Polyamour et plaisir sexuel

Il semblerait selon que études relativement récentes publiées dans le Journal of Sex research que les échangistes et polyamoureux  sont autant satisfaits voire plus satisfaits de leur vie sexuelle que les monogames.

Il faut d’abord préciser que cela ne concerne que les pratiquants d’une « non-monogamie consensuelle » (CNM).

On peut s’interroger  sur ces résultats.

En effet, on met en parallèle des relations sexuelles différentes dans leur signification.

A priori, les relations sexuelles monogames, même si elles ont un caractère ludique, s’inscrivent dans le cadre d’une relation plus durable où l’affectivité si ce n’est l’amour sont présents. L’intimité, la complicité qui nécessitent un certain degré de confiance et de fidélité font partie d’un projet de vie à deux. Il s’agit ici d’une sexualité relationnelle plus souvent d’inspiration féminine, du moins au commencement! Le désir d’enfant conscient ou inconscient y a son importance. La satisfaction sexuelle dont fait partie le plaisir, mais pas uniquement est liée à la qualité de la relation amoureuse.

Mais de quelle sexualité parle-t-on en ce qui concerne l’échangisme, les relations ouvertes, ou le polyamour?

Il s’agit plus d’une sexualité pulsionnelle ou compulsive que relationnelle. L’autre n’est qu’un  instrument voire une sorte de sextoy au service d’un plaisir personnel très égoïste, même si c’est réciproque.  Bien sûr, c’est mieux quand on connaît un peu son ou sa partenaire. On en a connait le mode d’emploi!

Il est vrai qu’on n’a pas forcément des rapports sexuels avec le, la premier(e) venu(e) quoique qu’avec Tinder ou Grinder, cela soit tout à fait possible et assez fréquent.

Dans ce cas là, les rapports sexuels dans le cadre de CNM peuvent être vécus de manière tout à fait satisfaisante, mais pas exactement pour les mêmes raisons que pour les relations monogames, en effet la dimension relationnelle  n’a que peu d’importance.

De nos jours, le sexe est devenu un produit de consommation. En avoir « de ce produit » flatte son égo et son narcissisme. Chacun doit être aussi un bon produit pour l’autre. L’homme doit être capable de « durer » et la femme de séduire et de jouir.  

Alors que le sexe  (cela nécessite un certain apprentissage) peut devenir un véritable instrument de la relation et dans ce cas le plaisir sexuel est incomparable.

Pour un complément d’information , voir les 3 dossiers sur « Désir  et plaisir de la femme » 

Consultation sexologique

De la servitude amoureuse

Ce texte malgré sa longueur devrait intéresser voire plaire à de nombreuses femmes. Vos commentaires nous permettront de le savoir!

Une psychologie du bonheur dans l’air du temps.

Dans un concert de nombreuses notes contribuent à l’harmonie de l’ensemble. De même, dans les rapports entre hommes et femmes, de nombreuses variantes sont possibles. Ainsi, il existe des hommes qui éprouvent – parfois à contrecœur et sans oser se l’avouer – un besoin vital de se soumettre  à la femme qu’ils aiment et admirent. Selon certaines philosophies, la nature a fait que, au sein de la société,  d’aucuns sont nés pour servir et obéir, d’autres pour dominer. Ces hommes trouveront donc en face d’eux des femmes dotées d’une autorité naturelle, lassées de l’arrogance conquérante et du sentiment de supériorité de la plupart des hommes, lesquels n’hésitent pas à leur imposer leur volonté et leur domination. D’autres encore, surtout aux Etats-Unis,  estiment qu’il appartient à la femme – à toutes les femmes – de diriger l’homme qui a trouvé grâce à ses yeux,   à l’homme de se courber sous sa volonté (voir le livre de Terrence C. Sellers, Dominant Women/Submissive Men).

Quoiqu’il en soit, l’homme que sa nature profonde, ou le désir d’établir des rapports amoureux sortant de la banalité, ou le goût du jeu de rôles pousse à se soumettre de plein gré n’est pas un malheureux, car, à l’instar du cheval ou de l’éléphant, plus il sent la main ferme qui le dirige, plus il s’épanouit;  et plus aussi il s’attache à la femme qui lui impose son autorité.

L’homme soumis, fasciné par la ferme volonté d’une femme aimée, l’est aussi par son charme et sa présentation. Alors sa propre volonté fond comme la neige au soleil: il ressent un besoin irrésistible de s’incliner devant cette femme enchanteresse. De même que le bœuf ne peut s’empêcher de brouter l’herbe,  de même l’homme soumis ne  peut faire autrement – c’est plus fort que lui – que d’obéir à celle qui l’ensorcelle, de la servir avec joie, de l’approcher avec  déférence et adoration. 

A son tour, la femme exigeante trouve dans l’homme soumis un partenaire idéal, car elle découvrira en lui un être certes viril, mais serviable, docile et zélé, toujours prêt à prévenir ses moindres désirs, à prendre soin de sa personne, de ses vêtements, de son logement. L’homme soumis est en quelque sorte l’instrument complaisant du bien-être et du bonheur de la femme au caractère fort. Dans le domaine des relations intimes, l’homme soumis ne se montrera pas envahissant car il sait qu’il n’a pas un droit acquis sur elle. Se préoccupant prioritairement du plaisir de sa compagne, il se contentera des faveurs qu’elle voudra bien lui accorder à son rythme à elle, d’autant plus qu’un homme affamé se montre plus empressé qu’un homme repu. La raison de vivre d’un homme soumis volontairement à sa compagne se résume en deux mots : servir, obéir, vénérer.

Le bonheur requiert de vivre en accord avec soi-même. Entre ces deux êtres que sont la femme dominante et l’homme soumis, il y a donc une totale complémentarité , chacun répondant parfaitement aux besoins vitaux de l’autre. On peut parler d’une véritable symbiose au sens biologique du terme.

Quelques modèles historiques

Les grands sages

Fig.1 Socrate et Xanthippe

L’histoire nous fournit de nombreux exemples d’hommes de valeur se soumettant à la grâce féminine. Socrate (Fig. 1) , le grand philosophe, se soumettait de bonne grâce à l’autorité despotique de son épouse Xanthippe, Aristote (Fig. 2) à celle de Phyllis. Hercule, le célèbre héros, accepta de devenir pendant un temps, l’esclave d’Omphale, reine de Lydie, laquelle l’accablait de travaux dégradants, avant de s’en servir comme esclave sexuel. La magicienne Circé, dont les charmes faisaient tourner la tête  à tous les hommes, sauf à Ulysse, qui l’approchaient, transformait ceux-ci, à l’aide de sa baguette magique, en animaux dociles rampant  à ses pieds.

Fig.2 Aristote et Phyllis

Aux pieds d’Omphale

Le héros de cette histoire est Hercule, symbole de la force virile et du courage. Hercule avait perpétré un crime : il s’était rendu coupable de meurtre sur la personne d’un honorable citoyen : Iphitos. Étant à l’abri de poursuites judiciaires en raison de son rang social, il se rendit au temple et demanda aux prêtres ce qu’il devait faire pour se laver de cette faute. Les prêtres répondirent qu’il devrait travailler comme un esclave pendant trois ans et qu’il devrait obéir au doigt et à l’œil à son maître, qu’il devrait faire tout ce qu’il lui commanderait de jour comme de nuit et ceci pendant trois ans. Hermès, patron de toutes les transactions financières importantes et l’exécuteur du contrat, vendit le héros et, par la suite, remit l’argent de la vente, trois talents d’argent  aux enfants d’Iphitos. 

Fig.3 Hercule (Héraclès) aux pieds d’Omphale, peinture de Ch GLEYRE

Il fut acheté par Omphale, une femme qui s’y entendait en affaires. Ainsi commença le rôle d’esclave de Hercule. Sa maîtresse était Omphale, la belle veuve de Lydie, dont il assouvissait tous les désirs et toutes les volontés. D’après les dires, il paraîtrait qu’il n’eut pas trop de mal à exécuter ce rôle d’esclave. Au contraire, on dit qu’il y passa de beaux jours et qu’il remémora toujours plus tard ses jours passés à Sardes en Lydie. Il lui rendit de loyaux services pendant trois ans, accomplissant des corvées domestiques, mais aussi  lui servant de garde de corps en débarrassant  la région (l’Asie Mineure) des brigands qui l’infestaient.

