Sport et dangers sexuels

Bientôt les jeux olympiques de Paris!

On ne manquera pas de parler du dopage, ni de montrer du doigt les coupables. Au chapitre des dangers qui menacent les athlètes, il faudra aussi évoquer un mal plus pernicieux, qui se fait jour de plus en plus avec le mouvement MeToo et qui doit nous interpeller: les abus sexuels en milieu sportif.

Le CIO a publié, il y a déjà quelques temps une déclaration de consensus inspirée des travaux de la sociologue britannique Celia Brackenridge afin d’examiner avec minutie tous les comportements d’abus sexuel et de préconiser des moyens de protection des athlètes.

a woman sitting on the clay court while holding a tennis racket
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Le culte de la performance met les athlètes à la merci de tous les abus de pouvoir d’un entourage surtout intéressé par les gains d’un futur champion. Les sportifs sont quasiment prêts à tous les sacrifices dans l’espoir d’obtenir une récompense, et l’entourage des sportifs prêt à tout pour les conduire à la victoire. Quelques affaires dans le milieu du tennis, de la natation et même du foot aux USA sont venus confirmer ces risques!

Harcèlement et abus sexuels font partie de ce tableau de domination.

Le CIO définit le harcèlement en ces termes: ”Par harcèlement sexuel on entend tout comportement verbal, non verbal ou physique à connotation sexuelle envers une personne ou un groupe de personnes, qu’il soit intentionnel ou non, légal ou illégal, reposant sur un abus de pouvoir et de confiance et considéré par la victime ou un témoin comme non voulu ou contraint.” Quant aux abus, il s’agit d’activité sexuelle sans consentement qu’elle qu’en soit la raison.

Aucune discipline sportive n’est épargnée par ces dangers; ils sont plus fréquents toutefois à très haut niveau. Si on en juge d’après les spécialistes du CIO, les situations à risque sont très nombreuses: vestiaires, terrains de jeu, voyages, logement ou véhicule de l’entraîneur, ainsi que les réceptions et autres galas, surtout si des boissons alcoolisées sont servies… L’accent est mis sur les bizutages ou rites d’initiation de nouveaux venus dans l’équipe car des pratiques sexuelles brutales ne sont pas rares.

Une vulnérabilité accrue

Non content d’affronter les tourments du stress, d’endurer les souffrances de l’entraînement intensif, l’athlète est souvent soumis à des comportements sexistes, allant de la discrimination sexuelle, à l’insulte pour aboutir souvent à des relations sexuelles imposées.

Les sportifs et surtout les sportives sont d’autant plus vulnérables qu’ils manquent de maturité, et ne peuvent pas compter sur un adulte de référence qui garde la tête froide et voit d’abord, l’enfant, l’adolescent avant le champion. Une étude sous la direction du Pr Brackenbridge montre l’existence d’un stade de vulnérabilité accrue aux abus sexuels. L’âge, le développement physique, le degré de maturité sexuelle sont pris en compte, mais aussi le niveau sportif. Plus on se rapproche de l’élite et plus le risque s’accroît. L’entraîneur exerce une influence considérable sur les jeunes athlètes que les enjeux de la compétition placent en situation de dépendance et de soumission.

Surveillance de la sexualité des sportifs

L’encadrement de la sexualité des sportifs est une pratique largement admise bien qu’il viole l’intimité et la pudeur des intéressés. Après tout, ce que les gens font de leur sexe, n’est pas l’affaire de l’entraîneur, il s’agit de la vie privée. Mais là, bizarrement, personne ne bronche…

Abstinence, réglementation , tolérance zéro

Deux camps s’opposent, d’une part ceux qui estiment que l’abstinence sexuelle favorise la performance sportive, et de l’autre ceux qui pensent le contraire… Dans le premier cas, l’abstinence pour les hommes épargne leur précieuse énergie, et est censée les rendre plus agressifs. Dans son ouvrage “L’harmonie des plaisirs” Alain Corbin explique que depuis la plus lointaine antiquité, le sperme est considéré comme une substance dont l’épanchement entraîne faiblesse et langueur, et que cette croyance, pourtant fausse perdure aujourd’hui… La menace de voir s’échapper la vigueur a conduit à des pratiques mutilantes comme l’infibulation du prépuce pour interdire toute pratique sexuelle, et surtout la masturbation. Soyons rassuré, cela ne se fait plus depuis… Le début du XXe siècle.

Dans le camp d’en face, on estime que l’activité sexuelle et le sport, loin d’être ennemis jouent plutôt en faveur des performances car le plaisir est un anti-stress naturel, et l’on sait à quel point les athlètes sont sous pression. Il reste que c’est souvent l’entraîneur qui décide quand ses “protégés” ont le droit de faire l’amour. En Italie, les joueurs de football de la Sampdoria étaient autorisés à avoir des relations sexuelles seulement trois fois par semaine… et les jours indiqués par l’entraîneur…

Aucune conséquence

Bien qu’il soit établi que l’activité sexuelle n’a pas de conséquence directe sur la performance sportive, cela n’empêche pas de vouloir la contrôler, faute sans doute de pouvoir en faire autant avec les résultats de la compétition… Quant aux athlètes dopés aux “engrais musculaires” c’est à dire à la Testostérone leur appétit sexuel augmente ainsi que leur tendance à la violence.

La pratique du sport, présentée comme une vertu, pourrait bien avoir des effets plus que douteux sur la santé psychologique et physique des athlètes. Soyons clair, une vie amoureuse satisfaisante ne nuit en rien aux performances sportives. Évitons de comparer cela avec des pratiques sexuelles devenues courantes: consommation, prédation, domination.

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Auteur/autrice : Patrice Cudicio

Médecin

Sexualités: Le Magazine de toutes les sexualités

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