Le sexe mâle serait-il fragile?

Pas si sûr!

Depuis quelques années, de nombreux articles dressent le portrait d’un homme affaibli, fragilisé dans sa sexualité.

Beaucoup se plaisent à le dire, l’émancipation de la femme n’est pas source d’épanouissement pour l’homme. Il fut un temps où ce dernier était «puissant». A tel point que lorsque la femme ne le trouvait pas assez, elle se devait de simuler son plaisir pour ne pas heurter la sensibilité de son partenaire. A cette époque, l’homme était une machine à faire l’amour, machine du tout biologique sans raté (mais pas sans à-coups). A tel point qu’il pouvait appréhender son sexe comme un prolongement de sa personne voire une entité extériorisée (un objet ?) source de plaisir inconditionnel pour ses dames. Un problème ? Rien de plus facile, il suffisait de réparer la mécanique.

La prise de conscience pour l’homme de la sexualité des femmes pouvait être aussi ludique l’a fait redescendre de son nuage. Les femmes veulent autre chose, elles veulent jouir pour de vrai : on s’engage alors sur la voie de la performance. Aïe ! Mais comment faire si ce sont elles qui demandent ? Le corps médical a résolu en partie le problème : mise sur le marché des IPDE5 (Viagra, Cialis, Levitra et génériques…. Ces messieurs sont rassurés, leur belle mécanique peut repartir sur commande.

Mais rien n’y fait, ce n’est toujours pas la solution miracle tant attendue. Les difficultés persistent. Sauf que là, Monsieur n’est plus d’accord, il sent le piège : dévoilement de son intimité, préoccupation de sa partenaire, demande de performance et de résultat…

Mais où va-t-on ? Veut-on lui retirer sa virilité ?

Pour vous, Mesdames, vos conjoints ne sont plus un tout mais seulement un sex-toy organique. Vous vous en contentez à moins qu’ils ne défaillent. Les magazines féminins construisent la figure d’une femme doublement «libérée » : elle veut jouir dans les cadres inchangés de la sexualité sexiste et être une consommatrice « décomplexée » . La femme castratrice, la femme couguar fait peur, les fait fuir.

Quel revirement de situation, l’homme devient proie et objet sexuel à son tour.

Ainsi, les partenaires sont devenus adversaires sur le terrain de la sexualité. C’est à celui qui jouira le plus fort. La sexualité se pratique en solo, chacun dans son coin :

 » je dois bander pour qu’elle jouisse! » « je dois jouir pour qu’il bande! » .

Cela dit, l’homme a de la ressource et sait apprendre du passé. Il ne va pas lâcher aussi facilement sa position de « dominant ». Si on regarde autour de soi, ne voit-on pas poindre les Mouvements de Défense des Hommes Fragiles ? La migraine du soir ou l’abstinence masculine émerge dans les ménages. Pour se protéger d’éventuelles désillusions ? Ou tout simplement pour affirmer, de nouveau, leur pouvoir de domination comme le rapporte Michelle Boiron. Après avoir perverti les hommes pendants des siècles, les femmes les fragiliseraient à présent. Que certains se sentent le devoir de trouver des explications aux menus tracas de leurs semblables est compréhensible. Par contre, que certaines trouvent leurs justifications acceptable, est plus discutable. N’ouvrons pas la porte à de nouvelles polémiques délétères pour le couple (8).

Aussi, Mesdames, puisqu’on vous attribue la cause de tous les maux de tête à venir de vos partenaires plus «fragiles », laissez-leur le temps de s’habituer à votre sexualité qu’ils découvrent bien malgré eux.

Sébastien Philippe psycho-sexologue

Auteur/autrice : Patrice Cudicio

Médecin

Sexualités: Le Magazine de toutes les sexualités

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