Fig.4 Omphale et Hercule par BOUCHER

Hercule ne quittait pas sa maîtresse d’une semelle. Ils passaient ensemble les jours comme les nuits, l’un à coté de l’autre. Ensemble ils tissaient et faisaient des broderies. Ils se rendaient ensemble à la campagne, dans les vallées, qui sentaient bon le thym et la menthe. Ils se lavaient afin de se rafraîchir dans l’eau des rivières. Omphale, même si elle était une princesse et une femme d’affaires, n’était qu’une femme et même une très belle femme ; et Hercule, même si ce n’était qu’un esclave, était un homme fort et robuste. Ils finirent donc par s’aimer. Cet épisode a inspiré le beau roman d’Henri Raynal, Aux pieds d’Omphale (Jean Jacques Pauvert, éditeur, 1957). Car Omphale avait  acheté Hercule comme amant, plutôt que comme guerrier. Pour briser son caractère de guerrier et de macho, Omphale eut à son égard d’étranges exigences. Elle l’obligea parfois à s’habiller en femme et lui apprit à filer. On représente souvent le héros filant aux pieds d’Omphale. Des nouvelles parvinrent en Grèce annonçant qu’Hercule avait quitté sa peau de lion et sa couronne de tremble et portait maintenant des colliers de pierreries, des bracelets d’or, un turban de femme et un châle pourpre. Il passait son temps, disait-on, entouré de jeunes filles lascives et débauchées filant et tissant la laine; et qu’il tremblait lorsque sa maîtresse le grondait parce qu’il s’y prenait mal. Elle le frappait de sa pantoufle d’or quand ses gros doigts malhabiles écrasaient le fuseau, et lui faisait raconter, pour la distraire, ses exploits passés; mais il n’en éprouvait apparemment aucune honte. Il devint le père de ses trois enfants.  D’après les dires, il paraîtrait qu’il n’eut pas trop de mal à exécuter ce rôle d’esclave. Au contraire, on dit qu’il y passa de beaux jours et qu’il remémora toujours plus tard ses jours passés à Sardes en Lydie. 

Ainsi, un jour qu’Hercule et Omphale visitaient les vignes de Timolos, elle vêtue d’une robe rouge brodée d’or, les cheveux ondulés et parfumés, lui, portant également un parasol d’or au-dessus de sa tête, Pan les aperçut du haut d’une colline. Il tomba amoureux d’Omphale et dit adieu aux divinités de la montagne:  » Désormais, c’est elle seule que j’aimerai « , s’écria-t-il. Omphale et Hercule arrivèrent à la grotte retirée où ils se proposaient de se rendre et où il eurent la fantaisie de faire l’échange de leurs vêtements. Elle l’habilla d’une ceinture en filet transparente, ridiculement étroite pour lui, et lui passa sa robe rouge. Bien qu’elle ait déboutonné celle-ci le plus possible, il fit craquer les manches; quant aux cordons de ses sandales, ils étaient trop courts et n arrivaient pas à croiser sur son pied. Après avoir dîné, ils allèrent se coucher dans des lits séparés ayant décidé de faire le sacrifice de l’aube à Dionysos, qui requiert que les sacrifiants soient en état de pureté. A minuit, Pan se glissa dans la grotte, et en tâtonnant dans l’obscurité il atteignit ce qu’ il prit pour le lit d’Omphale parce que la personne qui l’occupait avait des vêtements de soie. En tremblant, il releva les couvertures dans le bas du lit et se faufila à l’intérieur, mais Héraclès s’étant réveillé, releva sa jambe et le projeta au fond de la grotte Omphale, qui avait entendu un bruit de chute et un grand cri, se jeta hors de son lit et demanda des torches; quand les lumières arrivèrent, Héraclès et elle se mirent à rire aux larmes à la vue de Pan recroquevillé tout endolori dans un coin en train de se frotter le dos. Depuis lors, Pan voua une haine farouche à tout vêtement et demanda à ses adeptes de venir nus célébrer ses rites c’est lui qui, pour se venger, fit courir le bruit que cet échange bizarre de vêtements avec Omphale était un vice et qu’ils en étaient l’un et l’autre coutumiers.

Circé

Fig.5 Circé Triomphante entourée de bêtes sauvages par BARKER
(Art Galleries and Museums, Bradford, England )

Magicienne qui habitait l’île d’Aéa, Circé  était la fille d’Hélios et de l’océanide, Perséis. Douée de pouvoirs extraordinaires, capable de faire descendre du ciel les étoiles, elle excellait dans la préparation de philtres et de breuvages de toutes sortes, propres à transformer les êtres humains en animaux dociles rampant  à ses pieds. Selon l’odyssée, Ulysse envoya à la découverte de l’île Aeaea vingt trois compagnons; ils furent changés par la déesse en pourceaux, sauf Euryloque qui réussit à venir l’avertir. Le héros, guidé par Hermès qui lui conseilla de mélanger à son breuvage la plante magique appelée moly, se fit aimer de Circé et obtint que ses compagnons reprennent leur forme humaine.

Fig. 6 Circé dominante Circe invidiosa par Waterhouse 
(Art Gallery South Australia, Adelaide)

L’amour courtois

Fig. 7 La dame et son chevalier

Lorsqu’il cherche à se référer à un modèle culturel plus récent, l’homme soumis puisera son inspiration dans le mythe du chevalier servant (voir Denis de Rougement, L’Amour et l’Occident, Plon 1972). A l’époque de la chevalerie, les mœurs rudes de l’époque se sont soudain affinées avec l’apparition du chevalier errant. Certaines dames, reines, princesses ou châtelaines, s’attachaient les services d’un chevalier qui leur vouait un amour parfois impossible, avec la complaisance de leur mari, le châtelain. Le chevalier servant, reconnu et accepté par elle comme tel, s’engageait à appartenir à la Dame de son cœur, à la servir avec empressement, à lui vouer une vénération exclusive, et cela sans espoir de retour. La Dame adorée, laquelle était désormais sa maîtresse et souveraine, était au centre de toute son attention. Certains chevaliers à la veine poétique devinrent troubadours et chantaient des poèmes à la gloire de leur Dame (voir René  Nelli, L’érotique des troubadours, Plon 1974). Sans jamais abandonner tout espoir – et en vérité, il y eut des cas où son assiduité fut récompensée – le chevalier servant sublimait ses élans amoureux dans le cadre d’une liaison platonique. Lui refusant son corps, la Dame de son cœur lui octroyait cependant des baisers, des caresses, voire même un gage d’affection sous forme d’un mouchoir, d’un foulard ou d’un bas que le chevalier portait sur son cœur ou qu’il pressait contre ses lèvres quand il partait au combat pour défendre l’honneur de sa dame. Il s’en suivit que les relations entre amant et maîtresse (on voit là l’origine du mot!) dans certains milieux d’abord, puis au sein de la société en général, devinrent plus raffinées. Ce fut le début de la courtoisie, le chevalier ou l’amant devant courtiser la dame adorée, c’est-à-dire, lui faire la cour en la servant. Même le roi n’entrait dans le lit de la reine que lorsqu’il était invité dans sa chambre somptueuse et lorsqu’il s’y était dûment préparé.

Du raffinement érotique

Pour revenir à notre époque, on peut penser que, contrairement aux apparences, l’homme soumis, loin d’être un handicapé psychique ou un pauvre d’esprit, est au contraire un pionnier, un mutant peut-être, dans son approche des relations entre hommes et femmes, augurant d’une ère nouvelle dans un monde de plus en plus sauvage. Car cette approche rompt avec l’habitude de l’homme de considérer la femme comme une proie à conquérir, une proie qu’on courtise, il est vrai, mais qu’on domine dès qu’elle a cédé aux avances de l’homme. Elle rompt aussi avec la monotonie pornographique sur papier glacé. Car l’amour, la sexualité, l’érotisme requièrent un minimum de mystère pour être 

Peut-on expliquer le phénomène de la soumission volontaire à la femme autrement que par une simple singularité psychologique ou une déviation pour être plus clair ? Y aurait-il éventuellement une raison naturelle à se soumettre au pouvoir féminin ? Bien que cet aspect mériterait un approfondissement, nous nous bornons ici à l’évoquer dans son expression de piste de réflexion, sous risque de paraître superficiel. Un des traits caractéristiques de la féminité est d’être particulièrement sensible à l’admiration, n’en déplaise aux adeptes de la misogynie. Cette admiration à laquelle pratiquement aucun homme ne peut échapper, est focalisée d’instinct sur les valeurs positives que sont la grâce, la beauté, l’esthétique. Aucune femme ne renonce à accentuer et à souligner ces valeurs, ne serait-ce qu’en se servant de son bâton de rouge à lèvres. Or, l’admiration est un sentiment d’émerveillement devant ce qu’on juge supérieurement beau ou grand. L’homme amoureux (ou feignant de l’être pour arriver à ses fins !) se montre toujours attentionné, empressé, serviable, adoptant une attitude soumise vis-à-vis d’un être présumé supérieur, la femme. Tout homme follement amoureux tend à idolâtrer l’objet de son amour. L’admiration implique donc intrinsèquement une forme de subordination, de soumission. 

