Le fétichisme des pieds, des chaussures, des bottes
Le fétichisme du pied est sans doute l’un des plus fréquents, enfin, l’un de ceux qui s’expriment le plus ouvertement. Dans le langage, beaucoup d’expressions font référence aux pieds en invoquant la déférence, le respect, ou au contraire le mépris, la brutalité.
Se prosterner aux pieds de son idole et lui baiser les pieds est un signe d’adoration de soumission de respect. Fouler, piétiner un objet exprime la rage, la colère, le mépris, au sens figuré, c’est faire peu de cas de l’autre. Des expressions comme « lèche bottes » désignent les comportements obséquieux d’une personne qui n’a pas beaucoup de fierté et qu’on peut donc utiliser comme un vulgaire chiffon.
Le désir de posséder de multiples paires de chaussures et de bottes va chez certaines femmes jusqu’à la plus complète addiction. Dans un entretien avec la revue ELLE, Catherine Deneuve affirmait : « si je suis fétichiste, c’est des chaussures… ».
Le fétichisme du pied et de la chaussure a des origines très anciennes, dans l’Antiquité romaine, on cite le cas du Sénateur Lucius Vetilius qui dissimulait sous sa toge les souliers de sa maîtresse afin de pouvoir les toucher, les baiser, en humer l’odeur. Les courtisanes athéniennes se chaussaient de sandales dont la semelle gravée laissait une empreinte dans le sable, il restait écrit « suis-moi » après leur passage.
Le conte de fées « Cendrillon », met en scène un prince tout à fait fétichiste, il ne lui reste de sa belle qu’un de ses souliers de bals, la fameuse pantoufle de vair (le vair est un des noms qui désignent le petit-gris, sorte d’écureuil dont la fourrure était très appréciée des élégantes). Le Prince charmant, muni du joli petit soulier, parcourt inlassablement ses terres à la recherche de celle qui pourra le chausser. L’analogie entre le soulier et le vagin a souvent été relevée dans l’interprétation psychanalytique des fantasmes fétichistes et, plus largement des mythes. L’expression « trouver chaussure à son pied » prise en ce sens est sans équivoque !
Les talons aiguilles symbolisent la domination, ils grandissent celle ou celui qui les porte, ils modifient la posture, faisant saillir les muscles des jambes, accentuant la cambrure des reins, et projetant la poitrine vers l’avant. Aucune étude scientifique n’a encore prouvé que le port de talons aiguilles pouvait avoir des répercussions sur le désir féminin. En revanche, il semble constituer un puissant stimulant de l’imagination masculine. Encore, qu’il existe aussi des fétichistes de la basket !
Les talons vertigineux s’associent également à des pratiques de soumission, ils ne permettent guère de courir, et complètent à n’en pas douter le tableau d’une femme objet, limitée dans ses mouvements, soumise à la volonté de celui (ou celle) qui impose le port de tels accessoires.
Ces souliers rappellent un peu le traitement que subissaient les Chinoises pour rapetisser leurs pieds et les rendre tout à la fois incapables de se déplacer, mais dignes d’adoration. Être belle impose des souffrances parfois cruelles. Dans le camp des prédatrices et autres dominatrices figure un accessoire incontournable : la botte, voire la cuissarde. Dans les années 80, Serge Gainsbourg chantait « Jusques en haut des cuisses, elle est bottée, et c’est comme un calice à sa beauté. » Les bottes lacées évoquent la dompteuse, la dresseuse de fauves qui fait claquer son fouet, l’écuyère acrobate, l’intrépide héroïne, la chasseresse. La femme bottée intègre ce zeste de masculinité qui la rend à la fois dangereuse et attirante, c’est une guerrière qui pourra conquérir, capturer, et s’enfuir, telle l’amazone, libre de toute contrainte.
Le Corset
Voici la définition humoristique que le « Petit citateur » proposait à ses lecteurs en 1880 : « vêtement destiné à soutenir les appas des femmes – qui en ont – et d’en faire soupçonner à celles qui n’en ont pas. »
Le poète ajoute :
« Petit corset, chez la vierge timide,
Aide à l’essor de ses appas naissants…….. »
« Comme il soutient les faibles sous ses ailes,
Comme en ses flancs savamment resserrés,
Il sait aussi contenir les rebelles,
Et ramener enfin les égarés. »
Le couturier Jean-Paul Gauthier raconte comment un jour, en fouillant dans l’armoire de sa grand-mère, il trouva un corset. « Je n’avais aucune idée de ce que c’était, mais j’étais fasciné par sa couleur chair et par les lacets aussi. » Il demande des explications et ajoute : » je trouvais que ça faisait un corps extraordinaire, et je sentais que les femmes avaient envie de ce corps-là, de cette taille fine. » « Le corset, pour moi, conclut le créateur c’était un objet de mode et aussi de fétichisme puisque je ne pense qu’à ça et que j’ai tendance à tout transformer en mode. »
Un peu d’histoire
Les plus anciennes images de femmes à la taille serrée remontent à 1600 avant JC, en Crète. La célèbre déesse aux serpents, découverte à Knossos, présente une taille fine et élégante qui met en valeur ses seins généreux. Les Grecques comme les Romaines, et les Égyptiennes savaient modeler leur silhouette grâce à des bandelettes dont elles ceignaient leur taille. Le désir de modeler le corps est constant à travers l’histoire. Au moyen âge, le nouveau-né est fermement maintenu par ses langes afin qu’il devienne un adulte bien droit, cette pratique traditionnelle sera jusqu’aux débuts du vingtième siècle observée, notamment en milieu rural. La mode de la taille fine revient périodiquement sur le devant de la scène des modes, l’Espagne du 16ème siècle impose un modèle d’extrême rigidité posturale, qui efface également la poitrine. Les hommes aussi à certaines époques portent des corsets pour suivre la mode et effacer un embonpoint jugé peu séduisant.
