La petite histoire de la Masturbation

Qu’est-ce que la masturbation ?

Chez l’homme comme chez la femme, la masturbation est une pratique qui consiste à stimuler les organes sexuels afin d’obtenir du plaisir. Bien que l’étymologie ne soit pas tout à fait claire entre « manus turbare » et « manus stuprare » qui signifient respectivement « troubler de la main » et « exciter de la main », le rôle de la main est essentiel.
La masturbation est un comportement naturel et normal. C’est d’abord un des moyens d’apprentissage de sa sensualité et de sa sexualité ; à l’âge adulte c’est une façon simple et naturelle d’apaiser ses tensions.

La masturbation est parfois appelée « onanisme » en référence à Onan, personnage biblique qui à la mort de son frère dût épouser sa veuve. Le premier enfant né de ce mariage devait porter le nom du défunt. Onan qui haïssait son frère ne voulait pas faire d’enfant à sa veuve, le récit biblique précise qu’il laissait couler son sperme par terre, et pour ce méfait fut mis à mort…
Ce n’est qu’en 1712 que John Martin, médecin et chirurgien anglais, attribua à la masturbation le nom d’onanisme.

Masturbation et répression

Jusqu’au 18e siècle, ce sont surtout les religieux qui condamnent la masturbation, pour les trois grands monothéismes, il s’agit d’un péché très grave, notamment pour l’homme qui disperse sa semence «inutilement»… 

À partir du 18e siècle, le relais répressif s’organise grâce à quelques médecins « bien » intentionnés. Un ouvrage intitulé « Onania » publié à Londres en 1715, montre les « méfaits » de la masturbation, il sera réédité de nombreuses fois.
Les religieux ne cesseront pas pour autant de faire la chasse aux masturbateurs, et notamment aux plus jeunes, n’ignorant pas que l’initiation à la masturbation a le plus souvent pour cadre la vie en groupe du même sexe (école, pensionnat, club…) 
Aujourd’hui encore, les religieux (chrétiens, juifs ou musulmans) condamnent la masturbation, ne faisant aucune différence entre les hommes et les femmes…

Une grande vague de répression « scientifique » a débuté au début du 18e siècle…

Croyances à propos du sperme et de l’éjaculation

Il faut comprendre que cette répression illustre des croyances particulières à propos du sperme. Cette « liqueur» est en effet censée symboliser la vigueur, l’énergie, la puissance, il faut donc se garder de la gaspiller n’importe comment et surtout pour son plaisir. 

On croit aussi que l’éjaculation peut être dangereuse si elle est « trop» fréquente, car la dépense d’énergie est considérable et que l’organisme se fatigue d’autant à refaire ses réserves….

On a longtemps cru ou fait croire qu’il fallait interdire aux hommes toute pratique sexuelle la veille d’une compétition ou d’une épreuve, de peur de « perdre » l’énergie…

Ce « bon » docteur Tissot

S’inspirant du précédent « Onania », Le docteur Tissot publie en 1760 un ouvrage intitulé « l’Onanisme » (réédité en 1991 aux éditions La Différence, Paris). Il veut convaincre que la masturbation est une pratique dangereuse et, pour convaincre, utilise deux méthodes redoutables. Des démonstrations scientifiques (les croyances valables à cette époque) et des récits destinés à épouvanter les pratiquants.
Il affirme que la masturbation fait appel à l’imagination et non à la nature. Elle « fatigue » donc davantage, devient une habitude qu’il qualifie de « morbide », et pire encore est suivie de « l’horreur des regrets… Quand les maux (qu’elle provoque) ont ouvert les yeux sur le crime et ses dangers. »
On peut donc dire que le Docteur Tissot a laïcisé le péché pour que la médecine se l’approprie. Il écrit dans la préface de l’édition de 1774: « Je me suis proposé d’écrire des maladies produites par la masturbation, et non point du crime de la masturbation : n’est-ce pas d’ailleurs assez en prouver le crime que de démontrer qu’elle est un acte de suicide ? »
Le Docteur Tissot prétendait que la masturbation pouvait rendre sourd, aveugle et amorphe, voire conduire à des déficiences mentales chez les hommes. Les femmes, quant à elles étaient menacées d’hystérie, maladie qui se soignait alors par l’enfermement, la camisole de force et l’ablation du clitoris… Cette « thérapie » sera d’usage jusqu’à la fin du 19e siècle.

Les préjugés ont la vie dure!

Les préjugés se sont durablement installés, et jusque dans les années 50, l’autorité médicale jugeait la masturbation responsable de nombreux troubles de la santé physique et mentale, et qualifiait des pratiquants de «dégénérés», «pervers», ou «déséquilibrés».
André Lorulot, auteur de nombreux livres de sexologie destinés au grand public nuance ces propos mais reste convaincu que la masturbation présente des risques importants. Il écrit en 1957 :
« Non seulement tous les masturbateurs ne sont pas des malades et des déséquilibrés, mais il existe une quantité importante de gens normaux qui pratiquent ou ont pratiqué la masturbation. »
Le principal danger de la masturbation serait, selon cet auteur, de détourner le désir d’une relation sexuelle avec une (un) partenaire..

Répression moderne

Au début du 20e siècle, il existe encore des gens qui croient que la masturbation rend sourd ou aveugle, la nécessité de combattre la tendance s’impose donc et ce d’autant plus qu’il semble que plus de 90% des hommes la pratiquent ! On s’étonne toujours que le nombre de déficients visuels et auditifs ne soit pas plus élevé…


On assiste donc à une mode de la circoncision pour « raison d’hygiène». Une grande majorité d’américains sont circoncis, cette opération étant réputée rendre la masturbation plus difficile, voire impossible. Quant aux petites filles, nombreuses sont encore excisées dans certains pays pour ces mêmes raisons.


De nos jours, la société occidentale est plus tolérante, mais les interdits d’ordre religieux ou psychologiques demeurent puissants.
Les outils de répression sont surtout psychologiques, basés sur l’exploitation de la peur et de certaines croyances relatives au sperme et à l’énergie. D’autres outils comme les dispositifs de chasteté traversent allègrement les siècles…

La masturbation présente-t-elle des risques réels pour la santé ?