En quoi se distingue la sexualité ordinaire, celle du plus grand nombre, d’une approche qu’on peut décrire comme étant un érotisme raffiné ? Le mécanisme de la sexualité ordinaire est le suivant : approche de la femme convoitée dans un esprit de chasseur ; souvent recours à un imaginaire pornographique, ainsi qu’à un vocabulaire vulgaire et dévalorisant pour la femme ; recherche de la satisfaction rapide d’un besoin biologique et animal ; passage à l’acte le plus rapidement possible, avec ou sans sentiments ; banalisation progressive de la relation entre les partenaires et chute de la tension amoureuse.

L’adepte d’un érotisme raffiné au contraire s’abstient d’exiger ou de forcer l’accomplissement d’un acte parfois traumatisant, destiné avant tout à assouvir des instincts égoïstes. Il procède tout en douceur, en suggérant, en découvrant, en dévoilant, en explorant, en caressant sans jamais forcer, en cherchant à créer avant tout une ambiance propice à l’éclosion d’un sentiment sublime et à l’accomplissement d’un acte à un moment où les deux partenaires auront atteint un état d’harmonie suprême. De nombreux facteurs contribuent à atteindre cet état : des caresses subtiles, le raffinement d’un maquillage, le crissement d’un tissu sur la peau, les mèches d’une chevelure, les plis d’un vêtement, les fragrances d’un parfum, les harmonies d’une musique, des jeux de rôles  amoureux..

Entre les deux extrêmes, il existe bien entendu des approches intermédiaires, selon l’attitude plus ou moins attentive de chaque homme.

Or, il ne fait pas de doute que l’homme soumis, le chevalier servant, est le mieux préparé parmi les hommes pour savourer l’approche raffinée dont la durée et l’aboutissement ne sont pas prévisibles, car dépendant de l’état de préparation de la femme. Renonçant, du moins momentanément, à une réalisation immédiate, il doit, par la force des choses, cultiver l’art du raffinement érotique. Tout en l’aimant et en la désirant passionnément, il n’imposera à sa princesse aucun geste déplacé, non souhaité par elle. Il dormira à ses pieds, à côté de son lit, voire dans la chambre voisine tant qu’elle ne l’y a pas invité, lui prodiguera des caresses à la mesure de ce qu’elle est prête à accepter, considérant son corps comme un autel auquel il aspire à rendre hommage (voir René Nelli, l’érotique des troubadours). Mais, surtout, son exaltation érotique est permanente et durable, car elle ne se nourrit pas seulement de l’accomplissement momentané d’un acte : elle est alimentée à chaque instant par la fascination et l’autorité que sa partenaire exerce sur lui. C’est pourquoi sa maîtresse a elle aussi intérêt à entretenir la flamme de son chevalier servant, si son dévouement lui convient et lui est agréable. Tout en se servant de lui pour son propre confort, elle lui prodiguera bienveillance et affection et, si elle est sensible à ses assiduités, des encouragements, pour lui indiquer que son parcours n’est pas vain.

La sublimation de la passion amoureuse ne semble pas être une spécificité de la culture occidentale. Pour illustrer notre propos, rappelons cette belle légende qui nous vient d’Afrique. Pour des raisons politiques, une princesse du Rwanda est promise à un prince du Burundi. Le jour de son départ pour le Bµrundi, sur sa route, un jeune homme tombe amoureux d’elle. Elle ignore que c’est le prince héritier du Rwanda.  Le jeune homme languit et se laisse mourir d’amour. Au bout de quelques semaines, un conseiller du roi du Rwanda l’habille en femme et l’amène auprès de la belle pour y passer une nuit d’amour. Le lendemain de la nuit mémorable, le prince rassemble ses guerriers qui l’avaient attendu aux confins du Rwanda. Il livre une bataille au prince du Burundi ; en sort vainqueur et repart ave c la princesse.

Le prince du Burundi se jette dans la poussière et implore la princesse :

– Sache que je t’aime plus que quiconque. Puisque je ne peux pas être ton mari et ton prince, amène-moi comme ton esclave !

La princesse réfléchit puis elle dit :

– Si tu m’aimes tant, prends ton épée et châtre-toi !

Le prince s’exécuta sur le champ.

La princesse l’amena avec lui, se maria avec le prince du Rwanda, devint reine. Elle mourut au bout de trois ans, laissant le roi son mari seul en compagnie de son adorateur. Les deux, à présent amis intimes, ne parvinrent pas à se consoler.

L’homme de respect, le chevalier servant, est parmi les hommes le mieux préparé pour savourer l’approche raffinée dont la durée et l’aboutissement ne sont pas prévisibles, car dépendant de l’état de préparation de la femme courtisée. Renonçant, du moins momentanément, à une réalisation immédiate du désir, il lui incombe, par la force des choses, de cultiver l’art du raffinement érotique. Tout en l’aimant et en la désirant passionnément ; il n’imposera à sa princesse aucun geste intempestif, déplacé, non souhaité par elle. Il dormira le cas échéant à ses pieds, à côté de son lit, voire dans la chambre voisine tant qu’elle ne l’y a pas convié, il lui prodiguera des caresses à la mesure de ce qu’elle est prête à accepter, considérant son corps comme un autel auquel il aspire à rendre hommage. Mais, chose importante, son exaltation érotique est permanente et durable, car elle ne se nourrit pas seulement (ne s’épuise pas dans) de l’accomplissement momentané d’un acte, d’un désir : elle est alimentée à chaque instant par la fascination que sa partenaire exerce sur lui.

C’est pourquoi la dame a elle aussi intérêt à entretenir la flamme de son chevalier servant, si son dévouement lui convient et lui est agréable. Tout en se servant de lui pour son propre confort, elle lui prodiguera bienveillance et affection et, si elle est sensible à ses assiduités, des encouragements pour lui indiquer que son parcours n’est pas vain.

Le pacte gynarchique

Nous avons vu que certains hommes, de plus en plus nombreux ,  présentent la particularité psychologique d’être d’autant plus dévoués   à une femme que celle-ci se montre autoritaire voire dominante. L’autorité féminine déclenche chez ces hommes un désir de se soumettre, associé à un sentiment d’excitation et de bonheur. Il est important de ne pas confondre l’homme soumis avec un masochiste. Ce dernier ne recherche généralement qu’un plaisir égoïste, dans un décor en dehors de la réalité. Sa « maîtresse » est généralement une actrice jouant un rôle selon le scénario établi par lui. Beaucoup de femmes ne comprennent pas qu’un homme veuille se soumettre à leur autorité. Qu’elles sachent que c’est le seul moyen pour elles de ne pas voir fléchir l’ardeur que leur homme leur témoigne. L’homme qui se croit en pays conquis, voit souvent tomber rapidement sa passion, parfois dès le lendemain du mariage ! Même quand cet homme n’est pas soumis par nature, elles auraient tout intérêt à l’y habituer et à l’inciter à perpétuer l’attitude déférente dont il faisait étalage pendant qu’il la courtisait. Lorsque, comme en ce moment, un ami me demande : tu as des nouvelles de la petite princesse ? (pour être précis, il s’agit d’une jeune femme de 24 ans dont il n’est pas du tout  amoureux), c’est  que cette jeune femme l’a impressionné par son autorité naturelle alliée à une certaine grâce. On n’emploie pas une telle expression à propos de n’importe quelle fille. Il est des femmes qui, par leur attitude, donnent l’impression qu’on peut se permettre d’en faire ce qu’ont veut, qui provoquent les gestes agressifs, insolents, méprisants, il en est d’autres au contraire qui savent inspirer le respect, tout en étant coquettes et séduisantes.

