Avant de critiquer ou de porter un jugement hâtif sur ces fresques pornographiques qui décorent la plupart des internats de France, il serait bon de réfléchir à leur raison d’être et surtout à ce qu’elles peuvent représenter dans l’esprit du jeune médecin.
Si les études de médecine sont longues et difficiles, elles ne préparent pas vraiment le jeune médecin à être confronté à la souffrance et à la mort. C’est le seul métier avec les infirmiers (es) à les partager à longueur de journée. Ses angoisses existentielles n’ont aucune place s’il veut être bon médecin à l’écoute des autres.
Se confronter à la mort des autres, c’est envisager aussi la précarité de sa vie, au Thanatos. Lorsqu’après une nuit passé aux urgences, au chevet de la souffrance, du malheur ou de la mort, il rentre se coucher à l’internat, il ne trouve personne à qui se confier; il trouvera certainement un collègue avec qui il parlera de technique médicale, mais pas de ses états d’âme.
La salle de garde avec ses fresques est un lieu symbolique, elle représente la vie, l’Eros, l’instinct de vie, certes de manière excessive et caricaturale, mais nécessaire à l’équilibre psychique du médecin. Il ne s’y exprime aucune brutalité, aucun sexisme malgré les apparences, mais la fête de la vie avec ses excès et ses dérisions, d’une vie où le sexe va lui donner la force et l’énergie de recommencer le lendemain.
La salle de garde avec ses fresques est un lieu de ressource essentiel. Le médecin n’est pas une machine, bien que!! Evidemment ce serait plus facile à gérer pour certains de nos hommes, femmes politiques et technocrates bien formatés et parfois compétents dans leur fonction, mais mono-tâches, incapable d’évaluer les conséquences collatérales de leurs actes ou décisions, nos fameux effets secondaires!
La salle de garde est un lieu symbolique, initiatique, inaccessible et incompréhensible aux profanes. Ces lieux devraient donc être préservés de leur regard, interdits aux yeux non éclairés.
Et il n’y a que les alexithymiques à ne pas comprendre l’importance du symbole.
C’est:
1. L’incapacité à exprimer verbalement les émotions ou les sentiments.
2. La limitation de la vie imaginaire.
3. La tendance à recourir à l’action pour éviter et résoudre les conflits.
C’est justement parce que nous avons accès aux symboles que nous arrivons à ne plus agir nos pulsions et à respecter l’autre. C’est ce qui différencie l’homme de l’animal.
Il aurait donc été important de protéger nos salles de garde et leurs fresques, Athanor d’une médecine humaine qui remonte au Moyen Âge, ou de laisser, au moins, nos collègues féminines d’en décider.