Quand on pratique seul(e), il n’y a évidemment aucun risque de contracter une maladie sexuellement transmissible. Si on utilise un godemichet ou un autre sextoy, il faut le tenir propre.


Mais on peut aussi pratiquer la masturbation avec un(e) partenaire, dans ce cas il faut respecter quelques règles :
– avoir les mains propres et exemptes de plaies.
– Si on utilise un godemichet il faut le protéger avec un préservatif avant de le partager.


Selon une étude conduite par le Conseil du cancer de l’État de Victoria, dans le British Journal of Urology International vol 92, p 211; 17 juillet 2003, la masturbation masculine diminuerait les risques de cancer de la prostate.

La masturbation au masculin

Comment les hommes se masturbent-ils ?

Chacun a sa propre technique, mais en général, elle consiste en un geste de va-et-vient de la main sur le pénis. Si les hommes jeunes cherchent un plaisir très rapidement, après 40 ans, les séances de masturbation peuvent durer beaucoup plus longtemps, « faire durer le plaisir » semble bien plus agréable. 
Les hommes circoncis utilisent le bout de leurs doigts pour stimuler le frein de leur prépuce. Étant davantage exposé, le gland serait moins sensible. L’utilisation d’un lubrifiant facilite le mouvement qui peut être irritant.


Certains hommes se masturbent allongés à plat ventre en frottant leur pénis, mais la majorité préfère une solide prise en main de la situation.
Prise en main n°1 : La main enserre le pénis comme elle saisirait le manche d’une raquette de tennis. L’enveloppement est maximal, mais la liberté de mouvement est relativement restreinte.
Prise en main n°2 : C’est la même sauf que la main est à revers, le pouce vers le bas. Cette technique doit être pratiquée de la main gauche pour les droitiers, et inversement.
Prise en main n°3 : On saisit le pénis en gardant le pouce dessous et les quatre doigts sur le dessus. Cette technique offre plus de souplesse dans le mouvement.
Prise en main n°4 : On saisit le pénis comme un stylo, avec seulement trois doigts. Cette technique permet des mouvements très rapides et légers…

La masturbation au féminin

Comment les femmes se masturbent-elles ?

Les femmes pratiquent la masturbation de façon très variée, en général, elles stimulent leur clitoris avec leurs doigts ou en se frottant à un objet (oreiller, coussin, vibromasseur, jet d’eau de la douche…). Tout en caressant leur clitoris, beaucoup de femmes stimulent aussi leur vagin en y introduisant un doigt ou un godemichet. L’orgasme peut venir d’un point de départ clitoridien ou vaginal, les femmes ont donc plus de choix dans leur technique de masturbation.


Les femmes peuvent aussi se passer de leurs mains ! La technique dite du « sciage » consiste à serrer fortement les cuisses pour exercer une pression sur le clitoris, en faisant varier cette pression, l’excitation croît jusqu’à la jouissance.


85 % des femmes se masturberaient selon Shere Hite (Le nouveau rapport Hite, 1976, Editions J’ai Lu, Collection Bien être, Paris, 2004). Mais aussi et surtout parviendrait beaucoup plus facilement à l’orgasme de cette manière plutôt qu’en faisant l’amour… 


En grande majorité les femmes croient que c’est anormal voire honteux de se masturber, le plaisir obtenu ainsi est souvent gâché par un sentiment de culpabilité bien inutile. 
Le marché offre un vaste choix d’accessoires à usage féminine. Comme on le sait la masturbation n’a pas d’âge, on a retrouvé des olisbos et autres godemichet dans les vestiges des plus grandes civilisations antiques d’Orient comme d’Occident. Ces jouets sont généralement de forme phallique excepté le linguam,le linguam, œuf de pierre dure qui s’introduit dans le vagin, venant comprimer la base du clitoris ; le plaisir est atteint en serrant rythmiquement les cuisses. Nombre de femmes se masturbent ainsi en se mettant sur le ventre et en serrant très fort les muscles des cuisses. C’est ce qu’on appelle la masturbation par « sciage ». 

Des caresses pratiquées par les hommes et les femmes

Hommes et femmes peuvent se masturber l’anus, en stimulant l’orifice ou en y introduisant le doigt ou un godemiches. Chez l’homme, ces caresses sont souvent voluptueuses car elles stimulent la prostate.
La masturbation s’accompagne aussi de caresses sur d’autres parties du corps : seins, tétons, ventre… En fait tout le corps peut devenir source de plaisir.
Quand les plaisirs de la masturbation sont partagés avec un(e) partenaire, tout le corps peut participer et servir à des caresses : aisselles, cuisses, seins…

Quelques chiffres

Dans les années 60, selon le rapport Kinsey , 95,4% des hommes de 18 ans et 46,3% des femmes, auraient pratiqué la masturbation. 

La proportion est probablement plus élevée de nos jours avec la diffusion de la pornographie, mais surtout il semble que les garçons commencent à se masturber de plus en plus tôt, même s’ils n’éjaculent pas. L’âge moyen de la première masturbation se situe entre 12 et 14 ans pour les adolescents américains, anglais et australiens, et ils y auraient recours environ 12 fois pas semaine. Il faut rester prudent à l’égard des chiffres car ils ne sont pas toujours obtenus des intéressés mais des adultes de leur entourage : parents et enseignants. La tendance est à minimiser la pratique de la masturbation pour des raisons idéologiques mais aussi probablement par ignorance.
Si l’on considère que la masturbation fait partie du parcours de découverte de sa sexualité, on peut estimer que la quasi totalité des adolescents y ont eu recours…


En 2002, une enquête réalisée dans le cadre d’une Université canadienne montre que 94% des hommes se masturbent régulièrement avant l’âge de 20 ans avec une fréquence d’autant plus élevée que l’habitude est ancienne. Ces hommes continuent généralement à se masturber plus ou moins régulièrement, même si par ailleurs ils ont des relations sexuelles avec une partenaire. Ce n’est qu’après 40 ans que certains abandonnent la masturbation.

Quelques bonnes raisons de se masturber

Après l’avoir longtemps et lourdement condamnée, la masturbation reprend sa place naturelle dans la sexualité. Voici les avantages que lui reconnaît le Pr Gérard Verroust, Anthropologue.

