Les hommes qui aiment être dominés: Questions à Sofia Hudic

Sofia Hudic, certains hommes reconnaissent aimer être dominés par leur partenaire durant l’acte sexuel. Quelle peut-être l’explication ?

La place du fantasme est déterminante dans la sexualité, et généralement les hommes apprécient de les réaliser. Parmi ces fantasmes, être dominé par une femme figure en bonne place. C’est une manière se « lâcher prise », de s’abandonner,  peut-être aussi de se livrer à des pratiques sous la contrainte afin de ne pas s’en sentir coupable. Toutes les sociétés ont imaginé des parenthèses au sein desquelles ont peut changer de rôle, c’est le cas du carnaval où dans bien des traditions, ce sont les femmes qui choisissent leur partenaires pour les utiliser selon leur bon plaisir.

Quels aspects peut revêtir ce besoin d’être dominé ? Etre attaché ? Etre bâillonné ? Etre insulté parfois ? Prendre des fessées voire des sévices ? A partir de quand peut-on parler de masochisme? Diriez-vous que dans certains cas on peut parler de « perversion » ?

On parle de perversion si et seulement si les pratiques sexuelles jugées déviantes sont les seules que la personne désire, et quand la personne cherche à les faire passer pour la norme afin de contraindre ses partenaires à les accepter. Les pervers cherchent à manipuler leur entourage. Les jeux sexuels entre adultes consentants n’ont rien à voir avec les conduites déviantes. Quand l’homme veut s’abandonner à sa maîtresse, il accepte d’avance ce qu’elle pourra lui faire subir sachant que ces sévices accroissent son excitation. On observe plusieurs modes d’expression du désir de soumission : le désir d’être attaché, ligoté, réduit à l’immobilité, celui d’être isolé (ne rien voir, ne rien entendre, ne pas pouvoir parler), celui d’être malmené (insultes, mais aussi flagellation…). Cela fonctionne généralement au second degré, la situation est par elle-même source d’excitation.

Que pensez-vous de l’idée assez répandue selon laquelle certains hommes « de pouvoir » (dans leur quotidien, leur famille, leur travail) aiment perdre dans l’intimité la figure dominante qu’ils doivent montrer à la société, et ainsi se mettre en position de dominé ?

C’est en effet une explication fréquemment invoquée comme s’il y avait un besoin secret de rétablir l’équilibre entre les pouvoirs. Aussi peut-être une sorte de rite expiatoire. Certains hommes viennent à ces pratiques comme pour se faire absoudre de conduites machistes, pour d’autres, cette perte de pouvoir n’est qu’une illusion car ils ont la certitude de continuer à tirer les ficelles du jeu amoureux, après tout, ils sont à la fois demandeurs et parfois prescripteurs de pratiques de domination ou le soumis n’est pas toujours celui que l’on ligote ou reçoit la fessée. 

Doit-on y voir une « perte de virilité », la recherche d’une vulnérabilité plus « féminine » (inversion des rôles traditionnels) ou au contraire, doit-on y voir le fait d’assumer qu’un homme puisse aussi s’abandonner et se laisser faire ? 

L’envie d’être dominé peut aussi se comprendre comme une recherche d’épanouissement personnel. Aucun être humain n’est à 100% masculin ou féminin mais possède des composantes psychologiques de l’autre sexe. Certains hommes cherchent à déployer leur dimension « féminine » dans ce jeu de soumission. C’est là que l’aspect fantasmatique apparaît clairement, je doute qu’une femme épanouie puisse se reconnaître dans les rôles où son partenaire cherche à faire la « femme ». C’est bien plutôt une caricature de féminité qui est jouée. L’homme qui joue à faire la femme dans son fantasme de soumission choisit un modèle de femme  très demandeuse de sexe comme il peut en voir dans la pornographie. Certains hommes expriment aussi dans les jeux de domination une forme d’homosexualité, soit en croyant inverser les rôles, soit en ayant des pratiques homosexuelles sous la contrainte.

Pensez-vous que certains hommes ont du mal à assumer cet aspect de leur sexualité ? Et pensez-vous qu’au contraire, quand elle est librement consentie, cette pratique peut être épanouissante pour les deux partenaires ?Autrement dit, est-ce que cela peut vouloir dire qu’un homme, un vrai, n’est pas forcément celui qui domine ?

Une sexualité épanouie rend heureux les partenaires parce que chacun, homme ou femme s’y sent réellement acteur de la relation amoureuse. Que l’on soit dominant ou dominé fait partie d’un jeu érotique qui doit se déployer dans le respect de chacun.  Certains couples en font un style de vie, d’autres limitent leurs pratiques à l’intimité, d’autres encore aiment à changer de rôle… Nous n’avons pas à juger. Les repères de la masculinité et de la féminité évoluent, la bisexualité n’est plus tabou, dès l’instant que l’on peut choisir son rôle érotique c’est que l’on a choisi la liberté, fut-ce celle d’être enchaîné…

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Disputes dans le couple: un mal qui nous fait du bien!

Pas une saison ne passe sans qu’on nous rebatte les oreilles à propos des disputes dans le couple. Et la période de Noël en est souvent une source. Pour les uns elles sont nécessaires voire indispensables pour la santé de la relation, pour les autres elles sont une preuve de son «bon» fonctionnement . Gare à ceux qui évitent les prises de bec, haro sur le non-dit, dénonçons à qui mieux mieux les imprudents pacifiques capables de déployer toute leur diplomatie pour éviter l’explosion.

Gardons nous cependant de mettre toutes les disputes dans le même sac, certaines sont positives, constructives, d’autres mauvaises et dévastatrices. Qu’est-ce qui fait la différence? Pour y voir plus clair dans ce monde de discorde disons plutôt que la dispute se comprend soit comme un mode de résolution de tensions, soit comme un fonctionnement relationnel en soi.

Le premier modèle

Le premier modèle pourrait être une métaphore de l’orgasme, la tension monte,  puis se résout dans un déluge de mots, d’interpellations, et parfois d’insultes, puis, quand chacun a vidé son sac, l’apaisement survient naturellement, et la réconciliation sous la couette vient conclure, jusqu’à la prochaine fois. Le cycle peut donc redémarrer, c’est pourquoi on a tendance à croire que la dispute remet les compteurs à zéro et peut donc en ce sens être salutaire.