Lorsqu’une femme éprouve le même sentiment d’excitation et de bonheur vis-à-vis d’un homme docile, respectueux et déférent, et que les deux partenaires, après une période d’essai, décident de vivre ensemble, ils concluent un pacte dit gynarchique. L’homme soumis s’engage à appartenir à sa partenaire, à lui obéir sans discuter, à la servir avec empressement, à lui vouer une vénération exclusive. La femme dominante, laquelle est désormais sa maîtresse et souveraine, – ou, pour parodier une expression stéréotypée encore couramment employée par certaines femmes parlant de leur conjoint comme de leur « seigneur et maître » – leur « seigneure « et maîtresse, sera désormais le centre de toute son attention. 

Dans le domaine des relations sexuelles, l’homme soumis qui a signé le pacte, n’a aucune prétention à faire valoir, car il doit se préoccuper essentiellement du plaisir de sa maîtresse. Il doit être toujours disponible pour assouvir ses appétits et ses caprices, et cela de la manière la plus zélée. Il aura à coeur de tout faire pour lui plaire et lui être agréable. Il doit se contenter des plaisirs qu’elle veut bien lui accorder, d’autant plus qu’un homme affamé se montre plus empressé qu’un homme repu. Toutefois, sa maîtresse adorée a aussi intérêt a entretenir sa flamme, notamment en explorant et en découvrant les faiblesses de son homme soumis (chaque homme a un point faible qui le rend complètement à la merci d’une femme qui sait s’en servir : cela peut être une pièce d’habillement, un parfum, une mèche de cheveux, une façon de rire, un comportement spécial parfois bizarre).  Sans s’en rendre esclave à son tour et sans le gâter, elle en tiendra parfois compte, quand cela lui chante, pour l’exciter davantage, aux fins de renforcer encore son autorité sur lui.

Dans une telle relation, il est très important que la maîtresse – nous retrouvons ici le sens originel du terme ! – ne confonde pas domination et méchanceté gratuite : il n’y a vraiment aucune raison de mépriser cet homme, cette perle rare qui ne demande qu’à faire ses quatre volontés. Ce serait le signe d’une grande immaturité et une telle femme ne mérite pas mieux qu’un partenaire macho. Une femme qui ne peut respecter qu’un homme roulant les mécaniques doit en tirer les conséquences. L’auteur a fait l’expérience de se laisser dire : toi tu es un vrai homme, parce que tu m’obéis. Quel beau compliment ! Cela lui est arrivé au magasin de chaussures, quand, à genoux et ignorant les autres clientes, il a déchaussé et rechaussé sa maîtresse le temps qu’il fallait pour essayer quelques paires de chaussures. L’autorité féminine s’accompagne normalement de gentillesse et de bienveillance et, pour le moins, de la même affection que l’on témoignerait à son animal préféré. Cela n’empêche pas la maîtresse d’avoir ses moments de colère, d’être injuste envers son adorateur si elle en a envie, et même peut-être de le gifler en public pour se calmer les nerfs.

La femme dominante, tout en se servant de son homme soumis pour son propre confort, s’engage donc par le pacte à lui prodiguer bienveillance et affection. De même que la cavalière veille au bien-être de son cheval, il est dans son propre intérêt de veiller à ce que son homme, qui est maintenant à sa merci, maintienne sa bonne condition physique et sa santé, de même que son efficience professionnelle, s’il n’est pas homme au foyer. Cependant, quand cela est nécessaire, elle sait se montrer rigoureuse et sévère. Elle a le droit de l’éduquer à plus d’obéissance et d’humilité, et, le cas échéant, de lui infliger sans faiblesse les corrections qu’elle jugera nécessaires, tout en respectant son intégrité physique. 

L’homme soumis s’abstiendra de critiquer sa maîtresse, il peut cependant la faire bénéficier de son expérience, en lui proposant humblement ses conseils dans les domaines de sa compétence. Profiter le cas échéant du cerveau et de forces de son ami soumis, ne diminue en rien son autorité, pas plus que si elle utilisait son ordinateur ou si elle dirigeait un éléphant assis sur sa nuque. La maîtresse, tout en prenant les décisions après l’avoir éventuellement consulté, doit s’engager aussi à se montrer responsable et raisonnable dans la conduite de leurs affaires communes pour ne pas mettre leur sécurité matérielle en danger. Elle pratiquera la loyauté et la fidélité autant qu’elle attend ces mêmes vertus de la part de l’homme qui s’est livré et confié à elle. 

La base d’une liaison heureuse entre deux êtres réside dans la possibilité pour chacun d’eux de s’épanouir selon ses tendances et ses aspirations profondes, sans préjugés et sans devoir les réprimer, sous prétexte de conventions sociales ou d’habitudes conformistes. Si deux partenaires parviennent à s’harmoniser sur cette base, ils détiennent le secret d’une vie à deux dans le bonheur, à l’abri de l’affadissement résultant de la routine du quotidien.

Auteur anonyme: Genève (il y a quelques années)

Histoires de couples (fin)

Le seuil

Alexis termine sa journée de travail, il est sur le point de rentrer quand un de ses copains l’appelle pour l’inviter à une sortie entre amis. Il accepte et rejoint le groupe. Il ne téléphone pas pour prévenir Véronique qu’il ne sera pas là ce soir, cela ne lui vient même pas à l’idée, une scène de plus ou de moins, il ne se sent plus concerné par leur relation, il n’a même plus l’impression de faire partie d’un “couple”, il ressent surtout de la lassitude et espère que la séparation ne sera pas trop pénible…


Quand les griefs atteignent un certain seuil, le contrat est rompu en ce sens que le membre du couple qui a franchi cette limite passe dans une perception toute différente de l’autre. Des paroles ou des actes irréparables viennent séparer le présent de l’avant et interdisent tout espoir de renouer une relation: le couple se sépare, et bien que ce soit facilité en regard des moeurs et des lois, le vécu de la rupture renvoie à un sentiment d’échec, une meurtrissure de l’ego…

La rupture est d’autant plus difficile que chaque membre du couple n’a pas le même schéma de seuil. Un décalage entre les deux accroît la souffrance et le ressentiment, celui qui n’a pas atteint le seuil veut croire qu’un retour en arrière reste possible. Celui qui a franchi le seuil se sent désormais étranger à ce qui fut son couple, l’autre lui semble trop prévisible et trop différent de l’âme soeur qu’il avait cru trouver. Un sentiment d’incompréhension et d’abattement s’installe face à l’absence de réponse à la question: “comment en est-on arrivé là?”

Deux possibilités s’offrent alors au couple dont au moins l’un des membres a dépassé le seuil: la rupture, ou le nouveau départ. Cette seconde chance s’appuie sur le deuil de sa quête initiale et sur la capacité de chacun à réaliser une remise en question réaliste. Pour beaucoup de couples, c’est à partir de ce deuil qu’une relation véritablement authentique s’est mise en oeuvre, les tempêtes du seuil ont fait apparaître les valeurs essentielles de chacun, on mis à nu les caractères, ont révélé les facettes sombres de chaque personnalité. Chaque partenaire soudain devenu étranger à son couple peut du même coup bénéficier d’un nouveau potentiel d’intérêt, rendu plus sage par la traversée des chaos, on est capable d’énoncer clairement les règles d’un nouveau contrat, d’autant plus qu’on aura mesuré concrètement les risques du non-dit.

Désormais, on apprend à se contenter de ce que l’autre apporte et l’on cesse de vouloir rendre la réalité conforme à ses illusions, surtout qu’on découvre dans le calme qui suit la tempête combien il est sécurisant de naviguer avec une carte fidèle des courants, des écueils, des havres de paix et des zones à risque qui jalonne l’océan de la vie à deux…

Après la déconstruction

Véronique a décidé de partir, ou plutôt, elle s’est laissé convaincre que la rupture était nécessaire, malgré sa peine, elle a repris ses habitudes, juste un peu amère de temps en temps… Pourtant, quelque part en elle, elle a la certitude qu’elle l’aime encore, qu’elle n’a jamais cessé de l’aimer, elle a beau se dire que c’est absurde…

Plusieurs mois ont passé, Alexis s’est d’abord senti comme soulagé après le départ de Véronique, il a multiplié les rencontres, les sorties, sans jamais parvenir à se sentir pleinement satisfait. Véronique lui manque, et il ose enfin se l’avouer. Le “hasard” va s’en mêler… Un soir ils se croisent en faisant leurs courses, ils échangent quelques banalités, rien de plus, mais décident de se revoir… Ce qui les lie l’un à l’autre a plus de force que ce qui les sépare, au prix de quelques recadrages, Véronique et Alexis forment un couple uni où chacun parvient à s’épanouir.


