Une histoire savoureuse
La sexologie, discipline récente, apparue à la fin du XIXème siècle s’est d’abord intéressée à l’homme, «l’animal dominant». Il est aussi vrai qu’étant parfaitement visible, l’examen anatomique de son instrument était plus aisé.
Sa constitution avait été, certes, découverte de nombreux siècles auparavant, mais la médecine moderne balbutiante nous apportait un début de compréhension des mécanismes de son fonctionnement et plus particulièrement de l’érection et de l’éjaculation, processus essentiel à la reproduction et donc à la survie de l’espèce.
Le plaisir ressenti par l’homme et sa satisfaction de mâle ayant accompli son rôle de reproducteur donnaient des familles nombreuses bien que régulées par une mortalité infantile importante.
Un vagin denté
On s’était bien aperçu que certaines «coquines adolescentes» se tripotaient un sorte de petit bouton, le fameux clitoris, situé à la naissance des petites lèvres, mais cela relevait de l’indécence et surtout était non productif. Sa constitution anatomique évoquait de loin et en forte réduction le gland du pénis masculin. En fait ce n’est pas tout à fait vrai (voir le schéma). Et c’est là que l’histoire commence vraiment, notre génial Dr Freud ayant fait du pénis masculin le symbole de virilité, de pouvoir masculin, le clitoris, cette sorte de petit pénis atrophié ne pouvait qu’être chez nos nouvelles féministes que source de frustration, et symboliser leur infériorité vis à vis du mâle. Insupportable! . On connaissait bien l’existence du vagin, mais à part la reproduction qu’elle pouvait être son utilité si ce n’est de «capturer, de dévorer» de ses petites dents l’organe masculin! Ainsi naissent les mythes: vagin denté, angoisse de castration, etc…On comprend qu’une éjaculation rapide, voire prématurée ne pouvait être qu’un avantage, permettant à l’homme d’avoir son plaisir sans risque de se faire déposséder de sa virilité.Vite fait, «mâle» fait! Pour notre cher Dr, le vagin était une absence, un vide, le négatif du sexe masculin. Son seul rôle était d’être pénétré, possédé.
Marie Bonaparte: une élève parfaite
La seule jouissance féminine ne pouvait être que clitoridienne (toujours cette histoire de petit pénis). Il était donc curieux que certaines femmes puissent ressentir un autre plaisir survenant non pas par stimulation de celui-ci, mais au cours de la pénétration. Marie Bonaparte élève aussi géniale que son mentor se dit que si elle ne ressentait pas grand chose au cours des rapports sexuels, c’est que son clitoris devait être mal positionné! La solution est évidente: il faut le mettre au bon endroit d’où ses nombreuses interventions chirurgicales infructueuses.
Comme nous le savons la psychanalyse possède toujours une très forte influence en France, un des seuls pays avec l’Argentine qui lui accordent encore quelque crédit. Mais si cette influence exprimait uniquement une réflexion purement philosophique, ce ne serait pas bien grave, mais elle a transformé des mythes en vérité scientifique impossible à remettre en question.
Il est important de rappeler que la psychanalyse n’est pas une science.
Un article scientifique français paru dans Le Journal of Sexual Médicin nous montre toujours son influence. Il affirmait que: « le clitoris et le vagin ne peuvent être envisagés que comme une unité anatomique et fonctionnelle activée par la pénétration lors des rapports sexuels .
S’il est tout à fait possible qu’un certain nombre de femmes peuvent éprouver un orgasme «clitoridien» lors de la pénétration qui va être qualifié de vaginal, il n’en demeure pas moins vrai que certaines autres femmes éprouvent un orgasme dont le point de départ et le ressenti sont différents. Il part du fond du vagin et n’a rien à voir selon elles avec le clitoridien qu’elles connaissent également.
Et la preuve vient de nous être apportée par le Dr Barry R Komisaruk et ses collègues du département de Psychologie de l’Université Rutgers (USA) . Une exploration du cerveau par IRM a été réalisée. Elle montre que la stimulation du clitoris, du vagin et du col de l’utérus activent des zones cérébrales différentes (voir ci-dessous) Ainsi le Pr Stuart Brody de l’université de West of Scotland peut par cette étude affirmer la possibilité d’orgasmes différents chez les femmes.
Que toutes les femmes ne les connaissent pas est un fait, mais il faut savoir qu’ils sont accessibles à toutes celles qui le souhaite. Lorsqu’elle est découverte sa solution en est une évidence; une aide est souvent utile, mais il faut savoir frapper aux bonnes portes.