Le second

Quand la dispute devient un mode relationnel, une sorte de convention de couple, elle est permanente, l’un ne s’adresse à l’autre que sur le ton de la colère et vice versa, à la manière d’adversaires sur un ring de boxe. La violence s’installe peu à peu, mais la dispute n’aboutit à rien d’autre que d’augmenter la souffrance, et l’ampleur du désastre. Certains mots, certains gestes sont irréparables pour le couple et pour l’entourage. Les disputes du couple font souffrir les enfants, et les marquent durablement en leur inculquant un modèle qu’ils auront plus tard tendance à reproduire. 

On peut toutefois s’étonner que le couple dure. Pierre Desproges disait que dans un couple «il y en a toujours un qui pleure et l’autre qui s’emmerde…» Est-ce à dire que les couples qui ne se disputent pas vont mal? On a tous en tête le couple où l’un des deux domine et l’autre subit; cette structure n’apporte peut-être pas le bonheur conjugal, mais garantit une certaine stabilité tant que le dominé ne se rebiffe pas. Dans ce type de couple, il n’y a pas de dispute car l’un des deux abdique avant, soit qu’il n’ose pas s’exprimer, soit qu’avec perversité, il laisse l’autre aller à l’erreur ce qui lui permet de progresser un peu plus sur  l’échelle du «martyrat», et de savourer les échecs de l’autre comme une vengeance secrète .

Illustration

Claude et Hélène sont mariés depuis 20 ans, leur couple est uni, solidaire, aimant mais pas sans nuage, Hélène explique: « quand nous ne sommes pas d’accord, une explication est nécessaire, on met cartes sur table, on s’écoute mais surtout on cherche une solution ensemble, je crois que c’est ça qui fait que notre couple dure.» Claude ajoute: « c’est juste une question de respect et de confiance.»

Ces deux mots font en effet la différence: respect et confiance permettent de s’attaquer aux divergences et non à l’autre, il s’agit bien en cas de désaccord de s’en prendre au problème et seulement au problème.

Achille et Marie ont un point de vue différent, Marie témoigne: « moi je suis très spontanée, quand quelque chose ne va pas, je le dis tout de suite, et même souvent je le crie, on se dispute de temps en temps et là on y va carrément. Après on s’aime encore plus.» «Une bonne dispute de temps en temps ça nous remet les pendules à l’heure» conclut Achille, mais il précise: «au fond, c’est possible parce qu’on ne se dispute pas très souvent, et que sur des bêtises, finalement sans importance, je pense que si nous avions un vrai problème, on en discuterait sérieusement…» 

Les disputes sans conflit seraient donc le modèle à suivre, alors pourquoi se disputer quand on peut se contenter de se chamailler?

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Le Subspace ou l’extase masochiste du BDSM

L’extase masochiste, ou subspace, chez les anglo-saxons, est un état de transe provoqué lors de scènes BDSM. La réduction du champ de conscience en situation d’abandon – du fait de liens, d’un éclairage tamisé, des yeux bandés, et des sensations régulières du fouet sur le corps, en résonance avec une musique répétitive- va provoquer chez certains soumis, et surtout soumises, un état de transe extatique avec ou sans contact sexuel direct. Le  maître du jeu ou « dom » doit bien connaître sa partenaire et parfaitement maîtriser la situation.  

On y retrouve du fait de la dissociation psychique une abolition de la sensibilité et de la motricité surprenante, voire inquiétante pour les non-initiés à ces pratiques.

Autres extases

Madeleine en extase Le caravage

Il existe bien sûr d’autres formes d’extase, connues depuis fort longtemps.  Des rapports sexuels classiques « vanilles » peuvent parfois provoquer une jouissance intense qualifiée de 7ème ciel. L’Extase des mystiques : Marie-Madeleine, Sainte Thérèse, Catherine de Sienne, sont connues pour leurs expériences extatiques intenses « en faisant l’amour avec Dieu». Quelques sage-femmes ont pu observer un orgasme au moment de l’accouchement de certaines femmes. 

Quel en est le mécanisme ?

Il s’agit d’un processus dissociatif bien connu par quelques hypnothérapeutes.

Lorsque nous vivons un événement, notre cerveau va dissocier les éléments factuels, qui vont rester conscients, des affects (émotions et sensations) qui sont enregistrés à un niveau inconscient.  Pour simplifier les choses, nous allons représenter cela par la notion de personnalité première (le conscient) et la personnalité seconde (l’inconscient). Elles ont été inventées par le Dr Pierre Janet.  Nous avons tous, en effet, une double représentation de notre personne. La première, qui correspond à l’ensemble des cognitions : anatomie, physiologie, en fait tout ce que nous avons appris en utilisant notre esprit rationnel. La seconde est faite de sensations et d’émotions intemporelles, inaccessibles en tant que telle, mais qui peuvent émerger à la conscience par l’intermédiaire d’une analogie ou une métaphore. Par exemple, dans un jeu SM, le sentiment passionnel peut être symbolisé par les cordes, les liens qui nous « attachent » à l’autre.  Lors de l’accouchement, l’amour est représenté par le bébé. Le vagin en est donc rempli.

Dans un état « normal », le processus dissociatif n’a pas lieu, et c’est la personnalité première, la plus corticalisé qui se manifeste. Il arrive parfois quelques échappements, ce sont les lapsus, et les actes manqués chers à la psychanalyse. 

Par contre, dans certaines circonstances, spontanées ou provoquées, la personnalité seconde va se manifester. La transe chamanique, facilitée par la prise de certaines substances, va entraîner le chaman dans le monde des « esprits ». Ce monde est lié au contexte socio-culturel, c-a-d aux croyances. 

Les crises des hystériques, décrites au XIXème siècle par certains psychiatres ou psychologues, Janet, Charcot, Bernheim ou Freud, pour n’en citer que quelques-uns ne sont que les manifestations de cette personnalité seconde survenant spontanément. Ce qui explique la facilité qu’ils avaient à provoquer l’hypnose (technique dissociative) chez ces sujets. On peut comprendre l’importance de manifestations à caractère sexuel de ces « crises d’hystérie » (d’où la dénomination) car l’époque était connue pour son puritanisme et la répression de la sexualité féminine (toujours l’importance du contexte). Nous pouvons appliquer la même analyse pour les extases mystiques, la martyrologie où l’esprit de la personne s’évade dans un autre monde, celui de la personnalité seconde.

De nos jours, certaines techniques, comme l’hypnose et la méditation, permettent de provoquer cette dissociation qui reste néanmoins partielle. L’état de transe nécessite une dissociation quasi complète, sinon c’est le sommeil. Ce qui différencie la transe du rêve, c’est la persistance d’un contact plus ou moins ténu avec le monde extérieur, éventuellement l’hypnothérapeute ou le, la « dom ».