« La masturbation est une activité culturelle par laquelle on construit et enrichit sa personnalité et on cultive sa sensualité (comme on cultive son corps par le sport et ses capacités intellectuelles par l’étude). La masturbation ne doit donc pas être pratiquée à la va-vite comme une regrettable activité nécessaire mais consciemment et en cultivant ses riches fantasmes à soi, expression de sa richesse personnelle, unique. La masturbation peut être un cérémonial que chacun organise et développe selon sa personnalité, coordonnant le développement de son imagination, l’élaboration de ses fantasmes avec le plaisir des caresses. La recherche d’accessoires (matières, objets, situations) est un vaste domaine. Une place doit être faite aux jeux d’eau : la douchette du bain est un des grands moyens de masturbation féminine. Un lavement chaud provoque des sensations inédites etc. 

Chez l’humain la masturbation est une activité artistique créatrice. Elle crée avant l’orgasme un état second d’excitation dit État de conscience modifié (avec sans doute production de neuro- stimulateurs : dopamine et autres) propice à l’exaltation créatrice. Nombre d’artistes se mettent dans cet état de plaisir, d’ivresse quasi-psychotique durant leur activité de création. Certains ne s’en sont pas cachés (Renoir). Nous retrouvons là une activité spécifique de l’être humain qui transforme une fonction biologique en moyen de création. La jouissance qui conclut la masturbation est une source d’apaisement, et de ce fait, beaucoup l’utilisent pour calmer le stress, ou réduire leur excitation s’ils sont en présence d’un(e) partenaire et ne peuvent avoir de relations sexuelles, ou encore prévenir la survenue d’érections spontanées. « 


Les trois quarts des hommes déclarent se masturber pour le plaisir et un quart pour calmer le stress. 

Les femmes, dans leur majorité, se masturbent pour le plaisir.


Beaucoup d’hommes disent aussi que, pour eux, la masturbation a été un apprentissage pour le contrôle de leur excitation, la jouissance n’est que plus forte si elle est attendue longtemps.

Quelques masturbateurs célèbres

Le philosophe Cynique, Diogène de Sinope ( 413-327 avant JC,ci-dessus, d’après un tableau de Raphael,) avait pour habitude de se masturber en public. Il disait qu’il « prenait son petit déjeuner » et voulait ainsi dénoncer l’hypocrisie qui entoure les pratiques sexuelles, mais aussi contester les normes, la bienséance pour s’en affranchir. Si on lui faisait remarquer que ce comportement était inconvenant, il se contentait de répondre qu’il satisfaisait un besoin de façon aussi simple que manger et boire apaisent la faim et la soif…


Woody Allen, réalisateur et acteur de cinéma, connaît une grande popularité en France. Il explique qu’il fait très bien l’amour car il s’est longtemps astreint à un intense entraînement solitaire. Son film « Annie Hall », 1977, il place la réplique suivante : « don’t knock masturbation, it’s sex with someone I love » (Ne critiquez pas la masturbation, c’est faire l’amour avec quelqu’un que j’aime)

