La petite histoire de la masturbation (2)

Les préjugés ont la vie dure!

Les préjugés se sont durablement installés, et jusque dans les années 50 l’autorité médicale jugeait la masturbation responsable de nombreux troubles de la santé physique et mentale, et qualifiait des pratiquants de «dégénérés », «pervers », ou « déséquilibrés ».
André Lorulot, auteur de nombreux livres de sexologie destinés au grand public nuance ces propos mais reste convaincu que la masturbation présente des risques importants. Il écrit en 1957 :
« Non seulement tous les masturbateurs ne sont pas des malades et des déséquilibrés, mais il existe une quantité importante de gens normaux qui pratiquent ou ont pratiqué la masturbation. »
Le principal danger de la masturbation serait, selon cet auteur, de détourner le désir d’une relation sexuelle avec une (un) partenaire..

Répression moderne

Au début du 20e siècle, il existe encore des gens qui croient que la masturbation rend sourd ou aveugle, la nécessité de combattre la tendance s’impose donc et ce d’autant plus qu’il semble que plus de 90% des hommes la pratiquent ! On s’étonne toujours que le nombre de déficients visuels et auditifs ne soit pas plus élevé…


On assiste donc à une mode de la circoncision pour « raison d’hygiène ». Une grande majorité d’américains sont circoncis, cette opération étant réputée rendre la masturbation plus difficile, voire impossible. Quant aux petites filles, nombreuses sont excisées pour les mêmes raisons.


De nos jours, la société occidentale est plus tolérante, mais les interdits d’ordre religieux ou psychologiques demeurent puissants.
Les outils de répression sont surtout psychologiques, basés sur l’exploitation de la peur et de certaines croyances relatives au sperme et à l’énergie. D’autres outils comme les dispositifs de chasteté traversent allègement les siècles…

La masturbation présente-t-elle des risques réels pour la santé ?

Quand on pratique seul(e), il n’y a évidemment aucun risque de contracter une maladie sexuellement transmissible. Si on utilise un gode miché ou un autre jouet, il faut le tenir propre.


Mais on peut aussi pratiquer la masturbation avec un(e) partenaire, dans ce cas il faut respecter quelques règles :
– avoir les mains propres et exemptes de plaies
– éviter que le sperme ou les fluides du vagin n’entrent en contact avec des muqueuses (peau qui recouvre l’intérieur de la bouche, du vagin ou de l’anus).
– Si on utilise un gode miché il faut le protéger avec un préservatif avant de le partager.


Selon une étude conduite par le Conseil du cancer de l’État de Victoria, dans le British Journal of Urology International vol 92, p 211; 17 juillet 2003, la masturbation masculine diminuerait les risques de cancer de la prostate.

La masturbation au masculin

Comment les hommes se masturbent-ils ?

Chacun a sa propre technique, mais en général, elle consiste en un geste de va-et-vient de la main sur le pénis. Si les hommes jeunes cherchent un plaisir très rapidement, après 40 ans, les séances de masturbation peuvent durer beaucoup plus longtemps, « faire durer le plaisir » semble bien plus agréable. 
Les hommes circoncis utilisent le bout de leurs doigts pour stimuler le frein de leur prépuce. Étant davantage exposé, le gland est moins sensible. L’utilisation d’un lubrifiant facilite le mouvement qui pourrait être irritant.


Certains hommes se masturbent allongés à plat ventre en frottant leur pénis, mais la majorité préfère une solide prise en main de la situation.
Prise en main n°1 : La main enserre le pénis comme elle saisirait le manche d’une raquette de tennis. L’enveloppement est maximal, mais la liberté de mouvement est relativement restreinte.
Prise en main n°2 : C’est la même sauf que la main est à revers, le pouce vers le bas. Cette technique doit être pratiquée de la main gauche pour les droitiers, et inversement.
Prise en main n°3 : On saisit le pénis en gardant le pouce dessous et les quatre doigts sur le dessus. Cette technique offre plus de souplesse dans le mouvement.
Prise en main n°4 : On saisit le pénis comme un stylo, avec seulement trois doigts. Cette technique permet des mouvements très rapides et légers…

La masturbation au féminin

Comment les femmes se masturbent-elles ?

Les femmes pratiquent la masturbation de façon très variée, en général, elles stimulent leur clitoris avec leurs doigts ou en se frottant à un objet (oreiller, coussin, vibromasseur, jet d’eau de la douche…). Tout en caressant leur clitoris, beaucoup de femmes stimulent aussi leur vagin en y introduisant un doigt ou un gode miché. L’orgasme peut venir d’un point de départ clitoridien ou vaginal, les femmes ont donc plus de choix dans leur technique de masturbation.


Les femmes peuvent aussi se passer de leurs mains ! La technique dite du « sciage » consiste à serrer fortement les cuisses pour exercer une pression sur le clitoris, en faisant varier cette pression, l’excitation croît jusqu’à la jouissance.


85 % des femmes se masturberaient selon Shere Hite (Le nouveau rapport Hite, 1976, Editions J’ai Lu, Collection Bien être, Paris, 2004). Mais aussi et surtout parviendrait beaucoup plus facilement à l’orgasme de cette manière plutôt qu’en faisant l’amour… 


Des femmes croient encore que c’est anormal voire honteux de se masturber, le plaisir obtenu ainsi est souvent gâché par un sentiment de culpabilité bien inutile. 

Le marché offre un vaste choix d’accessoires à usage féminine. Comme on le sait la masturbation n’a pas d’âge, on a retrouvé des olisbos et autres gode miché dans les vestiges des plus grandes civilisations antiques d’Orient comme d’Occident. Ces jouets sont généralement de forme phallique excepté le linguam,le linguam, œuf de pierre dure qui s’introduit dans le vagin, venant comprimer la base du clitoris ; le plaisir est atteint en serrant rythmiquement les cuisses. Nombre de femmes se masturbent ainsi en se mettant sur le ventre et en serrant très fort les muscles des cuisses. C’est ce qu’on appelle la masturbation par « sciage ». 


La collection du Musée de l’Érotisme à Paris montre une grande variété d’objets dédiés au plaisir de la femme. 
L’utilisation de vibro-masseurs médicaux aux fins de masturbation s’est répandue spontanément autour des années 40/50. Aujourd’hui, les godes (en anglais dildos) intégrent un vibrateur. Malgré leur forme phallique à charge surtout symbolique, les femmes l’utilisent en général non par pénétration mais en l’appliquant sur le clitoris. D’où le développement de bon nombre de sextoys féminins uniquement clitoridiens.

Le gode miché, quelle que soit sa forme est devenu aujourd’hui un objet que toute femme peut légitimement posséder pour son plus grand plaisir…

Auteur/autrice : Patrice Cudicio

Médecin

Sexualités: Le Magazine de toutes les sexualités

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.