La disparition ou la transformation de toute sensation corporelle superficielle nécessitera donc une hypnose profonde.

On retrouve dans l’extase amoureuse ou masochiste cet état de transe. Les coups répétés du fouet lors du subspace provoquent progressivement une réduction du champ de conscience. Le corps donc la douleur disparaît au profit de la sensation d’être envahi(e), rempli(e) de……c’est fonction de chacun(e). Chaque soumis (e) »sub » a son propre chemin. 

Si la transe extatique ne présente en soi aucun risque, le contexte de survenue SM (positions, liens, etc…) n’est pas sans danger. C’est donc tout l’art du maître ou maitresse du jeu de le prévenir. L’usage de substance agissant sur l’état de conscience est à éviter Chemsex).

Les recherches en neurosciences, grâce à l’imagerie fonctionnelle cérébrale, ont mis en évidence un déplacement des zones cérébrales actives au cours de ces états modifiés de conscience.  En simplifiant un peu, la personnalité seconde correspond aux structures cérébrales archaïques, les plus anciennes, alors que la première correspond plus aux structures corticales les plus récentes dans l’évolution. Les structures archaïques agissent sur l’ensemble du corps de manière inconsciente par l’intermédiaire du système nerveux autonomes et des neuromédiateurs. Ce qui peut expliquer les phénomènes de somatisation ou encore l’effet placebo. 

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La petite histoire du préservatif

Mythes et  légendes de l’Antiquité

Antoninus Liberalis, écrivain ayant vécu au second siècle après JC  est l’auteur d’un recueil intitulé “les métamorphoses”. Parmi les légendes qu’il présente, on trouve un texte qui fait explicitement référence à l’usage d’un préservatif.

“ La semence de Minos, roi de Crète, contenait des serpents et des scorpions. Toutes les femmes avec qui il cohabitait, succombaient. C’est pourquoi il épousa Pasiphaé, fille immortelle du roi du soleil. Mais cette union restait stérile. Prokris, fille d’Erechteus s’étant querellée avec son mari Cephalus, se réfugia auprès de Minos. Elle eut l’idée de façonner une gaine avec une vessie de chèvre qui fut introduite dans le vagin d’une courtisane. Le roi Minos se libéra de sa semence venimeuse et s’unit immédiatement après avec Pasiphaé, il put ainsi procréer et eut huit enfants au nombre desquels Ariane et Phèdre.”

Cette légende laisse supposer que les anciens utilisaient des dispositifs contraceptifs et anti-infectieux.  Pourtant, contemporain de Liberalis, le médecin grec Soranos d’Ephèse dont les traités de gynécologie et d’obstétrique feront autorité jusqu’à la Renaissance, ne fait pourtant jamais allusion au préservatif.

Les préservatifs dans l’archéologie

Peintures rupestres, antiques statuettes égyptiennes, divers objets attestent de l’existence d’étuis péniens dont le rôle ne semble pas toujours bien clair.  Au Japon, les fameuses “boîtes joyeuses” ou Kabuta-Gata contiennent un étui en forme de pénis fait d’écaille de tortue, de corne ou de cuir, destiné à la contraception, mais pouvant aussi servir de “tuteur” en cas d’érection défaillante. En Chine, le papier de soie huilé sert à fabriquer des préservatifs depuis le second siècle avant JC; cette technique est encore citée quelques dix siècles plus tard. 

Le Kama Soutra, célèbre manuel indien (environ 4 siècles avant JC) évoque l’utilisation d’anneaux de métal, de bois ou d’ivoire à placer autour du pénis. Il semble toutefois que leur rôle ait été plus celui d’un jouet érotique que d’un dispositif de protection…

Repères historiques

Il ne fait aucun doute que les grecs et les romains utilisaient des préservatifs fabriqués à partir de vessie de chèvre pour les premiers, et de caecum de bouc pour les seconds. Limiter les grossesses et se protéger contre les infections reste le souci majeur. En effet, et contrairement à ce que l’on croit, la syphilis aurait déjà sévi à cette époque comme l’attestent la découverte dans les ruines de Pompei, de squelettes d’enfants atteints de déformations dentaires typiques d’une contamination par la mère au cours de sa grossesse. Il semble aussi qu’ Hippocrate, célèbre père fondateur de la médecine, ait décrit la maladie. D’autres découvertes confirment la présence de la syphilis en Europe. Des squelettes découverts au 13e siècle dans un monastère de Kingston-Upon-Hull, (port du Nord Est de l’Angleterre) portent des traces de déformations osseuses caractéristiques. On comprend alors l’urgence de trouver des moyens de se protéger contre ce mal dont aucune nation ne chercher à revendiquer l’origine.

Au moyen âge, la religion entretient l’ignorance et la culpabilité à propos de tout ce qui concerne la sexualité. L’acte sexuel qui n’aboutit pas à la procréation est condamné, et la contraception considérée comme un crime. Dans un ouvrage intitulé: the fight for acceptance : a history of contraception (Publisher: Medical and Technical Publishing Co, Aylesbury, Bucks, UK Date Published: 1970) , les auteurs Wood, Clive et Beryl Suitters  affirment que les méthodes romaines ont été redécouvertes à cette époque.

Au 16e siècle, Gabriele Fallopio, (1523-1562) anatomiste et chirurgien italien imagine un dispositif destiné à protéger les soldats de la syphilis encore appelée “mal français” ou “mal napolitain”. Il s’agit d’un fourreau de tissu imprégné d’une décoction d’herbes. Mais, il semble cependant que le médecin préconisait de s’en servir après avoir eu des rapports comme une sorte de désinfectant, et non avant pour prévenir la contamination. Le procédé de Fallopio sera repris en 1640 par un professeur de la faculté de médecine de Montpellier.

Au 17e siècle, le mot “condom” fait son apparition en Angleterre pour désigner le préservatif, de nombreuses histoires plus ou moins fantaisistes circulent à propos de l’origine de ce mot. En France, la possession ou la vente de cet objet toujours fabriqué en boyau animal sont interdites. Le roi Louis XIV l’aurait utilisé malgré son inconfort et son manque de sécurité . La Marquise de Sévigné, dans une lettre à sa fille la Comtesse de Grignan  écrivait : « c’est une cuirasse contre le plaisir, une toile d’araignée contre le danger « , Cet aphorisme sera attribué un siècle plus tard, à la baronne de Staël, fille de Necker.