Témoignage d’un adolescent dans les années 60

Je n’ai encore jamais écrit sur ce sujet. Je voudrais le faire franchement, peut-être crûment, en tout cas sans concession.
La masturbation (en l’occurrence masculine, celle que je connais) est pour tout le monde, j’imagine, le premier acte sexuel qu’on expérimente, bien avant le coït. L’intervalle de temps écoulé entre la première masturbation et le premier coït varie selon les individus. Pour moi il a été relativement long (environ 7 ans), et je pense que selon cette durée, la technique masturbatoire prend figure de simple étape initiatique ou revêt une importance particulière, parfois démesurée, dans les mécanismes physiologiques et psychologiques qui mènent au plaisir de l’éjaculation.
Il faut d’abord situer le contexte. Le mien : une petite ville de province, une famille pétrie de dévotion (religion catholique traditionnelle). Un silence total sur la sexualité et, en conséquence, une ignorance tout aussi totale. A l’école des Frères, une retraite spirituelle était organisée chaque année. J’avais 12 ou 13 ans quand le prédicateur nous tint des discours complètement hallucinés sur la « pureté ». Il voyait la main du Diable dans certaines revues dans lesquelles il avait une fois décompté « plus de 500 femmes nues » !
Il y avait dans la même classe des « grands » de 14/15 ans mais pour ma part, je ne comprenais absolument rien à cette furie. Pourquoi des femmes nues ? Quel intérêt ? L’ignorance était si totale que lors des premiers « émois sexuels », je ne savais pas de quoi il s’agissait.
La première fois qu’une onde de plaisir se manifesta, je fus affolé. Je me précipitais aux toilettes, pensant que c’était une envie pressante d’uriner. Et puis… rien ! Mais bientôt le phénomène se renouvela, et instinctivement me vint le premier mouvement masturbatoire. La première éjaculation fut une surprise absolue. Que m’arrivait-il ? Cette émission fluide était d’autant plus surprenante que je n’avais jamais reçu le moindre cours d’éducation sexuelle, et que même en sciences naturelles, le chapitre de la reproduction avait dû être sauté. 
En rassemblant le peu que je savais, je ne voyais qu’un liquide blanchâtre connu dans le corps humain : la lymphe. Je crus donc que j’avais provoqué un épanchement de lymphe, je pris peur, craignant que ce ne soit dangereux. Je me promettais bien de ne plus jamais toucher à ça… Mais le plaisir était évidemment plus fort.
Le rapport entre ce mécanisme et les représentations de la femme et de sa nudité apparurent relativement vite. Les pages du Petit Larousse sur la peinture, les catalogues de la Redoute, et même les journaux qui parfois laissaient passer une photo de chanteuse ou d’actrice avec un décolleté devinrent aussitôt ma pâture.
Je comprenais mieux désormais les admonestations du prédicateur hystérique, et je fis le rapprochement fatal : ce que je faisais était mal, autant que dangereux. C’est à peu près vers cette époque que je commençai à être sujet aux migraines ophtalmiques. Ignorant cette maladie, j’attribuais ces crises aux pratiques dont j’ignorais le nom.
Lorsque j’atteignis 14 ans, je fus envoyé (pour d’autres raisons) dans un centre hospitalier en bord de mer pour un an. Institut catholique, évidemment, tenu par des religieuses. Les garçons complètement séparés des filles, qu’on apercevait à la messe. Atmosphère de caserne, de corps de garde : obsession sexuelle généralisée, plaisanteries salaces, grande majorité de futurs beaufs.
Le soir avant de dormir, ou bien dans les douches, je poursuis l’habitude de la masturbation qui devient une addiction. Les moqueries de mes camarades, qui s’aperçoivent vite de mon « innocence » (ignorance), poussent un moniteur à me faire lire un livre d’éducation sexuelle. Je découvre là le sens exact de mes activités, ce qui cristallise le sentiment de culpabilité jusque là latent. Le moniteur me cuisine : ai-je « des problèmes de pureté » ? Gêne. J’élude. Il arrive que je sois surpris, pendant la sieste quotidienne obligatoire, sur la terrasse de l’Institut. Me masturbant sous la couverture, je suis trahi par les saccades : nouvelles moqueries, sentiment accru de clandestinité.
De retour dans ma famille à 15 ans, c’est une véritable frénésie. Pour la religion catholique, j’ai le sentiment de vivre en état de péché constant, et ça me gâche la vie. Je n’ose pourtant en parler en confession, ce qui aggrave les choses, ça devient du péché mortel. Enfin, je me décide, ce qui me délivre momentanément d’un grand poids, mais pas de mon addiction : je reprends de plus belle.
Matériellement, ce n’est pourtant pas facile. La maison est petite. A part les toilettes, rien ne ferme à clé : mais l’endroit n’est pas des plus agréables, et par ailleurs bien en vue. Y rester plus de 5 minutes se remarque et devient aussitôt suspect : « – Que se passe-t-il ? Tout va bien ? » Reste ma chambre, qui est au premier étage, et où je me réfugie souvent. Mais je ne peux m’y enfermer et ma mère n’arrête pas, sous mille prétextes, de monter au premier et de passer la tête pour voir « si tout va bien »… Il faut donc que je guette. Lorsque j’entends s’ouvrir la porte de la cuisine, il me reste 20 secondes pour me rajuster et être présentable au cas où elle monte l’escalier. Parfois, c’est limite.
Autre problème : que faire du sperme après la jouissance ? Je dispose de boîtes métalliques ou en plastique qui ont contenu des pastilles. Je les cache dans une armoire, mais il faut de temps en temps les descendre au rez-de-chaussée pour les laver sans me faire surprendre, et sans attendre sinon l’odeur finit par être gênante. 
La solution plus courante est d’éjaculer dans un mouchoir (à l’époque, on ignore le kleenex). Ainsi, pendant l’étude au collège où j’entre alors en classe de seconde. La technique consiste à élargir un trou qui s’est formé au fond de ma poche de pantalon, suffisamment pour y passer une partie du sexe et pour opérer à l’abri des regards, le mouchoir étant alors en place. Le problème provient de l’humidité, du débordement. Ensuite, en séchant, le sperme se solidifiant, le mouchoir en est comme amidonné. Pensant que je me trahirai, je n’ose donner ces mouchoirs sales à ma mère. J’en garde un certain nombre dans un tiroir de mon bureau, qui ferme à clé. Une provision qui augmente jusqu’au jour fatal où ma mère, intriguée par cette épidémie de disparition de mouchoirs, me dit qu’elle a découvert « le pot aux roses », en forçant le tiroir.
Cependant elle ne me sermonne pas ; je pense aujourd’hui qu’elle a préféré éluder le problème, trop gênée elle-même pour en parler. Peu avant, ou peu après, elle s’est enquise de mon éducation sexuelle, me demandant si on nous avait parlé de tout ça lors de la retraite. Epouvantablement gêné, je l’ai rassurée. A son grand soulagement : elle est aussitôt passée à un autre sujet.
Je deviens un champion de masturbation. Je cultive des phantasmes, j’écris des histoires érotiques, je fais des dessins, tout un monde se met en place. J’apprends à me contrôler, à planifier la montée de la jouissance, à prolonger le plaisir, à le perfectionner par toutes sortes d’artifices. Je suis alors à la meilleure période de la vie en matière d’érection et d’éjaculation, et j’en profite. Devenu étudiant à 18 ans, je ne vis plus en permanence chez mes parents, c’est la liberté. Pendant trois ans encore, la masturbation est ma seule activité sexuelle, à la fois réduisant et aiguisant ma frustration de ne pas avoir de relation avec des filles.
Lorsque je commence à avoir des partenaires, l’habitude ne cesse pas pour autant. Elle accompagne en parallèle ma vie sexuelle partagée, étant enrichie par elle et l’enrichissant. Au-delà du plaisir qu’on prend avec l’autre, et auquel se mêle une grande part d’affectivité et donc de psychologie, c’est dans la masturbation qu’on atteint des sommets inégalés dans la pure jouissance sexuelle, pour la très bonne raison qu’on se connaît soi-même mieux qu’on ne connaîtra jamais l’autre, et qu’alors on ne tient compte que de soi-même. 
La masturbation ne peut constituer toute la vie sexuelle, mais elle ne peut en être exclue, et je parle bien d’un exercice solitaire : se faire masturber par une femme (pour un hétérosexuel) est bien intéressant et excitant surtout si l’exercice se double d’une fellation, en alternance. Mais physiologiquement, on n’y trouvera jamais l’accord et l’harmonie parfaite dans le rythme, les pauses, le progrès vers le climat oscillant entre le résistible et l’irrésistible. Enfin, l’habitude de la masturbation et l’acquisition du self control qu’elle implique sont loin d’être inutiles en vue de coïts plus réussis et plus satisfaisants pour la partenaire féminine.

Agressions sexuelles: les Mythes

De nombreuses fausses croyances sont véhiculées à propos des agressions à caractère sexuel. Sexologie-Magazine lève le voile!

1. Les viols sont commis dans des endroits cachés et isolés.
 
Faux. 70%, environ, des agressions sexuelles sont commises au domicile de la victime  

2. Les personnes qui agressent sont habituellement des inconnues.
 
Faux. La majorité des agressions sexuelles ne sont pas commises par des inconnus mais par des personnes que la victime connaît. Dans 80% des cas des agressions rapportées, la victime connaissait son agresseur

 3. Une personne qui n’est pas consentante ne peut pas être violée .
 
Faux. Le viol est une situation constituant un risque et ou un danger de mort qui peut comprendre des menaces physiques ou verbales. La société apprend aux femmes à voir les hommes, peu importe leur force réelle, comme possédant une plus grande force physique. Cette croyance est, à elle seule, suffisante pour qu’une femme ou un garçon se sente incapable de se défendre.


