premiers signes de la montée de jouissance, il faut garder le plus possible une position d’observateur de son plaisir. Ne vous laissez surtout pas « embarquer », car vous risquez de jouir trop tôt. Un chef d’orchestre tient toujours la « baguette! ». Mentalement, c’est vous qui lui faite l’amour. Vous êtes attentif à toutes les informations sur la montée de son plaisir: respiration, gémissements, mouvements, etc….

La technique la plus efficace est l’hypnose, car elle agit à la fois sur le stress, le seuil et le mode d’emploi. Elle permet en quelques séances avec l’aide d’un ou d’une sexothérapeute pratiquant cet art de résoudre cette difficulté en quelques semaines et peut-être avec un peu d’entrainement et de persévérance de devenir un artiste

Auteur/autrice : Patrice Cudicio

Médecin

Sexualités: Le Magazine de toutes les sexualités

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