Un article original du Dr Sandrine Atallah, médecin sexologue, hypnothérapeute
La grossesse se trouve être le moment idéal pour envisager la sexualité au sein du couple sous un jour nouveau. En dehors de toute relation à la procréation, elle peut devenir une formidable expérience pour les futurs parents, soit de renforcement de leur complicité sexuelle, soit de découverte réciproque. Dans l’attente de l’heureux évènement, on a trop longtemps considéré la sexualité comme un sujet tabou, n’ayant pour seul enjeu que désir et plaisir. À cela s’ajoutent un certain nombre d’obstacles culturels, sociaux ou familiaux, comme autant de barrières face à l’épanouissement sexuel des parents en devenir. Il est d’autant plus regrettable de constater qu’en dehors d’éventuelles complications – en présence desquelles les rapports sexuels peuvent s’avérer contre-indiqués – les craintes liées à la sexualité durant la grossesse sont parfois entretenues par les professionnels de la santé eux-mêmes. Que l’on considère cette période comme une phase d’épanouissement, de découverte, ou qu’elle soit même l’occasion de résoudre des difficultés passées, il faut s’attacher à accompagner les femmes dans cette acceptation de l’idée d’une sexualité « autre » durant la grossesse, tout en faisant comprendre aux hommes que se préparer à être père n’empêche aucunement de rester un amant.
La sexualité évolue au cours des quatre phases successives de la grossesse…
De la conception à 2 mois et demi :
Les importantes modifications physiques et psychiques intervenant lors de cette période initiale de 12 semaines peuvent entraîner des difficultés au plan sexuel. Outre les changements corporels ainsi que les éventuels inconvénients liés à l’état de grossesse (nausées voire vomissements, hypersomnie et modifications du goût et de l’odorat), la baisse du désir chez la femme est caractéristique de cette première période. Tout ces éléments conjugués conduisent à une baisse d’en moyenne 20% des rapports.
Surtout s’il s’agit de sa première grossesse, la femme se trouvant alors dans une situation inédite, elle est souvent en position de recherche de protection dans laquelle la séduction n’est pas la première de ses priorités. Ce recentrage affectif de la femme, qui a pour corollaire une sorte de voyage à rebours vers sa propre enfance, n’est pas forcément propice à des rapports sexuels fréquents et harmonieux.
Ainsi, beaucoup de facteurs psychologiques peuvent perturber les futurs parents qui ont peur de leur future responsabilité de parents et peur d’une fausse couche qu’ils imputent faussement aux rapports sexuels.
De deux mois et demi au début du huitième mois :
C’est la période d’embellie pour le couple au plan sexuel. Les petits inconvénients liés à l’état de grossesse ont disparu, les rondeurs apparaissent mais n’entravent aucunement la femme dans ses mouvements, et constituent l’un des éléments déclenchant du désir, dont le retour est caractéristique de cette seconde étape. La femme a retrouvé son énergie et s’est adaptée à son nouvel état, cette acceptation de la grossesse la mène à aimer ses nouvelles formes, à les montrer sans complexes et donc à accepter et aimer son nouveau corps, objet de transformations continues. De plus, la vaso-congestion pelvienne favorise excitation et plaisir, et l’imprégnation hormonale donne une tonalité euphorique. La future mère est donc plus disponible et mieux dans sa peau, a retrouvé sa confiance en soi et est radieuse sous les regards de son conjoint…éléments propices pour une bonne entente sexuelle.
C’est véritablement à ce stade que peut se mettre en place une véritable complicité sexuelle épanouissante pour les futurs parents rassurés que la grossesse se déroule bien. La communication et le partage sont à leur apogée entre préparatifs et planification, le couple s’isole un peu du monde extérieur dans un petit cocon ce qui lui permet de se recentrer sur son intimité.
Ce rapprochement, couplé à la joie commune de se préparer à être parents, favorisent un climat ludique et détendu et renforcent la « sécurité affective » du couple, qui est un élément essentiel du désir chez la femme. Ceci enrichit et améliore la qualité des rapports sexuels et du coup cristallise l’ambiance de détente et de joie…
À suivre…
Positions amoureuses du Tao
« Le dragon qui s’enroule »
L’homme de sa main gauche a relevé les pieds de la femme et de sa main droite il a glissé sa Tige de Jade dans la Porte de Jade |
Cette illustration provient des collections de l’Institute of Sex research de l’Université d’Indiana, elle figure dans le livre de Marc de Smedt intitulé l’Erotisme Chinois, paru aux éditions Solar en 1984