Les dyspareunies féminines: comprendre et soigner
L’amour physique est synonyme de plaisir et de détente et pourtant…
Les statistiques nous disent que 15 à 20% des femmes en âge de procréer (18-45 ans),a des rapports sexuels douloureux et cela de manière régulière. La dyspareunie: cette douleur ressentie, lors de la pénétration, ou lors des mouvements de va et vient de la verge dans le vagin est donc une plainte fréquente.. Si la douleur survient au début de la pénétration, cette dyspareunie est dite superficielle. Si la douleur n’existe que lors d’une pénétration profonde, la dyspareunie est dite profonde.
L’engrenage de la douleur
Cette douleur n’a pas sa place dans une vie sexuelle épanouie et ne devrait pas être tolérée. Beaucoup de femmes négligent ce symptôme à ses débuts et le laissent peu à peu envahir leur vie sexuelle et ronger leur désir jusqu’à son extinction. D’autres se laissent convaincre par leur médecin ou leur entourage que tout est dans la tête, culpabilisent en se croyant à la source de leur souffrance et évitent les contacts intimes… Sans oublier que toute expérience douloureuse entraîne une peur de sa répétition et génère un stress anticipant la douleur… Ainsi, la rencontre avec l’être aimé est crainte et n’est plus source d’échange et de rapprochement. De plus, l’appréhension de la douleur provoque une contraction musculaire généralisée, en particulier des muscles du plancher pelvien, contraction qui engendre elle-même douleurs et pénétrations difficiles, d’où une baisse de l’excitation et de la lubrification ,ce qui interdit toute sensation de plaisir. L’anxiété émotionnelle générée par cet engrenage, quant à elle, déculpe la perception de la douleur. Il est inutile de préciser que le climat relationnel s’en trouve souvent perturbé, augmentant d’autant plus le stress. La femme se retrouve ainsi piégée dans l’engrenage de la douleur qui va être responsable d’une baisse de l’estime de soi, d’une diminution de la libido et même d’une dépression. Le non-dit, plutôt que de préserver le couple et la relation, amplifie la souffrance.
Des causes facilement identifiables
Il est assez facile d’en faire le diagnostique et de les soigner. La dyspareunie n’est pas une pathologie en soi, mais le symptôme d’un mauvais fonctionnement. Il est soi d’origine organique (physique) et/ou d’ordre psycho-relationnel.
Il existe des causes banales comme une insuffisance de préliminaires ou une absence de désir. La lubrification et le relâchement musculaires sont insuffisants pour permettre une pénétration agréable.
Physique: il faut rechercher une origine gynécologique, urinaire, vasculaire, dermatologique, ligamentaire.
Psychologique: la représentation inconsciente que la femme a de son vagin et de son utilisation va être très souvent responsable de douleurs . Le plus souvent plusieurs facteurs interagissent, du fait de la perte de confiance en soi et de la culpabilisation. Ils vont prendre le dessus si les facteurs organiques ont beaucoup duré.
De même, la qualité de la relation dans le couple est très importante: communication, confiance et respect sont essentielles pour une sexualité épanouie à deux. Enfin, le vécu personnel de chaque femme affecte sur le plan des émotions sa sexualité. Une éducation très stricte et culpabilisante, une forte pression sociale et/ou familiale mais aussi des traumatismes psychologiques graves (viol, inceste…) peuvent conduire à une dyspareunie sévère.
Les différentes dyspareunies
Douleurs à la pénétration profonde
On retrouve le plus souvent des maladies gynécologiques : infections génitales hautes (au niveau de l’utérus, des ovaires et des trompes) ou ses séquelles, fibromes utérins et kystes ovariens volumineux, endométriose (stérilité, douleurs importantes lors des règles), traitement chirurgical, lésions du col de l’utérus.
« Les monologues de la vulve »
Beaucoup d’inconnues et de mythes subsistent autour des douleurs et des maladies de la vulve tant les facteurs psychologiques et physiques interfèrent et s’intriquent. Il est nécessaire cependant de souligner quelques notions importantes
La vestibulite :
Il s’agit d’une dyspareunie superficielle localisée à l’entrée du vagin, au niveau du vestibule (intérieur des petites lèvres et ouverture vaginale) et de la fourchette vulvaire. Les femmes souffrant de vulvodynie ressentent des brûlures, des sensations de coups de couteau ou de déchirure lorsqu’il y a pénétration dans le vagin (pénis, doigt, tampon, etc.). Chez certaines, la douleur apparaît aussi lorsqu’elles portent des pantalons serrés ou des strings.
Souvent mal diagnostiquée du fait que la vulve a l’air tout à fait normale (il existe parfois une petite rougeur) la vestibulite, elle, est bien réelle dans sa douleur. En effet, le gynécologue à l’aide d’un coton tige peut repérer les points douloureux communs à toutes les doléantes.
Les causes de la maladie sont inconnues, mais plusieurs hypothèses sont envisagées. On recherche une inflammation ou une hyperalgie des nerfs de la région incriminée. Elle est souvent associée à d’autres maladies chroniques telle que la fibromyalgie, le syndrome du côlon irritable et la cystite interstitielle.
- 1. La vestibulite est l’un des motifs de consultation les plus fréquents
- 2.Ce n’est : ni une infection sexuellement transmissible ni un cancer, ni un signe précancéreux
- 3. La vestibulite n’est pas une maladie incurable
- 4.Pour guérir la vestibulite, il n’y a pas de recette miracle (comme celles que l’on trouve dans les forums féminins)
- 5. La vestibulite n’est pas une « maladie dans la tête ».
Une prise en charge s’attaquant aux aspects organiques, émotionnels et psychologiques est la plus adaptée. Ainsi, pourront être associés des conseils pour une bonne hygiène féminine et des crèmes ou gels anesthésiques à un traitement antidépresseur (en cas de troubles de l’humeur) ou à une physiothérapie, ou à la relaxation voire à l’hypnose. Une thérapie de couple courte ou une thérapie cognitivo-comportementale peut être d’une grande utilité.
Persistance de la dyspareunie après traitement médical de la cause
La dyspareunie a le plus souvent comme point de départ une cause organique. Mais il faut bien comprendre qu’après traitement médical de la dyspareunie, il peut persister un phénomène de conditionnement à la douleur. Il est responsable d’une contraction involontaire des muscles qui entourent le vagin: la pénétration reste douloureuse, douleur qui n’est plus d’origine organique, mais psychologique !
Le traitement de cette dyspareunie résiduelle pourra faire appel à des thérapies comportementales comme une désensibilisation progressive de la peur de la douleur lors de la pénétration, associé à un travail musculaire programmé des muscles du plancher pelvien.
Ce travail, étape par étape, permettra de déconditionner la femme à son appréhension de la douleur, la supprimant progressivement lors de la pénétration. La participation du partenaire est recommandée.
Article réalisé avec la collaboration du Dr Sandrine Atallah