 
4. La force physique est toujours présente lors d’une agression sexuelle.
 
Faux. La majorité des agressions sexuelles sont commises par des connaissances. Les agresseurs connus de la victime sont plus susceptibles d’utiliser la violence verbale, les menaces, la ruse ou la violence modérée (ex., tordre le bras) qu’une arme ou une grande force physique.


 
5. Les personnes qui agressent sexuellement souffrent de troubles psychiques. On reconnaît un agresseur à son allure.
 
Faux. Les études et les tests psychologiques démontrent tous que la plupart des agresseurs sexuels ne sont pas atteints de maladie mentale. Elles sont pour la plupart,  des personnes ‘normales’ que l’on rencontre tous les jours. Ce sont des petits amis, des maris, des amis, des cousins, des pères, des médecins, des entraîneurs, des prêtres, etc…


 
6. Des hommes sont violés par des femmes tout comme des femmes sont violées par des hommes.

 
C’est vrai, des hommes peuvent être violés. Mais on en parle beaucoup moins…Et ceux-ci, malheureusement, les dénoncent encore moins que le font les victimes féminines de peur d’être déconsidérés. Ce sont pourtant des victimes. Il est important de souligner que ce sont des hommes et non des femmes (rarement selon les statistiques) qui agressent les hommes ou les garçons. En réalité, 98% des agressions rapportées (seulement 10% sont déclarées…la réalité pourrait donc être différente) sont faites par des hommes. La majorité des agressions sexuelles où la victime est de sexe masculin sont commises sur des garçons et de jeunes adolescents qui, tout comme les femmes et les filles, sont des êtres vulnérables de la société.


 
7. Toutes les femmes ont des fantasmes d’actes sexuels violent et rêvent secrètement d’être violées.
 
Aucune femme ne fantasme sur les horreurs réelles d’une agression sexuelle! Les fantasmes de séduction, d’amant énergique ou d’enlèvement par un bel inconnu ne sont simplement que des constructions imaginaires! Dans le fantasme, on garde le contrôle, mais jamais lors d’un viol : la victime éprouve un sentiment d’impuissance et craint pour sa vie. Pendant une agression sexuelle, la victime ne contrôle rien, elle est sous l’emprise de l’autre. Personne ne désire être agressé sexuellement.


 
8. Un mari ou un conjoint de fait ne peut pas violer son ou sa conjoint-e.

 
Faux. Depuis 2010 la loi française a rendu illégal le sexe sans consentement dans le couple marié ou paxé (c’est différent en Afghanistan…). Avant l’adoption de cette loi, une femme ne pouvait pas poursuivre son mari pour viol. Aujourd’hui en France, un ou une conjoint-te possède, en tout temps le droit légal de dire non à tout acte sexuel.


 
9. Pourquoi un bel homme violerait-il une femme laide? Il peut avoir ce qu’il veut. Il n’y a que les belles femmes qui se font agressées.

 
Faux. L’âge des victimes se situe de la petite enfance (des bébés de 2 mois ont été victimes d’agressions sexuelles) au troisième âge (78 ans) comme des personnes ayant des handicaps physiques ou intellectuels. De plus, l’agression sexuelle ne fait pas de distinction de classe sociale, race, religion, d’un certain type de vie ou avec ou non un certain attrait physique. Il est toutefois important de mentionner que le risque est plus fort pour les jeunes femmes.


 
10. Les situations d’inceste se produisent dans des familles pauvres ou des foyers brisés.
 
Faux. L’inceste ne connaît aucune barrière de classe sociale ou de condition économique, pas plus que de race ou de religion dans les familles où il a lieu.


 
11. Les hommes agressent sexuellement parce qu’ils sont frustrés. Le viol est donc un délit passionnel.

 
Faux. L’agression sexuelle est un délit de violence qui s’exprime sexuellement, l’assouvissement sexuel ou la passion sont des prétextes, la véritable motivation est dans l’exercice de la violence. La personne qui agresse prend plaisir dans le pouvoir, la domination et l’humiliation ou la dégradation de l’autre. Le violeur ne ressent que peu d’affection ou d’inquiétude pour la victime. 


 
12. Certaines femmes incitent les violeurs en s’habillant sexy .
 
L’agression sexuelle est le seul délit où le blâme est souvent rejeté sur la victime! Ex: Personne ne demande à une victime de vol pourquoi elle portait une montre en or ce jour-là? Mais on demande à une victime d’agression sexuelle pourquoi elle s’est habillée ou agit de telle ou telle façon. Ironiquement, la société encourage les femmes à s’habiller « sexy »pour plaire aux hommes, ce qui signifie d’encourager les femmes à s’habiller d’une manière provocante et ainsi, à se faire violer! Paradoxal non?


 
13. Lorsqu’une femme dit ‘ Non’ , ce qu’elle veut dire en réalité c’est «oui»  Lorsqu’une personne dit «non», on doit respecter son refus. Elle fait valoir son droit à refuser d’avoir des relations sexuelles. Et surtout, cela ne devrait jamais être compris comme un rejet personnel ou des stratagèmes amoureux. 
 

D’après Camille Thibault, psycho-sexologue

Sexualités, Sondages et Média

Sexualités?

La sexualité évoque naturellement tout ce qui a un rapport avec le sexe ou la relation sexuelle. On mélange en fait deux choses: « la masturbation « solitaire ou à deux, instrumentalisée ou non, et la relation sexuelle où le sexe n’est qu’un instrument de la relation l’autre. La finalité n’est pas exactement la même. Dans le premier cas, l’autre n’est que l’instrument de son plaisir personnel et par « politesse », on rend le même service à son ou sa partenaire. Dans le second cas, le sexe n’est qu’un instrument au service de la relation affective. On se lasse assez rapidement de la « masturbation » qui nécessite de plus en plus de stimulations pour obtenir la même satisfaction. C’est l’escalade dans la réalisations de fantasmes pas toujours partagés. Par contre la relation s’enrichit chaque jour des sentiments et affects permettant le développement d’une complicité ou d’une connivence. Ce n’est pas le sexe qui donne le plaisir, mais la relation avec le sexe. C’est elle seule qui permet d’atteindre ce qui est décrit dans la littérature comme l’extase ou le septième ciel. Il ne s’agit pas ici de critiquer les différentes pratiques masturbatoires nécessaires à une bonne connaissance de son instrument lorsqu’on est jeune. L’instrument ne doit pas rester une fin en soi, mais devenir un moyen d’expression, de communication. Les fantasmes y trouvent aussi leur place s’ils sont partagés. Malheureusement, il ne semble pas qu’on ait pris le bon chemin!