Tout se passe comme si on se redécouvrait, mais cette fois, on se montre tel qu’on est. On a fait le deuil de l’inaccessible image, on a cessé de jouer un rôle pour s’accepter avec ses qualités et ses défauts, une relation solide peut à présent se construire. La première fois, on avait voulu bâtir un somptueux château, mais le terrain manquait de stabilité, on avait sacrifié les fondations et tout misé sur la décoration. Aujourd’hui, le couple élabore un projet qui lui ressemble, construit à partir de ce que chacun apporte réellement. Il faut aussi redéfinir un véritable contrat de couple, en indiquer clairement les valeurs fondatrices, et spécifier les transgressions qui conduiraient à la rupture. Cela demande du courage et de la détermination, construire une alliance avec l’autre, c’est accepter le risque du dévoilement de soi dans le regard de l’autre comme vis-à-vis de soi. C’est une chose de connaître ses faiblesses, c’en est une autre que d’accepter leur visibilité.

Être deux n’implique ni de renoncer à ses idéaux, ni à son identité mais de les accomplir ensemble.

Pour consulter: Jasmine Saunier

Ces croyances qui bloquent le plaisir

Les représentations mentales

En matière de sexualité, il est un thème que l’on n’aborde presque jamais et qui se révèle pourtant crucial, en particulier chez les femmes : les représentations mentales. La jolie Claire, notre aimable cobaye, se décrit spontanément comme « libre, pas coincée et sans trop de préjugés. » Une jeune femme tout ce qu’il y a de plus normale, menant une vie sexuelle heureuse. Elle en a été d’autant plus surprise lorsqu’elle a découvert qu’elle se connaissait nettement moins bien qu’elle le pensait… Une source de blocages dont elle n’avait aucune conscience.

En tant que femmes modernes vivant au XXIè siècle, nous pouvons nous considérer comme relativement libérées dans notre sexualité, du moins en comparaison avec nos grand-mères. Abreuvées de littérature en tout genre, nous disposons d’un vaste savoir technique sensé faire des merveilles avec les plus sportives d’entre-nous. D’où la croyance bien ancrée que la femme moderne grimpe aux rideaux tous les samedis soirs, excepté les jours de foot (là elle ne grimpe plus mais descend, et ce avec la poubelle remplie de cannettes vides).

Il a fallu attendre quelques-unes des très récentes études sur la sexualité des Français pour découvrir que la plupart d’entre-nous ne s’élevait même pas au dessus de la tête de lit. Culpabilité oblige, nous potassons donc avec une ardeur décuplée les magazines féminins, les sites internet et les réseaux sociaux, afin de découvrir quelle peut bien être la formule magique qui nous échappe…
Pourtant, il faut bien savoir que ce n’est pas dans le gadget ou la technique que l’on parviendra à mieux maîtriser sa sexualité, et c’est précisément pour cela que nous avons souhaité livrer une expérience très révélatrice.

Une Jeune femme branchée et sexuellement « épanouie »

A 22 ans, Claire correspond en tous points à la description qu’elle donne d’elle-même. Étudiante coquette et branchée, elle entame son neuvième mois de relation avec Sébastien, un peu plus âgé qu’elle.  » Notre couple fonctionne bien et nous sommes très épanouis sexuellement. J’ai beaucoup de plaisir à faire l’amour avec lui. » Elle n’a pas d’orgasme :  » Mais souple comme je suis, avec un peu d’entraînement… » 
Or il y a quelques mois, Claire découvre par hasard qu’elle avait une ou deux croyances dont, tout compte fait, elle se serait bien passée. « Ça a commencé le jour où j’ai voulu tester un appareil pour faire travailler le muscle du périnée : j’avait un peu de mal à faire rentrer dans mon vagin les boules que j’était sensée retenir par contraction. » Bizarrement, elle s’est dit qu’il n’y avait peut-être pas la place pour ces petites boules de trois ou quatre centimètres de diamètre. « J’avais peur de toucher quelque chose à l’intérieur et de me faire mal. » Ce qui est un peu paradoxal si l’on considère que pour Sébastien, il y a toute la place qu’il faut. 
L’histoire des boules en plastique rose l’ayant un peu amusé, elle en parle plus tard à sa gynécologue; laquelle trouve cela assez curieux. « Elle m’a dit que mon vagin n’était pas si fragile, et m’a demandé si j’y avais déjà mis les doigts pour le connaître bien. J’ai dit oui parce que je sais très bien comment je suis faite « .

Qui cependant a « horreur » de son vagin

En réalité, il se trouve que non! Claire ne savait pas si bien que cela ce qu’il y avait là-dedans. Parce que lorsque sa gynécologue lui demande de décrire la forme de son vagin, sans s’appuyer sur les schémas que nous avons tous en tête, elle ne peut sortir qu’une réponse très évasive. «  J’ai du faire allusion à une espèce de tube avec un truc mou au bout…« . Pas très fière de sa réponse, et pour ne pas rester bête, elle tente une exploration rentrée chez elle.  » …et ça m’a fait un peu mal, je sentais que ça résistait. C’est comme quand il faut mettre un tampon : j’ai horreur du contact de mon vagin avec mes doigts « . 
Contrairement à ce qu’elle croyait, il n’est pas normal du tout d’avoir ce genre de phénomène de répulsion, assorti d’une petite contraction, signe qu’elle ne savait pas franchement où elle mettait les doigts.

Au final il s’est avéré que notre charmante Claire, un peu inquiète mais soulagée de ne pas avoir de  » truc mou qui s’ouvre sur un espace indéfini« , avait une représentation plus que brumeuse du haut de son vagin. Qu’y a-t-il au dessus du truc mou ? L’utérus certainement, mais d’après les schémas et pas selon son expérience. Parce que, après réflexion, elle a finalement compris qu’elle avait très peur de toucher le dit organe. «  J’ai réalisé que j’avais des représentations qui dataient d’une classe de bio en 4ème. Je croyais que l’utérus était un organe d’assez grande taille et très sensible. Je me souviens avoir adopté à ce moment là l’image d’une éponge pour décrire mes règles. Au final je me représentais un phénomène assez violent d’un organe ultra sensible, l’utérus, qui se presse jusqu’à détruire une partie interne de lui-même « .

De là l’élaboration de constructions mentales erronées du vagin, mal connu, débouchant sur l’utérus, organe blessé et vulnérable, qui fait mal par définition. On comprend pourquoi notre Claire n’aimait pas trop y mettre les doigts. Depuis cette épisode, et maintenant qu’elle a une connaissance d’elle-même digne d’une gynécologue, le problème ne se pose plus. Elle sait qu’elle ne risque pas de se faire mal et trouve encore plus de plaisir à faire l’amour.

La véritable clé du plaisir féminin

Ce qui est vrai pour la douleur l’est aussi pour le plaisir. Les représentations mentales qui transforment le sexe féminin en une zone très sensible, ou susceptible de faire mal, créent une douleur ou une gêne, dans tous les cas un blocage. Le plaisir féminin est en grande partie psychologique, et dépend beaucoup de la façon dont une femme se connaît et se perçoit. En l’occurrence, il est nécessaire de savoir d’où vient précisément son propre plaisir pour être capable de l’augmenter.

Il faut donc construire une image de son sexe comme une zone ouverte et agréable, source de plaisir.

Cela paraît logique, mais comme a pu le constater notre adorable cobaye, ça ne va pas de soi. Claire, qui n’avait «  aucun problème sexuel  » a expérimenté malgré elle l’influence de ses représentations mentales, qui lui paraissaient banales, sur ses sensations, sur la douleur et le plaisir de faire l’amour.

Malgré tout, la jeune femme a eu de la chance car elle aurait pu développer des problèmes plus graves. Une méconnaissance de soi peut conduire, par exemple, à un vaginisme, une contraction qui rend la pénétration douloureuse, voir impossible. Rien de plus qu’un mécanisme de défense.