Au 18e siècle, débute la fabrication “industrielle” du condom. Tout commence à Utrecht, ville des Pays bas où se tient en 1712 une conférence internationale devant mettre un terme à la guerre de succession d’Espagne.  La présence de personnages importants attira celle de courtisanes et plusieurs bordels furent alors ouverts. Les maladies vénériennes étaient fréquentes, et pour les éviter, un artisan eut l’idée de fabriquer des préservatifs en améliorant nettement la qualité de ce qui existait auparavant. Certains diplomates présents à la conférence rapportèrent en souvenir d’Utrecht quelques échantillons de ces “petites cuirasses” ce qui donna l’idée à des industriels d’en fabriquer et d’en vendre. Le célèbre libertin Giacomo Casanova (1725-1798) nomme les condom “capote anglaise”, et écrit dans ses Mémoires “ Jamais je n’irais m’affubler d’une peau de mort pour prouver que je suis bien vivant”. Cependant, il finit par en faire une consommation importante et régulière dans un but contraceptif et commente: “ Il y a dix mois, j’aurais appelé cela une invention du diable, mais j’estime aujourd’hui que son inventeur devait être un homme de bien”. En 1736, dans son traité intitulé « De Morbis venereis », le docteur Jean Astruc, professeur à la Faculté de Toulouse  (1684-1766) écrit: « …en Angleterre les grands débauchés, ceux qui passent leur vie dans les bras des prostituées, se servent depuis quelques temps de sacs faits d’une membrane très fine et sans couture, en forme de fourreau et qu’on appelle en anglais condum. Ils en recouvrent complètement le pénis avant le coït, afin de se protéger contre les risques d’un combat dont le résultat est toujours douteux. Ils pensent que, ainsi protégés et la pique bien cuirassée, ils peuvent impunément braver le danger des amours banales « .

Peu à peu l’usage du préservatif se banalise car les maladies vénériennes font des ravages ainsi que le commente Voltaire dans une lettre : “ Quand trente mille homme combattent en bataille rangée contre des troupes égales en nombre, il y a environ vingt mille vérolés dans chaque camp…

Le British Museum de Londres a même exposé les plus anciens préservatifs du monde, vieux de 350 ans, qui avaient été trouvés lors de fouilles menées dans les années 1980 au château de Dudley, dans la région des West Midlands (centre de l’Angleterre). Ces étuis péniens, qui ont été fabriqués avec des intestins d’animaux, sont soigneusement cousus à une extrémité, tandis que l’autre bout comporte un ruban permettant de le maintenir serré une fois en place. Le musée expose des exemplaires remontant aux 16e, 17e et 18e siècles. Ces ancêtres du moderne « condom » étaient, fait remarquable, aussi fins que ceux d’aujourd’hui fabriqués industriellement. Mais ceux du 17e siècle sont plus étroits d’environ 18,5 mm, alors que ceux du 18e siècle sont plus larges d’environ 11,5 mm, ce qui représente une énigme pour les historiens. Selon David Gaimster, expert au British Museum, ces préservatifs « étaient destinés à des hommes fréquentant des maisons closes, qui les utilisaient non pas comme moyen de contraception mais afin de se prémunir contre les maladies vénériennes », notamment la syphilis.

Au 19e siècle apparaît une nouvelle génération de préservatifs. Charles Goodyear (1800-1860) invente en 1839 la vulcanisation, un procédé qui rend le caoutchouc élastique et beaucoup plus résistant , il obtient le brevet en 1844. En 1843-1844 commence la production massive de préservatifs à base de caoutchouc vulcanisé.  La société britannique Mac Intosh, spécialiste de l’imperméable fabrique des préservatifs en caoutchouc vulcanisé lavables et réutilisables.  La qualité est très variable ce qui suscite des opinions contrastées à ce sujet. Pourtant certains médecins français, dès 1877,  comprennent l’intérêt du préservatif: “ En diminuant de façon notable le chiffre et la gravité des maladies vénériennes, ils soulagent d’autant les charges de l’assistance publique et réduisent le nombre des infirmités incompatibles avec le service militaire et les professions nécessitant une santé robuste.

Au 20e siècle. En 1901 apparaît le premier préservatif muni d’un réservoir, et dès 1914 l’objet fait partie du paquetage des soldats allemands, mais pas des français… Bien que la loi condamne les procédés anticonceptionnels et leur publicité, le préservatif, considéré comme un produit d’hygiène et de prophylaxie des maladies vénériennes, échappe à cette censure. Une importante innovation a lieu en 1935: l’utilisation de latex liquide permet de fabriquer de meilleurs préservatifs. Les soldats américains qui débarquent en 1944 ont des préservatifs dans leur paquetage, présentés dans des boîtes rondes, on les surnomme ‘dollars”. En 1950 la société Durex met en vente le premier préservatif lubrifié. On trouve les préservatifs en vente dans les pharmacies, puis dès 1960 dans les sexshops. Mais en 1963, la première pilule contraceptive fait son entrée sur le marché français, ce qui va détrôner le préservatif.

Ce n’est qu’après l’apparition des premiers cas de sida dans les années 80 que, progressivement, le préservatif fait un retour en vogue soutenu par la plupart des pouvoirs publics à travers le monde.

Depuis 1985, les préservatifs sont soumis à des normes AFNOR plusieurs fois réactualisées, et les fabricants à l’affût d’innovations qui pourraient encore améliorer la qualité et la fiabilité du produit.

Depuis 1987 en France, de nombreuses campagnes publicitaires ont été menées par les pouvoirs publics afin de convaincre d’utiliser des préservatifs en prévention du sida. S’adressant notamment à un jeune public , les autorités religieuses n’ont pas manqué de dénoncer ces campagnes et de contester l’efficacité de la méthode.

Si le Vatican est resté longtemps farouchement opposé à l’utilisation du préservatif en raison de son rôle contraceptif, en 1995, les évêques de France publient un livre dans lequel ils reconnaissent l’utilité du préservatif pour se protéger du sida… La publication de la mortalité pour cause de Sida en Europe plaçait la France et surtout l’Espagne (respectivement 88,5 et 139 décès pour 1 million d’habitants) loin devant des pays comme le Royaume Uni ou l’Allemagne (20 à 30 décès pour 1 million d’habitants). Il était clair que l’utilisation du préservatif faisait la différence, ce qui n’a pas manqué d’influencer les avis des évêques français et espagnols.