Les Sondages?

Pourquoi aborder les sondages? Réalisés par des non-professionnels de la sexualité, ils sont responsables du « chemin pris », évoqué précédemment et aggravent souvent le problème sans le savoir. Ils font pourtant leur travail très sérieusement. D’une part, ils ne connaissent pas les différences évoquées précédemment. D’autre part, la sexualité étant devenu aujourd’hui un sujet trop sensible quant à la représentation qu’une personne a de soi-même, les réponses données correspondent plus à un idéal recherché qu’à la réalité vécue dans l’intimité. Peu d’hommes reconnaitrons leur éjaculation rapide, alors que celle-ci est un phénomène parfaitement naturel et normal. Peu de femmes avoueront qu’elles simulent la jouissance lors de leurs rapports sexuels. Et pour cause, nous sommes des mammifères avant d’être humain et notre sexualité est destinée à l’origine à la reproduction. Une érection facile, une éjaculation rapide, une bonne lubrification vaginale par stimulation clitoridienne sont tout à fait suffisants pour permettre la survie de l’espèce. C’est notre humanisation qui en a changé la finalité. Elle nous a permis d’exploiter le plaisir ressenti lors de l’éjaculation ou des caresses clitoridiennes, pour en faire autre chose. Mais ce n’est pas si simple car ce n’est pas naturel, mais le fruit d’apprentissage. Les sondages reflètent en grande partie la « norme » véhiculée par les média.

Les Média?

S’ils ont pu véhiculer parfois une image déculpabilisante de la sexualité, ils transmettent un certain nombre de normes sexuelles. Certaines pratiques sexuelles comme la fellation, le cunilingus et la sodomie, marginales à l’origine sont devenues sous leur influence dont fait partie la pornographie le passage obligé pour se croire désiré ou désirable. Il ne s’agit pas de condamner ou critiquer ces pratiques lorsqu’elles sont vraiment voulues par les deux partenaires. Mais elles n’ont aucun caractère obligatoire. Encore dernièrement une émission de télévision évoquait le plaisir prostatique. Tous les hommes n’ont pas forcément envie d’être sodomisé et la plupart de ceux qui s’y essaieront n’y trouverons que douleur et peu de plaisir. Cela ne veut pas dire que cela n’existe pas. Affirmer que le désir masculin et féminin sont comparables, c’est ne pas tenir compte de nos différences physiologiques. Il est ainsi possible d’érotiser de nombreuses parties du corps qui ne le sont pas naturellement. Mais à chacun, chacune d’avoir la liberté de trouver son chemin du plaisir, dans le respect de l’autre. On peut être bricoleur, artisan ou artiste. Il n’y a pas de règle. Ainsi médias et sondages s’auto-entretiennent et imposent des « normes » qui entravent notre liberté et notre plaisir dans une véritable relation qui n’est pas que sexuelle, mais où le sexe a son importance.

Faut-il légiférer la Pornographie?

Compte tenu de ses dérives, et de ses excès, le Sénat a décidé de se pencher sur les pratiques de l’industrie pornographique. Un rapports de 150 pages api être consulté par l’émission « Complément d’Enquête. Il met en évidence la violence faite aux femmes dans ce milieu qui mêle proxénétisme, prostitution et proxénétisme.

Il est vrai que l’on constate depuis quelques années une escalade. Les scènes deviennent depuis en plus excessives dans leur pratique et leur violence surtout vis-à-vis des femmes.

Par ailleurs, alors qu’au début de sa libéralisation, elle ne touchait qu’une population limitée, déjà expérimenté dans sa sexualité et ayant acquis une certaine culture, elle est à la portée d’une jeunesse immature et inexpérimentée sur le plan psycho-affectif. Elle fait du sexe un produit dont il faut tirer le maximum de plaisir et non pas l’instrument d’une relation. Son modèle, en l’absence d’esprit critique, dénature la relation possible et respectueuse entre deux personnes.

Mais avant de légiférer, il peut être utile de savoir ce qu’est la pornographie. Ce lien vous permettra de consulter un dossier sur ce sujet, réalisé il y a quelques années, mais qui reste pour l’essentiel d’actualité. L’autre lien vous renvoie au 23 propositions du Senat.

Le Plaisir Solitaire pour Savoir Partager.

Longtemps considéré par la tradition religieuse comme un péché. Alors que la MASTURBATION est sans aucun doute si ce n’est un remède un moyen privilégié pour mieux appréhender son corps, à l’aimer et surtout à découvrir le plaisir.

La Masturbation.

Le mot vient du latin manus et stuprare (polluer ou souiller avec la main. Quel meilleur terme pour affirmer la réprobation à cette pratique et ce depuis la nuit des temps. Déjà les hébreux la condamnait sous le terme d' »onanisme ». Onan est un personnage de la Bible. Contraint d’épouser sa belle-sœur à la mort de son frère aîné comme le veut la tradition, il sera foudroyé, car en se masturbant et en gaspillant sa semence reproductrice sur le sol, il montre qu’il se refuse à avoir un rapport sexuel avec l’épouse de son frère décédé. Depuis, l’onanisme désigne l’ensemble des pratiques qui permettent l’orgasme en solitaire. S’il désignait exclusivement, au départ, une pratique masculine, il concerne également, de nos jours, la masturbation féminine. Elle fut pendant longtemps entachée d’idées reçues véhiculées au XVIII ème siècle par le « bon Dr TISSOT« : elle était responsable de tuberculose, maladies mentales, et divers troubles physiques. Encore , aujourd’hui, quelques rares esprits la considèrent comme dangereuse! Pourtant, elle est depuis sa plus tendre enfance un moyen d’explorer et de connaître son corps.