Ainsi avons-nous presque toutes, à des degrés divers, des représentations plus ou moins erronées. Elles nous viennent parfois de notre éducation, de croyances ou de lectures, elles sont parfois conscientes, mais le plus souvent pas.

Le plaisir féminin se situe alors à un tout autre niveau, dans le mental plus que dans la technique. Dès lors il n’est plus question de nouveaux gadgets à acquérir, mais bien de tout reprendre depuis le début par un indispensable bilan de ses connaissances et de ses croyances :  » Comment est-ce que je perçois mon sexe ? « . Si ce n’est pas lencore la ligne droite vers un plaisir délirant (ce serait trop facile, non ?), du moins on est une bonne voie !

Sofia Hudic

Faire l’amour à Trois.

Un fantasme très fréquent et souvent assumé, comme le montrent ces témoignages.

Alexandre, 45 ans, témoigne:

« Bénédicte et moi sommes mariés depuis 20 ans, et nous sommes très heureux… En amour, nous faisons souvent appel à des fantasmes, cela nous excite terriblement. Il y a quelques mois, nous avons accueilli un étudiant à la maison, jeune homme sérieux et solitaire. Peu après, en faisant l’amour, j’ai pensé que notre fantasme était sous notre toit. Cette pensée nous a fait un effet terrible, la nuit a été très chaude. Notre invité n’est pas très beau mais il a un joli corps, et un regard très doux. Le lendemain soir je lui ai proposé de s’occuper de Bénédicte; il était insatiable pour la plus grande joie de Bénédicte. Je n’éprouvais aucune gêne, aucune jalousie, mon désir n’a fait que grandir et Bénédicte n’a pas beaucoup dormi ce soir là. Depuis, elle s’occupe beaucoup de notre protégé, nous avons fait les tests de dépistages et depuis nous veillons à sa «fidélité», il couche avec Bénédicte, mais il n’a pas le droit de regarder les filles! Notre trio se porte bien et j’ai le sentiment que notre complicité de couple se renforce…

Le triolisme fait partie des fantasmes les plus appréciés et les plus souvent cités…

L’expérience d’Alexandre et Bénédicte n’est pas aussi exceptionnelle qu’on pourrait le croire, souvent, c’est une affaire de circonstances.

Daniel raconte «Gilles, mon meilleur copain m’a avoué un jour qu’il était terriblement excité par ma compagne Marie, il était un peu gêné, mais ça m’excitait beaucoup d’entendre cette confidence…»

Si la découverte est positive, chacun y trouve son compte comme l’explique Elodie:

« Au départ, j’ai craqué pour Paul, un copain de mon mari, j’ai pensé que c’était un incident de parcours, mais finalement, nous en avons parlé tous les trois et cela nous a donné des idées… Cela fait six ans maintenant que suis aimée de deux hommes et je me sens pleinement heureuse, et notre ambiance de couple est vraiment top.»

Un stimulant puissant

Les hommes qui nous ont confié leurs expérience de triolisme avec un autre homme disent unanimement qu’ils y ont trouvé une très forte excitation et qu’ils étaient enchantés de donner encore plus de plaisir à leur compagne par partenaire interposé. Les femmes aimées de deux hommes ne s’en plaignent pas, leur désir les fait se sentir encore plus désirable, la gratification narcissique et sensuelle est au rendez-vous, et la mise en danger, même contrôlée du couple strictement conventionnel tend à renforcer la complicité. Evidemment, pour que tout aille bien, il faut que le couple ait la conviction de bien contrôler les choses…

Mais l’imprévu est souvent au rendez-vous

Jonas quant à lui découvre des aspects jusque là inconnus de sa copine:

«On a fait une soirée chez des amis, on dansait, c’était chaud, et puis, comme ça, les filles en sont venues à s’embrasser, se caresser, se déshabiller. Ma copine, d’habitude plutôt timide voire même un peu coincée se comportait comme une vraie experte! La femme de mon copain prenait son pied avec elle… J’éprouvais un sentiment d’abandon, ma femme que je croyais si bien connaître m’échappait complètement, du coup ça m’a remis la pendule à l’heure…»

L’option « bi »

D’autres couples choisissent l’option «bi». Harold raconte:

« avec ma copine, on pratique le triolisme depuis plusieurs années, on a d’abord pratiqué avec des hommes, puis des femmes, mais aujourd’hui nous préférons les hommes bisexuels, ce qui ouvre d’autres possibilités…»

Le triolisme reste souvent inassouvi, la simple évocation d’une scène érotique, murmurée à l’oreille de l’autre suffit à attiser le désir. Mais qu’il soit réel ou virtuel, plus la «prise de risque» du couple est voulue et contrôlée, plus l’expérience a de chances d’apporter à chacun l’excitation et le plaisir recherchés. On comprend facilement que le bénéfice de la femme peut être illusoire en dépit des apparences, la mise en scène demeure orchestrée par le désir de l’homme… Il reste que le plaisir de faire plaisir fait sans doute partie du plaisir…

L’Ejaculation prématurée: un drame de la virilité?

Le drame de Jean-Jacques, c’est la durée: il trouve  que ses rapports sexuels sont bien souvent trop courts. De temps en temps les choses durent un peu, quand il arrive à « remettre le couvert » ou lorsqu’il a eu des rapports réguliers les jours précédents. Il a aussi remarqué qu’une coupette de champagne améliorait beaucoup les choses… « Mais bon, je ne vais quand même pas devenir alcoolique?? » Non, heureusement! Comme c’est souvent le cas, son éjaculation prématurée n’était pas récente: elle avait même, en fait toujours existé. Simplement il s’en préoccupait beaucoup moins, puisqu’il n’avait que des aventures passagères. Il s’est même demandé même si « les films pornos n’ont pas aggravé les choses« . Je lui ai répondu que c’était probablement le cas. Si une brièveté du frein, parfois un peu douloureuse, ou un phimosis sont des facteurs aggravants, ils n’en sont pas responsables.

En regardant dans mon fichier de patients, à la requête « éjaculation prématurée », je vois – mais je m’en doutais un peu – environ 3000 patients sur 14 000 fiches. L’âge? Les plus jeunes ont moins de 20 ans et les plus vieux dépassent les 50, avec une majorité à la trentaine.

Avant d’expliquer COMMENT MAÎTRISER SON ÉJACULATION, il est bon d’approfondir ses connaissances.

Dr Patrice Cudicio

Les mystères de l’orgasme dévoilés!

Le terme d’orgasme qui évoque l’acmé du plaisir sexuel qu’il soit masculin ou féminin, est essentiellement un phénomène cérébral, tout à fait comparable à une crise comitiale (crise d’épilepsie) mais qui ne concerne que certaines zones très spécifiques du cerveau. Nous retrouvons en effet trois temps dans l’orgasme comme dans les crises d’épilepsie: 

Les différentes phases

– une première phase de tensions pré-orgasmique, le corps se tend

– une phase orgasmique de contractions, le corps et surtout le sexe en sont. parcourus, c’est l’éjaculation de l’homme

– une phase de résolution, c’est la détente, le bien être, la récupération.

Les neurologues savent très bien déclencher une crise d’épilepsie  chez les sujets sensibles en utilisant un stimulus répétitif comme un stroboscope.  Une crise comitiale correspond sur le plan électrique à une dépolarisation brutale d’un certain nombre de neurones cérébraux. Plus grand est le nombre, plus la crise est importante. Il existe ainsi des crises partielles.

En ce qui concerne le sexe, c’est  un peu la même chose: une stimulation répétée du clitoris avec la main ou un sextoy peut provoquer un orgasme.

Mais les choses ne sont pas si simples…

En effet si certaines zones du corps sont naturellement prédisposées pour provoquer un orgasme comme le clitoris et surtout le gland du pénis, afin d’assurer par l’éjaculation la survie de l’espèce! C’est l’érotisation c’est à dire l’investissement  sensoriel, émotionnel et affectif qui va jouer le plus grand rôle. Il est capable d’associer d’autres parties du corps dans cette réaction de jouissance. Ainsi, le vagin, l’utérus, l’anus, la poitrine, la bouche peuvent devenir de véritables instruments de plaisir, de jouissance, voire d’orgasme.