Le 21 ème siècle voit malheureusement une diminution de son utilisation. Si l’usage de la Prep permet d’éviter le Sida, il ne protège pas des autres IST? On constate une recrudescence de cas de Syphilis,de Gonnococie, d’infection par Chlamidiae et Papillomavirus.

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Le préservatif

POLITIQUEMENT INCORRECT,

De nos jours le préservatif semble être un outil indispensable à la sexualité; il ne faut cependant pas se voiler la face et affirmer qu’il n’y a aucune différence entre un rapport  avec et un rapport sans préservatif. L’usage du préservatif retentit obligatoirement sur la qualité des rapports même si ceux-ci sont agrémentés d’artifices: rainures, picots, vibrateur voire même musical, etc…!! La sensibilité vaginale n’est pas telle que la femme puisse en percevoir une quelconque différence! 

N’oublions jamais que notre principal organe sexuel est notre cerveau.

Et dès que le rapport sexuel dure plus de 10 minutes l’usage du préservatif devient problématique car très rapidement irritant pour une muqueuse vaginale insuffisamment lubrifiée, l’idéal étant dans ce cas d’en changer régulièrement, toutes les 10 mn ou d’ajouter un lubrifiant adapté à cet usage. D’autre part la moindre défaillance érectile, ce qui peut se concevoir au bout d’une certaine durée  de rapport, risque de provoquer l’égarement de l’objet dans la cavité vaginale lui faisant perdre ainsi toute utilité.

Donc le préservatif c’est très bien pour une durée de rapport qui n’excède pas une dizaine de minutes.

Aussi s’il s’agit de “baiser” ou de “tirer un coup”, il est certainement indispensable, mais quant à faire l’amour son utilisation paraît plus contestable.

Comme nous l’avons évoqué dans un précédent article, il existe deux niveaux de sexualité: le niveau pulsionnel et le niveau relationnel. 

On peut tout à fait admettre que s’il s’agit de se soulager de ses pulsions, le préservatif ne présente aucun inconvénient, bien au contraire. Mais quand il s’agit d’établir une véritable relation amoureuse, il est plus difficilement concevable sauf dans des cas précis: contraception, IST. C’est comme si on se caressait avec une paire de gants.

En Conclusion quelle serait la bonne conduite à tenir.

Lors de premières rencontres ou d’une aventure d’un soir avec une nouvelle personne; c’est aussi une question de respect et de responsabilité, le préservatif est indispensable. Si la relation perdure dans le temps et que s’établit une véritable relation affective avec instauration d’un climat de confiance, on peut envisager sa non utilisation mais après avoir pris quelques précautions.

-une contraception efficace

-une sérologie HIV (sida), HVC  (hépatite C) avec consultation médicale s’il existe quelques doutes pour d’autres MST. La sérologie HIV doit être réalisée après 3 mois d’abstinence, ou d’utilisation systématique du préservatif.

Il est enfin possible de ne pas utiliser le préservatif lors d’une rencontre que l’on souhaite durable dans le temps. Il s’agit dans ce cas d’utiliser la période d’abstinence pour se découvrir.

Quid des rapports anaux ou bucco-génitaux: fellation, cunilingus.

Ne serait-ce que par hygiène, l’usage du préservatifs dans les rapports anaux est indispensable. On doit savoir que la muqueuse anale est beaucoup plus fragile et laisse beaucoup plus facilement passer les germes ou virus dans le sang.

Fellation et cunilingus

Quant aux rapports bucco-génitaux, s’il s’agit d’une sorte de masturbation réciproque, il vaut mieux utiliser une protection comme le préservatif, par contre si ce type de rapport s’inscrit dans une véritable relation amoureuse où chacun y trouve son plaisir, pas uniquement le plaisir de recevoir mais aussi le plaisir de faire, on en revient à ce qui a été dit précédemment, c-a-d une prise de sang dans les délais prévus avant toute pratique.

Une personne vierge en bonne santé, n’ayant jamais reçue de transfusion n’a pas besoin normalement de subir une prise de sang, ni d’utiliser un préservatif sauf pour des raisons contraceptives lors de relations sexuelles avec une personne se trouvant dans la même situation ou ne présentant aucun risque.

Attention, néanmoins aux piercings et tatouages divers qui peuvent représenter une porte d’entrée aux microbes et virus de tout genre. Les conditions d’hygiènes en particulier l’usage de matériels parfaitement stériles est impérative.

Ne pas oublier non plus d’attendre une cicatrisation complète en cas de piercings génitaux.

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Catalogue des prix d’amour

de Mademoiselle Marcelle LAPOMPE

Pour terminer, l’année avec le sourire. Le langage en est très savoureux et plaisant rare document toujours lisible malgré les années avec quelques expressions à deviner

Doit-on vraiment encadrer l’infidélité?

Doit-on vraiment encadrer l’infidélité pour la déculpabiliser, voire la décriminaliser ? Même animé des meilleurs sentiments, nul ne peut prétendre être assez fort pour résister à une tentation. Beaucoup de couples traversent des phases de lassitude, des habitudes se sont installées, le désir faiblit surtout si la sexualité est restée ancrée à des niveaux pulsionnels, et mécaniques. 

Le projet de couple n’a pas été mis à jour, les disputes ne se soldent plus sous la couette et la fidélité est menacée. Certains couples parviennent à déjouer ces écueils par des tentatives d’encadrement de l’infidélité. Le libertinage, l’échangisme apparaissent pour certains comme un moyen simple de remédier à la désertification érotique. Les sports collectifs conjugaux ne sont pas exempts de dangers, qui sait, le plaisir sera peut-être plus intense dans une étreinte étrangère ? Croire qu’on peut limiter la rencontre à ses aspects sexuels n’est qu’un leurre, on ne sort pas indemne de tous les échanges… 

Quel que soit l’angle de lecture utilisé, un manquement à une promesse reste une transgression. Même si on justifie, même si on explique pourquoi elle a eu lieu, la transgression a été à un moment voulue, désirée, réalisée. L’érotisme n’est pas un conte de fées rose bonbon pour poupée Barbie, il est par nature acte de transgression puisqu’il détourne le but primitif de la sexualité. Il se pare de toutes sortes de déguisements mais s’inscrit toujours en décalage vis-à-vis d’un ordre établi. Les autorités, religieuses, civiles, médicales se sont depuis toujours relayées pour encadrer sévèrement la sexualité dans toutes ses expressions qu’elles soient pulsionnelles, ou érotiques et relationnelles. Mais, l’être humain, dans sa quête d’épanouissement de soi rencontre très tôt un défi transgressif qu’il lui faut relever sous peine de vivre sa vie en pointillés. C’est en quelque sorte un parcours initiatique que valide la reconnaissance en tant qu’acteur de sa vie, et de ses groupes d’appartenance. Convoiter et batifoler avec un partenaire en principe interdit, c’est rompre avec l’image du mari ou de la femme chaste et sage, prévisible et si ennuyeuse… C’est entrer dans le camp de ceux qui osent vivre leurs passions même si cela doit menacer leur petit confort, c’est faire la démonstration qu’on assume ses émotions. Si on met en balance «rester sage » et « aller voir ailleurs », l’équilibre penche souvent en faveur de l’infidélité tant les bénéfices secondaires semblent déterminants…

L’aveu désavoué?