La masturbation est pour l’enfant et l’adolescent une étape essentielle au développement personnel qui ne doit surtout pas être réprimée.

Ce n’est pas honteux.

Mieux: en ce qui concerne les petites filles, il pourrait être utile de faire connaissance de leur vulve avec un miroir. Elles n’ont pas la facilité des garçons et de leurs érections spontanées et réflexes pour découvrir cette partie de leur anatomie. Ce plaisir solitaire, doit être néanmoins canalisé, socialisé. Cette expérience érotique doit rester intime. C’est un geste privé que l’on peut faire chez soi, dans sa chambre et non en public comme le font parfois de petits enfants.

Chez l’adulte, la masturbation est souvent une activité de compensation. Elle remplace l’absence d’un ou d’une partenaire sexuel quelles qu’en soient les raisons. Elle peut remplacer une activité sexuelle insatisfaisante dans le couple, être un préliminaire aux relations amoureuses. De nos jours la jouissance est devenu aussi un produit de consommation, la masturbation le moyen d’obtenir ce produit et le sextoy l’objet qui permet de l’avoir rapidement. Dans une société consumériste à la recherche de plaisirs immédiats, le sextoy est un objet parfait.

Si les hommes reconnaissent facilement et sans honte particulière se masturber de temps à autre, c’est moins le cas des femmes, facilement culpabilisées par cette pratique. Il est vrai qu’elle n’ont pas eu l’occasion de toucher leur sexe comme il est d’usage chez les hommes pour uriner. Elles peuvent pourtant se stimuler en solo et de façons très variées, comme le font tous les sextoys proposés sur le marché.

De même sans l’usage des mains en serrant très forts les cuisses l’une contre l’autre avec un certain rythme (le sciage). Elle a l’avantage de pouvoir être réalisée en extérieur tout en échappant au regard d’un observateur peu averti.

Elle est souvent une prescription.

La « masturbation prescription » revient souvent dans la prescription non écrite du sexologue. Elle peut avoir un effet pervers, si elle est systématiquement préférée à la relation sexuelle. En aucun cas, la masturbation n’est une perversion sexuelle qui ferait courir le risque de devenir fou ou sourd!

Car ce plaisir solitaire a bien, quelque part, pour finalité une meilleure sexualité.

Vraies et fausses idées

Je m’appelle Marie, j’ai 18 ans et j’ai trois questions à vous poser: peut-on attraper des maladies graves par la salive? Faire l’amour pendant ses règles? Avoir un autre contraceptif que la pilule ou le préservatif?

Baiser

S’il est vrai que l’on peut attraper quelques maladies infectieuses par la salive. Elles sont rares et peuvent se soigner assez facilement. En effet la salive, compte tenu des enzymes qu’elle contient, détruit la plupart des germes et virus. Par contre, le baiser qui met en contact les muqueuses peut transmettre quelques germes infectieux: la MONONUCLÉOSE INFECTIEUSE (maladie du baiser), l’HERPÈS, la SYPHILLIS, quant au SIDA, il n’a jamais été prouvé, jusqu’à présent, qu’il se transmette ainsi. Néanmoins il vaut mieux éviter de s’embrasser lorsqu’on est enrhumé, qu’on présente de petits boutons sur les lèvres ou quelques petites blessures dans la bouche.

Par contre, il faut être plus prudent lorsqu’il y a un contact sexuel avec la bouche. La fellation et le cunnilingus peuvent transmettre l’HERPÈS, la SYPHILLIS, et ce qui est plus embêtant le PAPILLOMAVIRUS. Il est responsable de CANCER DU COL DE L’UTÉRUS chez la femme, mais aussi de CANCER DE LA GORGE chez l’homme et chez la femme.

Il existe un vaccin contre le papillomavirus. Il est fortement conseillé chez les jeunes filles avant leur premier rapport sexuel, ainsi que chez les garçons. Cette pratique a pu permettre à un pays comme l’Australie d' »éradiquer » le cancer du col de l’utérus.

L’amour pendant les règles

Il n’y a pas de contrindication à faire l’amour pendant ses règles. Il a été évoqué, mais sans aucune certitude, que cela puisse provoquer secondairement la survenue d’une Endométriose.

Contraception

Il existe d’autres méthodes contraceptives que la pilule et le préservatif. Les gels spermicides, l’anneau vaginal, les implants hormonaux, le patch hormonal le stérilet. Vous pouvez vous renseigner auprès du PLANNING FAMILIAL ou de votre MÉDECIN GÉNÉRALISTE, GYNÉCOLOGUE ou SAGE-FEMME.

Réponses au courrier reçu

Apprenez à bien connaître votre corps et à l’aimer

« J’ai 21 ans, je vis avec un homme de 23 ans. Nous nous aimons beaucoup, mais nous ne sommes pas heureux, car je n’arrive pas à le satisfaire sur le plan sexuel. J’ai toujours eu une peur bleue de l’amour, surtout de la pénétration. J’aime bien les caresses et les baisers, mais j’ai rarement envie de faire l’amour et je ne ressens pratiquement jamais de plaisir. Pourtant, mon ami est très doux et patient avec moi. Je ne veux pas le perdre. J’ai l’impression de ne pas être comme les filles de mon âge. Que faire? Mlle J.R. Corbeil Essonne

Vous n’êtes pas la seule à ressentir une peur presque panique au moment de la pénétration. Sur le plan inconscient, la pénétration peut représenter le risque d’une blessure, donc être douloureuse (c’est ce qu’on appelle) un vaginisme. Vous pouvez déjà apprendre à mieux connaître votre anatomie et votre physiologie sexuelle. Un miroir et vos doigts suffisent pour voir et explorer votre région génitale aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. N’hésitez pas à toucher votre clitoris afin de découvrir le plaisir qui est un excellent stimulant à cette exploration et un bon préliminaire à une sexualité partagée. Très souvent les jeunes femmes qui vous ressemblent ont des idées préconçues, dévalorisant leur sexe et souvent, même, leur corps. Toutes ces inhibitions trouvent leur origine dans l’enfance et l’adolescence. Commencez donc par faire connaissance avec vous-même et chaque fois que vous vous dites : »ne fais pas cela, ce n’est pas bien, c’est sale » posez vous la question: POURQUOI? Vous comprendrez que vous véhiculez de fausses croyances et que ce sont celles-ci qui sont la source de vos peurs, de vos angoisses, de votre inhibition. Il est parfois utile de consulter.