Le rôle du cerveau

Il faut bien comprendre que si leur stimulation est le plus souvent nécessaire, tout va se jouer néanmoins au niveau du cerveau. C’est leur érotisation qui va être déterminante, c’est à dire la projection et l’érotisation  de la zone concernée au niveau du cerveau. Chez l’homme, tous les stimuli se font essentiellement au niveau de la verge et du gland; ils sont concentrés au même endroit. Il est donc relativement facile d’atteindre le seuil de déclenchement nécessaire à la réaction orgasmique. Chez la femme, le clitoris fonctionne un peu de la même façon sauf que chez elle, le mécanisme d’érotisation est plus diffus et implique plus de parties du corps ainsi que l’affectivité. D’où une plus grande difficulté à arriver au seuil nécessaire. Par contre, s’il est atteint, s’y associeront souvent, mais pas toujours d’autres parties du corps érotisées d’où un orgasme plus intense. Un plus grand nombre de neurones cérébraux est impliqué.

On comprend mieux que nos «mécaniciens» du sexe qui raisonnent en termes de stimulus-réponse polémiquent sur l’existence ou non du point G, de l’orgasme clitoridien ou vaginal. L’orgasme est une réaction physique qui repose sur des mécanismes psychiques. La variabilité des points de départs et l’intensité de l’orgasme sont tout à fait réelles. Leur interprétation ne peut se faire que sous l’angle de la psychosomatique.

Des orgasmes ont pu être décrits au cours des rêves. Il a même été possible de déclencher un orgasme à l’aide de l’hypnose dans un contexte expérimental avec des sujets volontaires.

Une intensité variable

Plus il y a de parties du corps concernées érotisées, plus l’orgasme pourra être intense et envahissant. Ce qui nous permet d’affirmer que si l’orgasme féminin est moins «facile» que celui de l’homme, il est le plus souvent plus intense, permettant parfois le phénomène décrit de « petite mort », tout à fait comparable, mais dans une moindre mesure à une crise d’épilepsie.

L’érotisation

Elle est difficile à définir: il s’agit d’attribuer une valeur sensorielle, émotionnelle et affective à une zone corporelle. Dans notre société occidentale à la bouche est devenu un organe  à caractère sexuel. C’est le baiser profond, le french kiss dans tout ce qu’il représente pour nous. Dans d’autres sociétés, il est considéré comme répugnant et sale. Les parties du corps érotisées sont très variables. Le contexte socio-culturel et temporel y jouent un très grand rôle. Aujourd’hui, les réseaux sociaux nous montre une érotisation importante de la poitrine et des fesses. Ce n’était pas de cas dans les années 70.

Une conclusion? Un espoir?

Comprendre l’orgasme exige une compréhension étendue des réalités humaines, les approches purement mécaniques ne rendent compte que d’une menue partielle de l’expérience vécue... Mais ce n’est pas toujours simple, il est parfois nécessaire d’être aidé par un sexothérapeute compétent!

Désir et Plaisir de la Femme, les étapes vers une réjouissante révolution

La tenture de la Dame à la Licorne intitulée «à mon seul désir» fut découverte en 1841 par Prosper Mérimée dans le château de Boussac, alors sous-préfecture de la Creuse. C’est l’écrivain George Sand qui la fit connaître et entrer dans la légende. Edmond Du Sommerard fit l’acquisition de cette tapisserie, et en précisa l’origine (fin du 15ème siècle). Six pièces composent l’ensemble, cinq d’entre elles illustrent chacun des sens. La sixième « A mon seul désir » se distingue des autres. Des animaux fabuleux, lion et licorne, portent des armoiries, qui ont permis d’identifier le commanditaire Jean Le Viste, puissant personnage proche du roi Charles VII. Des animaux familiers, lapin, oiseaux, singe, habitent les fonds des tapisseries et créent un univers de rêve. Les symboles de l’amour et de l’érotisme foisonnent.

Ces thèmes ô combien ressassés n’offrent plus guère de surprises, piégés dans un discours «sexologiquement correct», composé original d’angélisme, de pruderie (et oui !) , teinté de quelque jargon psy pour agrémenter le tout, et placé sous l’aile largement complaisante de la science. Une avalanche de recettes toutes plus miraculeuses les unes que les autres, nous promettent le septième ciel en un temps record, et gare aux récalcitrantes, aux réfractaires à l’orgasme, on aura tôt fait de les classer irrécupérables et de leur conseiller avec une bonne dose de commisération méprisante de confier leurs troubles à un « psy. »

Et si on avait tout faux ? Et si on n’avait rien mais alors rien compris au plaisir féminin et encore moins à son désir…

Dans notre dossier, nous allons d’abord rappeler les bases qu’on a tendance à oublier, puis cheminer à travers différents contextes, anatomie, physiologie, mais aussi mode de pensée, langage, représentation, au passage, nous en profiterons pour tordre le cou à quelques idées toutes faites… Un fois compris le mécanisme psychologique initial, les quelques barrières qui subsistent ne résisteront pas longtemps face à la nouvelle énergie d’un désir tout neuf et prêt à conduire vers la plus totale jouissance.

Nous allons donc aborder ces différents sujets (suivre les liens)

Les différents niveaux de la sexualité

Le plaisir et le désir

Le désir fusionnel et le mythe de l’androgyne

La pensée analogique

Savoir ne suffit pas!

Sexualité et biologie

Un sujet qui fâche: le point G

Les entraves au désir

La thérapie 

Eros et Psyché, une histoire où l’amour triomphe

Ou comment le Mythe indique les chemins de l’extase.

Les histoires d’amour qui hantent les romans depuis des siècles, prennent leurs sources dans les récits mythiques. Aphrodite, Déesse de l’amour, y joue un rôle plus ou moins direct, toujours passionnel, mettant l’accent sur son exigence de pouvoir sur les cœurs et les désirs.
Les mythes présentent aussi des thèmes fantasmatiques intemporels. Enlèvement, rapt, amour les yeux bandés,vulnérabilité de l’amant ou de l’amante, dangerosité de la femme, transgression de l’interdit, tout est déjà là, prêt à franchir allègrement les siècles…
Psyché, qui signifie « âme » en grec ancien, est représentée sous les traits d’une ravissante jeune fille munie d’ailes de papillon, un peu à la manière dont on représente les fées dans les contes anglo-saxons. Voici son histoire, d’après le poète Latin Apulée (Métamorphoses IV).

Eros et Psyché par Batoni

 » Il était une fois un roi, père de trois filles, dont la cadette, Psyché, était d’une si parfaite beauté que les habitants du pays en négligeaient le culte d’Aphrodite pour venir l’adorer. Offensée, la déesse décide de punir la jeune fille, et envoie Eros, son fils, avec pour mission de lui inspirer une passion pour l’être le plus monstrueux qu’il trouverait. Mais les choses ne se passent pas comme prévu, Eros tombe éperdument amoureux de la belle princesse et désobéit à sa cruelle maman. Toutefois, il redoute, non sans raison la fureur d’Aphrodite, et, pour la ménager convainc Apollon d’envoyer un oracle au père de Psyché afin qu’il l’abandonne sur un rocher isolé, dans sa tenue funéraire qui n’est autre que sa robe de mariée.« 

L’enlèvement de psyché par William Bouguereau

Psyché, toute vêtue de noir, attend, soumise et résignée d’être emportée par un monstre. Mais, ce n’est que l’innocent Zéphyr qui l’enlève et la transporte sur son souffle léger jusqu’en un mystérieux palais magique dont elle est la seule habitante. La nuit, Eros, son amant ayant pris forme humaine, la rejoint… Il lui fait promettre de ne pas chercher à le voir, ni à savoir qui il est, si elle rompt cette promesse, l’enfant qu’elle porte ne sera qu’un être mortel alors qu’elle peut donner le jour à un véritable dieu immortel.

Psyché s’ennuie un peu et implore son amant de lui permettre d’aller voir ses deux sœurs, il accepte de les faire venir au palais, mais exige à nouveau la totale discrétion de Psyché. Cependant, ses sœurs, malades de jalousie devant les richesses du palais et le bonheur de leur cadette, la persuadent qu’elle est en danger et que son amant est en fait un horrible monstre qui va tôt ou tard la dévorer…Elle et l’enfant qu’elle porte. La pauvre Psyché, folle d’angoisse va rompre sa promesse… Munie d’une lampe à huile et d’un poignard, elle attend que son amant soit endormi et le regarde. Elle s’émerveille de sa beauté, mais, maladroitement le blesse en faisant tomber sur sa peau une goutte d’huile brûlante de la lampe. La douleur éveille Eros qui s’enfuit, le palais magique disparaît à son tout. Les sœurs de Psyché, persuadées que le beau fugitif va se tourner vers elles, se jettent l’une après l’autre du haut du rocher, mais périssent écrasées, nul Zéphyr ne les sauve.