Une question hante les réflexions sur l’infidélité, faut-il ou non «avouer» ? Dans l’art d’aimer, le poète latin Ovide ( 43-17 av JC) est formel et ne se fait pas d’illusion sur la fidélité: « Ce n’est pas que, censeur sévère, je vous condamne à n’avoir qu’une seule amie. Aux dieux ne plaise ! C’est à peine si une femme mariée peut suivre cette conduite. » Il ajoute : « Si tes actes, quoique bien cachés, viennent à se découvrir, nie-les jusqu’au bout. Ne sois ni soumis ni plus caressant qu’à l’ordinaire ; ce sont là de fortes marques d’un cœur coupable. » Certes, on n’imagine mal l’infidèle venir se vanter de ses exploits auprès de son (sa) partenaire officiel (le), mais nier l’évidence peut aussi être compris comme une lâcheté, c’est aussi se mentir à soi-même, se tromper. L’infidélité marque une rupture dans le couple, ne faudrait-il pas voir dans l’aveu face à l’évidence une occasion d’affronter les problèmes, les manques de communication, l’incompréhension. Le couple que formaient Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir se voulait libre, fût-ce au prix de souffrances morales face aux errances amoureuses de chacun. 

Jacques Brel chantait les vieux amants (1967) 

« Moi, je sais tous tes sortilèges Tu sais tous mes envoûtements Tu m’as gardé de pièges en pièges Je t’ai perdue de temps en temps Bien sûr tu pris quelques amants Il fallait bien passer le temps Il faut bien que le corps exulte Finalement finalement Il nous fallut bien du talent Pour être vieux sans être adultes »

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La flexogamie: remède à l’infidélité?

Qu’en est-il vraiment ici et aujourd’hui ? Ne faut-il pas éviter de prendre pour vérités des discours et prises de positions qui n’ont d’autre légitimité que celle de se faire entendre ? Une nouvelle mode arrive des États Unis : la flexogamie. Pour certaine célébrités américaines, c’est en la pratiquant qu’ils ont sauvé leur couple. 

En quoi consiste ce remède miracle ? Il s’agit tout simplement de gérer l’infidélité pour qu’elle ne soit plus subie, mais choisie. Quatre règles simples doivent être observées, d’abord, l’infidélité ne doit pas être préméditée, pas question de partir à l’aventure muni de son baise-en-ville déguisé en attaché case, en boîte à violon ou autre innocent bagage. Ensuite, il faut s’assurer que l’on ne reverra jamais la personne qui, par le plus heureux hasard, se trouvait là au bon moment. Cela implique que si, au final, on s’est trompé, il n’y a plus qu’à recommencer… Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage, l’adage de nos grand’mères reprend du poil de la bête. Il convient également d’éviter les proches de son partenaire, on exclut d’office les copains et copines, les collègues de bureau, le boss et autres connaissances. Et enfin, même en flagrant délit, il ne faut pas avouer. D’ailleurs, si on a admis les principes de la flexogamie, comme il n’y a plus de faute, il n’y a plus rien à avouer. Cette nouvelle mode s’appuie sur une logique contractuelle, le couple délimite le permis et l’interdit au moyen de règles que chacun doit accepter et respecter. La flexogamie lave plus blanc et absout l’infidèle gagnant à tous les coups ! Respecter les règles tout en ne se privant de rien ! Dans de telles conditions la transgression devient impossible… Le meilleur des mondes en somme… Enfin, surtout pour l’homme, qui, excelle à dissocier sexe et amour… Si on défend avec véhémence l’égalité des sexes, il semble normal que la flexogamie soit pratiquée également par chacun. Si on pense qu’en ce domaine l’équité est plus juste, on devra revisiter les contrats habituels et redéfinir les règles de jeu de son couple en tenant compte réellement des attentes de chacun.

Tromper ou se tromper?

Pourquoi dit-on « tromper » quand on parle d’infidélité ? Qui trompe, qui se trompe ? L’infidélité est-elle dangereuse ? Pour qui précisément ?

Si on examine de près les raisons qui animent l’infidèle, on ne trouve que très rarement l’envie de nuire à l’autre, dans ce cas pourquoi dit-on qu’il trompe l’autre ? Bien sûr, on peut pécher par omission, taire ses escapades extra conjugales, mais ce n’est pas si simple. La fierté du « pas vu pas pris » pousse l’infidèle à commettre des erreurs comme pour forcer l’attention de l’autre. Se vanter de ses conquêtes devant les copains ou les copines flatte la vanité et gomme une éventuelle culpabilité. 

C’est que, pour être un bon infidèle il ne faut pas faire souffrir l’autre. La tromperie est donc une conséquence de l’infidélité, elle ne la précède pas ! La vengeance quand elle anime un conjoint déçu, blessé, ou jaloux, ne prend qu’occasionnellement la forme d’une infidélité. Découvrir l’infidélité de l’autre, place automatiquement dans la catégorie « trompé », or, qu’on soit homme ou femme, c’est toujours une insulte, un vivant reproche, voire même une juste punition pour manquement à ses devoirs… 

De victime on devient alors coupable, la plainte énoncée n’aboutit qu’à se ridiculiser un peu plus, il ne reste plus qu’à assumer l’humiliation, ou s’enfuir… Le partenaire qui découvre l’infidélité ne s’y trompe pas, il accable rarement l’autre et rejette la faute sur l’intrus, ou la Messaline qui a provoqué son chéri : « qu’est-ce qu’il lui trouve ? Que lui a-t-il fait pour qu’elle me trompe ?… ». Beaucoup de jeunes couples aujourd’hui entendent établir des règles rigoureuses de fidélité , la moindre incartade signifie l’agonie de l’amour et implique la rupture. Audrey témoigne : « je suis romantique, aimante, poète et exclusive, je veux être la femme d’un homme et que cet homme soit le mien. » Vivien explique sa position: « si elle regarde un autre homme et le trouve désirable, c’est déjà de l’adultère, elle insulte notre amour ! »

À suivre: Doit-on vraiment encadre l’infidélité?