Ce souci de rectitude correspond aussi à une volonté de contrôler la « tenue » morale. C’est au 19èmesiècle, que cette tendance s’affirme avec l’apogée du corset victorien. Une revue anglaise « English Woman’s Domestic Magazine » représente une sorte de bible pour les amoureux (ses) du corset. Cette revue s’adresse aux femmes de la classe moyenne et se révèle très représentative de leurs goûts, elle leur offre aussi la possibilité d’exprimer leur sentiment sur de nombreux sujets, dont le fameux corset. Une fidèle lectrice écrit : « Avoir la taille serrée dans mon corset me procure des sensations délicieuses, une fois fermé, un corset réduit la taille d’environ dix centimètres. Au bout d’ une semaine d’un port permanent,, il faut le serrer un peu plus, ainsi se crée une sensation fort agréable d’être « étreinte », sans oublier l’avantage d’une bonne posture avec le dos droit» .
Le corset rose saumon auquel Jean-Paul Gautier faisait référence, c’est celui que portaient déjà les petites filles et les petits garçons. Le rôle de cet accessoire pouvait être comparé à un tuteur qui permet qu’un arbre pousse droit.
Le corset qui tue !
Le corset est donc à la fois un instrument « hygiénique » en ce sens qu’il peut contribuer à modeler le corps de façon conforme à une norme : la « bonne tenue». Et un instrument de séduction qui modifie la silhouette, toujours en fonction d’une norme qui renvoie cette fois à des considérations érotiques et esthétiques. La représentation du corps féminin a beaucoup évolué à travers les siècles et les modes. Le corset victorien a progressivement perdu de sa popularité quand les femmes sont sorties de leur immobilité traditionnelle.
Dès le début du vingtième siècle, pendant les années folles, les élégantes se font coiffer à la « garçonne » (cheveux courts, coupe au carré) et abandonnent leur corset. Le couturier Poiret, dès 1907, impose des lignes fluides et souples, le corps réclame davantage de liberté. La grande Coco Chanel, portera ensuite un coup fatal à l’accessoire, et ses créations deviendront une référence dans le monde de la mode et de l’élégance. Toutefois, faut-il le rappeler, pour être belle dans un tailleur Chanel, il vaut mieux avoir la taille fine, le buste mignon et les hanches fluides….
Dès la fin du 19ème siècle apparaissent des preuves scientifiques à propos des méfaits du corset, que l’on nomme parfois « briseur de côtes ». Il est exact qu’une mauvaise utilisation du corset peut provoquer des blessures c’est pourquoi les fabricants se donnent la peine d’expliquer en détails comment choisir sa taille, comment utiliser le corset, connaître ses limites. Porter un corset constitue sans doute une contrainte, mais ce ne doit pas être douloureux, tout au contraire.
Un nouveau souffle pour le corset : fétichisme et romantisme!
Chassé de la mode, le corset a retrouvé un nouveau souffle dans l’univers fétichiste ; il devient la pièce maîtresse de la panoplie d’une femme qui sait s’imposer, qui fascine et séduit. Le cuir souple, aux dires des utilisatrices, donne la sensation d’une seconde peau, sensuelle, chaude, dont le parfum exalte celui de la peau et renvoie à des images fortes d’animalité, d’aventure, d’exotisme. Un corset de cuir souple traduit l’appartenance au camp des conquérantes. Bottes, talons aiguilles et longs gants accompagnent et rehaussent la tenue de cette prédatrice de charme.
Le corset, une certaine nostalgie romantique
De nombreuses héroïnes de cinéma ont incarné des personnages romantiques, ou fantastiques, mais dont le tour de taille nécessitait l’usage d’un corset. Dans le célèbre film « Autant en Emporte le vent » Scarlett, l’héroïne se serre la ceinture jusqu’aux fatidiques 45 cm ! Dans « Star Trek Voyager», la belle Jery Ryan se plaint de devoir porter un corset sous son joli costume, tout comme Allison Marck dans un épisode de « Smallville », qui se console en disant sa joie de se voir aussi belle ainsi vêtue : les jolies héroïnes ont la taille fine.
Toujours en scène le corset
Actuellement, de nombreuses célébrités ont adopté le corset et le montrent, ce n’est plus un sous-vêtement mais une pièce maîtresse du costume. Le corset n’est plus un symbole de soumission, mais au contraire il joue un rôle révélateur d’une féminité qui ose se montrer, s’exhiber, séduire. La femme devient maîtresse de son destin érotique.
Les plus jolies femmes l’ont adopté et mis en scène comme un incontournable de la séduction.
À suivre…
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