Psyché décide coûte que coûte de retrouver son amant, et part à sa recherche, mais elle ne rencontre qu’hostilité et finit par arriver chez Aphrodite qui l’accueille pour en faire son esclave et l’accabler de tourments. C’est ainsi qu’elle lui demande d’effectuer quatre tâches réputées impossibles, pourtant, chaque fois Psyché réussira.

La vengeance d’Aphrodite

Aphrodite répand sept sortes différentes de graines dans une pièce et ordonne à Psyché de les trier avant la tombée de la nuit. Une colonne de fourmis viendra l’aider. Elle exige ensuite que Psyché lui apporte un écheveau de la laine de moutons dorés réputés mangeurs d’hommes. Un roseau lui apprendra comment obtenir la laine des moutons endormis. Psyché devra ensuite remplir une jarre de l’eau du Styx, dans les montagnes d’Arcadie. Mais elle est terrifiée par les précipices, mais un aigle, qui a une dette envers Eros, ira chercher l’eau. Aphrodite exige enfin que son esclave aille chercher un flacon d’onguent chez Perséphone, la déesse des Enfers. Cette fois Psyché se désespère et elle tente de mettre fin à sa vie en se jetant du haut d’une tour. Sa détresse émeut les vieilles pierres et, la tour, prenant une voix humaine lui donne, des instructions pour surmonter l’épreuve.

«Arrête-toi, pauvre petite. Pourquoi veux-tu te détruire ? Si tu meurs, tu ne pourras plus jamais revenir dans le monde. Marche toujours vers l’Ouest jusqu’à ce que tu atteignes une. grotte cachée dans des rochers noirs. Entres-y et traverse le sombre couloir qui mène aux Enfers. Mais tu ne dois pas partir les mains vides : prends avec toi deux gâteaux au miel et mets deux petites pièces d’argent dans ta bouche. Sur ta route, ne parle à personne. Jette un gâteau à Cerbère, le chien à trois têtes, et il te laissera passer. Lorsque tu auras atteint les bords du Styx, laisse Charon lui-même prendre une pièce de monnaie dans ta bouche. Le cadavre d’un vieil homme flottera sur l’eau et te suppliera, les bras tendus, de le faire monter dans ta barque. Ne fais pas attention à lui. N’aide personne sur ton chemin, tu pourrais ainsi perdre ton gâteau et plus jamais tu ne reverrais la lumière du jour. Quand Perséphone aura rempli la boîte avec la pommade, ne l’ouvre pas. Rapporte-la fermée à Aphrodite. Au retour, offre une autre pièce à Charon et jette le deuxième gâteau au chien à trois têtes. Si tu suis très scrupuleusement tous mes conseils, ta mission sera couronnée de succès. »

Le baiser d’Eros et Psyché par Canova

Dans le même temps, Eros qui regrette sa femme, s’approche du trône de Zeus et avoue qu’il a désobéi à sa mère. Il obtient la permission d’épouser Psyché. Mais cette dernière, vaincue une fois encore par sa curiosité, ne peut résister au désir d’ouvrir le flacon malgré l’interdiction de la tour. Le flacon ne contient pas de baume mais un sommeil mortel qui envahit l’imprudente, et c’est ainsi qu’Eros la retrouve. Le jeune Dieu la ramène à la vie en la frappant d’une flèche, puis il s’empresse de rentrer au palais pour tenter de convaincre sa mère de pardonner. 
Il faudra cependant l’intervention directe de Zeus pour qu’Aphrodite consente à oublier sa colère. Psyché est conduite jusqu’à la demeure des Dieux sur l’olympe ou Zeus lui offre un coupe d’ambroisie qui la rendra à son tour immortelle. L’enfant d’Eros et Psyché est une fille qui reçoit le nom de Volupté… »

Lire le mythe entre les lignes

Psyché reçoit le premier baiser de l’Amour, François Gérard 1798

Chaque détour de l’aventure de Psyché révèle des métaphores qui renvoient à une certaine vision du monde réel et imaginaire. Par exemple, l’acharnement de l’héroïne à vouloir retrouver son amour, et la récompense de ses efforts, évoque l’immortalité de l’âme qui triomphe des épreuves que ses erreurs ont engendré. La curiosité de Psyché la pousse sans arrêt à commettre des fautes qui, paradoxalement, vont lui permettre d’affronter sans cesse de nouvelles épreuves, jusqu’à atteindre la « perfection »…Le personnage de Psyché est une incarnation de l’âme avec ses élans, ses contradictions, ses secrets…La Psychologie se donne pour ambition d’explorer cet univers…

L’insatiable curiosité de Psyché est aussi une métaphore du désir amoureux sans cesse en éveil qui conduit à prendre des risques…
De nombreux détails évoquent quant à eux, un lien puissant entre « aimer » et « s’abandonner aveuglément au plaisir » pour atteindre le « bonheur ». Psyché, au début de son aventure est livrée à un « monstre », elle accepte son destin et se trouve alors transportée jusqu’en un séjour paradisiaque. On peut comprendre ce récit comme une métaphore de l’accession au plaisir : s’abandonner, se laisser aller, pour mieux s’envoler vers le « 7ème ciel ! ». Un peu plus tard, elle doit accepter de s’abandonner « aveuglément » à son amant, faire confiance à ses sensations et non à ses savoirs, pour que la magie de l’amour perdure.
Lire les aventures amoureuses de la mythologie conduit le lecteur curieux à travers les chemins de traverse . C’est un retour aux sources des fantasmes qui hantent depuis lors l’imaginaire érotique
.

Le couple et sa sexualité

La dissociation entre l’acte sexuel et la procréation rendue possible grâce à la contraception orale a donné à la sexologie actuelle ses raisons d’être, ses moyens et ses thérapies. La femme maîtrise désormais sa fécondité et peut faire valoir ses attentes sexuelles, à l’homme de faire ses preuves de partenaire compétent. Si l’équipement bio-physiologique masculin montre toute son efficacité dans la reproduction (érection facile, éjaculation rapide, phase réfractaire courte chez l’homme jeune), cela ne suffit pas. La médecine sexuelle vient donc prendre le relai et apporte des solutions médicamenteuses à ce que la sexologie pionnière a désigné en tant que troubles: éjaculation prématurée, dysérection. Cette nouvelle discipline chercher aujourd’hui à traiter les dysfonctions sexuelles féminines comme celles des hommes, ce qui montre une profonde méconnaissance de celles-ci.

Une misère sexuelle!

Cette approche s’intéresse aux aspects pulsionnels qui caractérisent la sexualité de l’homme jeune, et fait l’impasse sur la dimension relationnelle, primordiale pourtant de la sexualité féminine. Ainsi, la misère sexuelle de nombreux couples provient d’une méconnaissance, d’une incompréhension de soi, aggravées par la représentation erronée que donne la presse féminine et les autres média de la sexualité sans parler de la pornographie. D’une part cette lecture tend à faire porter la responsabilité érotique à la femme, d’autre part, elle met en exergue un modèle masturbatoire de la sexualité. L’acte sexuel y devient une sorte de masturbation un peu améliorée où l’autre ne joue au final qu’un rôle d’objet assujetti à l’accomplissement d’une performance. Ces recettes ne sont d’aucune efficacité pour avoir une sexualité épanouie. Il faut donc apprendre à connaître, comprendre, se représenter et jouer de son sexe, organe de communication capable de transmettre sensations, émotions, et sentiments.

C’est évidemment moins simple que d’avaler une potion magique ou d’appliquer une de ces merveilleuses recettes qui font florés sur les réseaux sociaux…

La métaphore

Le sexe féminin (c’est aussi valable pour le masculin) doit être comparé à un instrument de musique. Il est complexe et doit être connu dans ses moindres détails. Puis il faut apprendre à s’en servir, à en jouer seul, à écouter avec attention sa musicalité. Enfin il faut s’accorder avec l’autre instrument, choisir une musique et se laisser emporter par ses émotions, ses sentiments. La perfection, l’extase sont atteintes lorsqu’on oublie l’instrument

C’est tout un apprentissage

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