« Tu vas voir, la Maison Souquet est un ancien bordel, c’est un lieu magnifique! » L’enthousiasme de mon amie avait de quoi piquer ma curiosité, d’autant plus que j’associe rarement ces deux mots « bordel » et « magnifique » (Botticelli est magnifique, mais le bordel, lui, est juste bordélique.) Bref, passons.
La Maison Souquet s’ouvre sur une discrète devanture, non loin du métro Blanche, dans le 9è, mystérieux et bohème arrondissement de Paris. Derrière une porte qui pèse un âne mort, dixit mon amie, apparait une entrée d’inspiration orientale et baroque. L’or des décors le dispute au cramoisi des fauteuils, le tout dans une pénombre feutrée. On cherche le toc, on ne trouve pas. L’érotisme du lieu réside dans son opulence. La beauté suggère à peine, mais ne montre rien du tout. Aucun tableau de foufounette pour nous gratter le nez, pas l’ombre d’un string en polyester, merci-mon-dieu on peut se concentrer sur les cocktails.
La carte s’ouvre sur trois collections: les « sans alcools » sont renommés les « cocottes ». Les mélanges au champagne portent le nom de « demi-mondaines » (elles coûtent cher, mais les bulles s’évaporent vite, VDM*, comme dirait une autre de mes amies). Entre les deux, je vous recommande vivement les courtisanes. Gin, sirop de jasmin maison, vodka infusée à la framboise fraîche… les mélanges sont originaux et très raffinés. Le premier verre en appelle un deuxième, et même que si on pouvait, on habiterait là.
Aurore Pérignon
- « Vie De Merde », vous l’aviez compris bien sûr, mais ceux du fond n’écoutaient pas.