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L’infidélité

Alors que le sexe a envahi notre paysage médiatique, la liberté sexuelle semble en régression, si on en juge d’après les proclamations véhémentes de certaines voix se réclamant des valeurs morales, et le climat d’hypocrisie qui entoure l’ensemble d’un voile censé pudique… « Ce qu’on appelle la liberté chez les uns, s’appelle licence chez les autres » écrivait Quintilien au 1e siècle. Avec l’option consumériste compassionnelle en vogue aujourd’hui, l’obligation de jouir affronte la pression morale et produit des solutions étranges à cette question qui fâche. L’infidélité se limite-t-elle aux pratiques sexuelles avec un partenaire autre que celui dûment officialisé, ou bien le désir d’aller voir ailleurs, est-il déjà une faute ? Si on adopte la première option, cela aboutit à une vision contractuelle du couple, il suffit donc d’énoncer les règles et de les changer si on les trouve difficiles à accepter : la mode de la flexogamie illustre la tendance. Si on tient pour vrai que l’infidélité commence dès qu’on regarde l’autre sous l’angle du désir, alors, on la combat en accumulant les remparts contre la séduction même inconsciente. L’examen attentif de sa conscience, la quête de la pureté s’accompagnent de la logique de l’aveu, du pardon, de l’expiation… On peut aussi considérer la fidélité comme une utopie et s’en remettre aux déterminismes biologiques.

Les hommes et les femmes sont ils égaux en infidélité?

Pendant des siècles, la femme apparaissait toujours plus coupable que l’homme en cas d’infidélité. Cela reste vrai dans certaines cultures qui condamnent à mort les femmes dites infidèles sur simple déclaration du mari s’estimant trompé. Dans les sociétés occidentales post modernes, la femme maîtrisant sa fécondité, elle peut décider qui sera le père de ses enfants; si elle décide de prendre un amant, cela ne menace pas nécessairement la lignée. 

Mais, peut-on en quelques décennies effacer des siècles de domination masculine ? Pas si sûr, une femme qui accepte une aventure sexuelle s’investit aussi affectivement, elle cherche une qualité de relation et d’attention qu’elle ne trouve pas auprès de son partenaire. La récente enquête sur le comportement sexuel des français montrait que les femmes occupant des responsabilités socio professionnelles importantes se comportent de plus en plus « comme des mecs ». Cela montre ostensiblement que l’enquête applique des références masculines dans ses questionnements, et l’analyse de leurs résultats. 

L’homme infidèle a longtemps été considéré comme « normal », car il ne faisait qu’obéir à sa nature cherchant dans l’infidélité la satisfaction de « besoins » sexuels impérieux et trop importants pour une seule femme souvent peu disposée à accomplir le « devoir » conjugal. Dans son livre « L’Harmonie des plaisirs», Alain Corbin décortique les discours médical et religieux du 18e au 19e siècle qui généralement partagent les mêmes croyances à propos de la sexualité. Beaucoup pensent encore aujourd’hui que l’homme est déterminé à la chasse amoureuse, par des facteurs biologiques, plus il a de partenaires et plus il a de chances de disperser ses gènes… L’infidélité masculine serait donc inévitable, et peut-être même nécessaire… S’il s’agit de se reproduire, on l’aura compris. 

Différentes représentations mentales s’associent à l’infidélité : celle de l’homme reste vénielle, celle de la femme porte en elle des indices d’abandon, de rupture. Amour et désir féminins sont inséparables et s’ils changent d’objet, le partenaire délaissé éprouve un sentiment de vide, de trahison. Amour et désir masculins cohabitent en parallèle, rien ne les empêche de se diriger vers différents objets. Autrement dit, un homme qui « va voir ailleurs » ne cesse pas pour autant d’aimer sa partenaire, il n’a pas l’impression de commettre un crime contre l’amour. Pourtant, s’il était délaissé, l’infidélité de sa femme en serait un.

À suivre: La flexogamie: remède à l’infidélité?

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Entre féminisme et féminité : comment être une femme…

Être une femme en France aujourd’hui, cela signifie avoir les même droits qu’un homme et trouver cela naturel, sans forcément se penser féministe. C’est aussi porter une personnalité et une identité féminine, que l’on voudrait pouvoir exprimer tout aussi naturellement. Mais ce n’est pas si évident…

Une certaine féminité est définitivement porteuse d’infériorité

L’image est rebattue, presque radotée, mais tellement fascinante qu’elle en est incontournable. Illuminé par les spots de télévision, un groupe de jeunes femmes en maillot labellisé et écharpe brodée ou robe chatoyante prend la pause, cheveux lissé et sourire figé. C’est le grand soir, la glorieuse élection des Miss, le destin esthétique de notre pays est en jeu. De l’autre côté de l’écran, il y a vous, sourire méchant aux lèvres, occupée à calculer : « à raison d’un neurone et demi par Miss, multiplié par le nombre de candidates = plus ou moins la capacité intellectuelle d’un poulailler industriel ? ».

Un peu facile, certes, mais derrière la critique le malaise est réel. Car enfin, ce qui apparaît dans cette anecdote, c’est qu’une femme défilant comme une vache laitière au salon de l’agriculture ne se contente pas de se ridiculiser, elle m’atteint aussi, spectatrice, en s’arrogeant le droit de me représenter. Il en va ainsi pour tout symbole de féminité, porteur de l’identité d’un groupe. Mais peut-on vraiment se reconnaître dans cela ? Ne se sent-on pas dévalorisée devant cet étalage de produits régionaux ? Sans doute, et il est clair qu’une certaine féminité est définitivement porteuse d’infériorité. 

Le monde du travail, machine lourde et réfractaire au changement, en est le vivant exemple où les cas de discrimination sournoise, pour cause de sexe faible, ne manquent pas. Dans cet univers, les femmes seraient porteuses de « caractéristiques » spéciales qui les prédisposeraient à certains postes dans des domaines particuliers comme le social ou la famille. Les témoignages de femmes, affirmant préférer à leurs homologues féminins les infirmiers ou les coiffeurs, pour leur douceur et leur savoir-faire, sont délibérément omis. De fait, l’imagerie collective se fait encore étonnamment l’écho d’indétrônables catégories telles que la femme-mère et la femme-objet, un rapide détour par la publicité suffit pour s’en convaincre. Reste la féministe, masculine, castratrice et portant haut le joli vocable des Chiennes de Garde.