Femme Fontaine, Ejaculation féminine, Point G (News)

Il ne faut pas confondre éjaculation féminine et femme fontaine. En effet, certaines femmes (rarement malgré tout) vont constater lors de l’orgasme l’émission d’une petite quantité d’un liquide blanc un peu épais qui contient des PSA (prostatic acid phosphatase), comme chez l’homme.

Cette éjaculation féminine correspond à l’émission de sécrétion par des reliquats embryonnaires prostatiques plus ou moins développés. Ce sont les glandes para-urétrales ou glandes de Skènes que l’on retrouve au niveau de la partie postérieure de l’urètre. Elle survient chez certaines au moment de l’orgasme . En cliquant sur ce lien  » éjaculation féminine » vous trouverez un article complet sur ce sujet.

Les glandes para-urétrales débouchent entre le sphincter interne et le sphincter externe (voir schéma). Ils sont assez proches l’un de l’autre ce qui n’est pas le cas chez l’homme. Lors de l’excitation sexuelle, cette partie de l’urètre que l’on appelle l’urètre postérieur se remplit des sécrétions « prostatiques ». Au moment de la jouissance, il y a émission de ce liquide. La quantité étant faible, elle n’est pas visible. L’émission se fait vers l’extérieur et non dans la vessie. Car le sphincter interne (sorte de valve) est plus puissant que l’externe. Par contre, il peut arriver, la vessie étant bien pleine, que le sphincter interne cède au moment de l’orgasme.Il s’y associe une certaine quantité d’urine d’aspect différent car incolore et inodore. « L’éjaculation » devient visible car beaucoup plus abondante.

La difficulté de bien comprendre le phénomène est que si les deux mécanismes sont parfois associés, ils peuvent être isolés. Classiquement chez la femme fontaine, il n’y a pas éjaculation, mais simplement une émission de cette urine particulière par stimulation de l’urètre postérieure qu’elle soit faite manuellement (technique du squirt) ou au cours du rapport sexuel. Il n’est pas provoqué par l’orgasme. Cela a pu être confirmé par une étude récente. Après injection d’un produit colorant dans la vessie avant stimulation sexuelle, celui-ci a été retrouvé dans le liquide urinaire émis par le squirt.

Le point G: Bien des femmes voudraient le localiser. C’est en fait une zone située dans la paroi antérieure du vagin sous l’urètre postérieure. Elle est richement vascularisée et lors des phases d’excitation sexuelle, elle augmente de volume. En fait, ce n’est pas tant la paroi vaginale qui est sensible mais la partie de l’urètre sous-jacente. La jouissance à point de départ vaginal, n’est pas naturelle. Elle est le fruit d’un apprentissage ou érotisation.

Chez l’homme, l’équivalent du point G et le point P situé au niveau de la prostate. Une stimulation de cette zone lors de rapports anaux (sodomie) peut provoquer une jouissance et une éjaculation.

Ils ne faut surtout pas confondre cela avec une incontinence urinaire. Ces mécanismes sont normaux et relativement fréquents.

Frigidité

Ce mot n’est pratiquement plus utilisé, du moins, dans le milieu professionnel. Il désigne, surtout chez la femme, car il est rare qu’un homme soit frigide, l’absence de désir et de plaisir. Les causes en sont multiples, isolées ou associées. Une altération de l’état général retrouvée dans de nombreuses maladies comme le cancer peut en être responsable. Il existe des maladies hormonales comme l’hypo ou l’hyper thyroïdie. Bon nombre de médicaments peut avoir un impact négatif sur la libido: des psychotropes comme les antidépresseurs, les dérivés opiacés, etc…

Mais la plupart du temps, la frigidité est la conséquence d’une problématique psychique personnelle ou relationnelle: anxiété, inhibition, dépression, mésentente conjugale.

La frigidité est rarement irréversible. Elle nécessite souvent une « sexothérapie ». Car il n’existe, à ce jour aucun médicament efficace. La Flibansérine a eu malgré tout son autorisation sur le marché américain, bien que les résultats ne soient pas probants. Elle n’est pas autorisée en France.

Certaines substances, drogues et médicaments sont utilisés (chemsex) pour leur action désinhibitrice sur la sexualité afin d’améliorer les « capacités » ou « performances » sexuelles. Mais ne résout en rien l’absence de désir ou de plaisir. Il n’est pas sans danger.

Ejaculation

L’émission rapide du sperme après la pénétration est loin d’être anormale. C’est un mécanisme réflexe qui survient la plupart du temps lorsque l’excitation sexuelle a atteint une certaine intensité. L’homme est en effet programmé physiologiquement pour éjaculer en 30 à 60 secondes. Malheureusement, compte tenu que sa finalité n’est plus essentiellement procréatrice, la partenaire n’y trouve vraiment pas son compte.

L’éjaculation prématurée ou rapide est excessivement fréquente. Quatre hommes sur dix souffriraient de ce problème. Ce qui ne veut pas dire que les autres maîtrisent tous bien le moment de survenue de l’éjaculation. Maîtriser son éjaculation n’est pas naturel, mais le fruit d’un apprentissage qui demande un peu de temps et fréquemment l’aide du sexotherapeute.

L’éjaculation retardée ou même l’absence d’éjaculation sont souvent retrouvés chez des personnalités rigides qui ne supportent pas l’idée de ne pas maîtriser cet acte réflexe. Mais elles sont aussi secondaires, à une maladie du système nerveux, à la prise de certains médicaments comme les anti-dépresseurs, et aux interventions chirurgicales sur la prostate. Lors des suites d’intervention pour adénome de la prostate (assez fréquente chez l’homme vieillissant), l’éjaculation est souvent rétrograde s’effectuant dans la vessie.

Il est important de savoir qu’éjaculation n’est pas synonyme de jouissance ou d’orgasme chez l’homme. Certains mécanismes réflexes comme une forte émotion (une peur intense) peuvent la provoquer.

Il ne faut oublier de mentionner l’éjaculation féminine qui est bien une réalité pas très fréquente. Elle a pu faire couler beaucoup d’encre (suivez le lien ci-dessus pour en savoir plus.