Comme nous avons pu l’évoquer dans le post, il semble exister chez la femme plusieurs types d’orgasme du moins en ce qui concerne la zone sexuelle le déclenchant: orgasme clitoridien, orgasme vaginal superficiel (il s’agit d’un orgasme clitoridien survenant lors de la pénétration) et un orgasme vaginal profond.
Une étude récente (1) portant sur 1000 femmes tchèques vient confirmer cette hypothèse. Elle montre qu’il peut exister chez la femme un orgasme vaginal différent de l’orgasme clitoridien ne survenant qu’au cours de la pénétration: 37% des femmes interrogées le ressente dans plus de la moitié des rapports sexuels, par contre 22% ne l’ont jamais connu et 30% dans moins d’1/4 des cas.
Il a été mis en évidence, dans cette enquête que l’obtention de cet orgasme vaginal ne puisse être obtenu qu’à certaines conditions: d’abord un investissement le l’espace vaginal, c-a-d que celui-ci ne soit plus perçu comme une sorte de vacuité pénétrée, mais comme un véritable «instrument» d’échange sur lequel la femme puisse focaliser son attention dans une perspective où elle devient mentalement active. Ensuite la durée moyenne de pénétration nécessaire est de l’ordre de 13 mn avec un temps de préliminaires d’au moins 14 mn. Enfin, la plus part de ces femmes interrogées ont avoué que cet orgasme était plus facile à obtenir avec les pénis de taille moyenne ou plus long qu’avec les plus courts.
L’article en question conclut que les femmes qui connaissent cet orgasme semblent être globalement et non uniquement sexuellement plus épanouie.
Il est intéressant de constater que la médecine sexuelle très influencée par des concepts nord-américain conteste cet orgasme vaginal bien que de nombreuses femmes sont tout à fait capable de le décrire et de le différencier du clitoridien. Pour un certain nombre d’auteurs dont de nombreux français l’orgasme vaginal ne serait qu’un orgasme clitoridien provoqué par la stimulation des branches internes du clitoris lors de la pénétration. Si cet orgasme vaginal que je qualifierai de superficiel afin de le distinguer du profond peut exister, et être évoqué par certaines femmes, il est décrit comme comparable en ce qui concerne sa perception à un orgasme clitoridien par stimulation externe et non comme un orgasme vaginal profond. Il est néanmoins plus investi sur le plan émotionnel et est souvent assimilé à un véritable orgasme vaginal car pouvant survenir lors de la pénétration.
Rechercher uniquement une explication locale anatomique ou physiologique pour justifier tel ou tel orgasme réduit l’être humain à un animal de laboratoire. Ainsi de constater par échographie (2) qu’il existe des modifications vasculaires génitales chez la femme lors de la pénétration n’est en rien une découverte mais un simple constat et n’apporte rien à la compréhension du plaisir et de l’orgasme qui est avant tout d’ordre psychique ou mental.
L’orgasme féminin n’est pas univoque: la femme possède plusieurs instruments pour y parvenir. C’est l’importance qui leur sera accordé consciemment ou inconsciemment, au cours de l’enfance et de l’adolescence, qui le déterminera et le rendra possible.
Pour donner une image, c’est un peu la façon dont l’esprit investit (habite) les différentes zones sexuelles qui sera responsable des sensations vécues positives mais aussi négatives (le vaginisme en est un exemple frappant).
Si l’orgasme est comparable à une crise comitiale (épilepsie de type particulier) le nombre de neurones concernés par la décharge orgastique en déterminera l’intensité et la diffusion. La capacité multiorgasmique de certaines femmes en est la conséquence. Chaque orgasme est provoqué par la dépolarisation d’une zone cérébrale différente! L’intensité en sera donc diminuée. Quantité ou intensité? Le choix est difficile!
Les femmes qui connaissent les différents types d’orgasme décrivent le clitoridien comme intense et relativement limité alors que le vaginal est beaucoup plus général, envahissant provoquant parfois une certaine perte de conscience décrite dans la littérature comme « petite mort».
Sur le plan émotionnel et affectif, le clitoridien est moins investi que le vaginal ressenti comme fusionnel, plus de l’ordre de la relation amoureuse.
Il est évident que cela puisse être très dérangeant quand on sait que la durée moyenne «normale» du rapport est pour 50 % des homme de l’ordre de 5 à 6 mn, et que l’éjaculation prématurée qui touche 20% est définie comme étant égale ou inférieure à 1mn.
On constate ainsi que peu de femmes ont la chance de découvrir ou de connaître l’orgasme vaginal profond, surtout si l’homme se doit d’avoir un sexe de longueur suffisante! Mais cela ne veut pas dire qu’il soit inaccessible; en effet la sexothérapie a pu mettre au point certains outils essentiellement psychiques permettant aux femmes qui en ont le désir de le découvrir et d’en jouir.
Refuser son existence relève plus de l’idéologie que d’une démarche scientifique; cela ne veut pas dire pour autant que c’est le seul et qu’il ait valeur de référence.
Nous pouvons voir ci-dessous les différentes localisations des orgasmes au niveau cérébral.
Dr Patrice CUDICIO
1): Stuart Brody, PhD, and Ptr Weiss PhD. Vaginal Orgasm is associated with vaginal (not clitoral) sex education, focusing mental attention on vaginal sensations, intercourse duration and a preference for a longer penis. J Sex Med 2010; 7: 2774-2781.
2): Odile Buisson,MD Pierre Foldes, MD, Emmanuelle Jannini, MD, and Sylvain Mimoun MD. Coitus as rvealed by ultrasound in one volunteer couple. J Sex Med 2010; 2750-2754