Il serait cependant faux de croire que cette situation est communément répandue autour de nous. Notre pays n’est en effet pas loin de détenir la palme européenne de la misogynie, et y revendiquer sa féminité revient à se placer volontairement dans une situation de séduction généralisée. On ne porte pas une jupe à son bureau, on  «l’affiche » ; et ce geste, croient-ils, signifie implicitement que l’on sera flattée de recevoir tous les commentaires grivois, voire insultants, qui ne manqueront pas tout au long de la journée. 

Plus que tout autre pays d’Europe, la France justifie en effet d’une tradition culturelle spécifique, en termes de relations homme–femme, marquée par la galanterie aussi bien que par la méfiance. Pour comprendre ce pesant héritage, il faut remonter quelques siècles en arrière. Incarnant le charme et l’influence, le pouvoir détourné, les femmes lettrées du siècle des Lumières ont fourni aux révolutionnaires, puis à des générations d’hommes politiques, le modèle de ce qu’il fallait à tout prix écarter. Tout à la fois craintes et moquées pour cette seule raison, leur féminité, les femmes vont rapidement intégrer la nécessité de se débarrasser de ces attributs ; seul moyen d’accéder aux droits et libertés accordés aux hommes dès 1789. Il peut paraître surprenant que le pays des droits de l’homme ait été finalement relégué à l’arrière garde des pays européens pour l’application de ces droits au féminin. Et pourtant, honte à nous, la France donneuse de leçons a très longtemps confondu « universel » avec « masculin »… 

« je suis féministe car j’ai reçu une éducation humaniste »

Si aujourd’hui les Françaises votent, et jouissent d’un statut théoriquement égal à celui des hommes, il ne faut pas oublier que ça n’est pas arrivé tout seul. Ce résultat, n’en déplaise, nous le devons au combat féministe. Le féminisme à traversé plus de deux siècles, et, quelle que soit l’image qu’il nous en est restée, il fut à la base d’une révolution culturelle qui n’a pas encore dit son dernier mot. C’est au nom du féminisme que  le monde du travail s’est ouvert, et c’est aussi grâce à lui qu’une femme moderne est libre de ses choix et de sa vie. Il arrive fréquemment que l’on confonde féminisme et misandrie. Une méfiance qui s’exprime parfois au travers de quelques lieux communs, entendus au hasard de discussions : « les féministes sont masculines, elles n’aiment pas les hommes », « elles veulent écraser les hommes ». A la décharge des femmes qui tiennent ces propos, il faut aussi rappeler qu’il y eut beaucoup de courants féministes dont certains, spécialement radicaux, ont manifestement laissé des traces…

Pourtant, c’est à elles que nous devons nos droits et libertés essentielles. Une dimension qui n’échappe pas à d’autres femmes d’aujourd’hui, telles que Barbara, étudiante de 22 ans, qui répond lors d’un interview : « je refuse le sexisme comme je refuse le racisme, qui relèvent de la même idéologie […] alors, oui, je suis féministe car j’ai reçu une éducation humaniste. ». 

Les années 70

Ce n’est que dans les années 1970 que le mouvement quitte le domaine politique pour investir la sphère privée. Il prend alors la couleur de ce mouvement radical, objet de tant de critiques aujourd’hui. Une démarche historiquement située, si l’on se souvient des réactions masculines, et qui n’est évidemment pas transposable aujourd’hui. C’est pour cette raison que le mouvement perd rapidement de sa force, pour subir finalement un spectaculaire renversement dans les années 1990. C’est alors qu’éclate le débat qui nous occupe aujourd’hui. 

L’égalité dans le travail fut conquise par des féministes adoptant volontairement des masques virils. Un phénomène qui, une fois de plus, s’explique aisément par le contexte. Le monde du travail, école de la virilité s’il en est, ne s’est ouvert aux femmes qu’à la condition qu’elles adoptent les codes de comportement qui y étaient associés. Le mouvement donne naissance aux working girls, incarnées par Sigourney Weaver dans les années 1990, reines du marketing affichant vocabulaire et comportements d’hommes. Les planchers des bureaux portent encore les marques de leurs dents interminables… Seulement voilà, il est apparu rapidement que même les femmes d’affaires ont une horloge biologique, et toutes n’ont pas accepté de faire une croix sur l’expérience de la maternité. Le féminisme n’a pas tenu le choc de cette découverte, et la société s’est empressée de ramener à la vie le modèle de la « vraie femme », épouse et mère avant tout. Le clash avéré entre féminisme et féminité semblait tranché en faveur de la seconde. Une femme a besoin de se réaliser professionnellement, tout comme un homme, mais l’égalité des féministes niait tout simplement l’identité féminine.

Depuis ce temps-là, pourtant,…

…le travail féminin a reconquis du terrain. Il affiche même une victoire stupéfiante : on a vu l’accession d’une femme à la tête du Medef, à la direction d’entreprises côtées au CAC 40, organisations des plus masculines (pour ne pas dire machistes)de notre pays. La société nous a réservé, en quelques années, une surprise assez spectaculaire, à savoir la réconciliation du couple banni, le pouvoir et la féminité. Le plaisir parfois éprouvé devant cette sur-médiatisation de femmes est à la mesure des aspirations : une redéfinition de la féminité au cœur des ambitions égalitaristes. Simone de Beauvoir nous apporte la citation, plus moderne que jamais, qui incarne cet espoir : « l’égalité dans la différence ». 

La scène politique

Le spectacle récent que nous offre la scène politique témoigne véritablement de l’apparition d’un contexte propice à une redéfinition des rapports entre féminisme et féminité. La société, valorisant progressivement des qualités professionnelles neutres au détriment de valeurs sexuées (la compassion et la patience pour les femmes, le courage et la force pour les hommes), a créé elle-même les conditions de l’accession des femmes aux plus hauts postes. Les femmes de pouvoir, qui émergent aujourd’hui, sont le produit d’une société de l’enseignement qui leur a permis d’atteindre le sommet par leurs propres moyens. A ce phénomène s’ajoutent en France les premiers effets produits par la loi sur la parité. Des femmes accèdent désormais à un mandat politique par le biais de la consécration suprême qu’est l’élection. On pourra m’objecter que les femmes de pouvoir ne datent pas d’aujourd’hui, et une autre « Margaret Thatcher » viendra sans doute me le confirmer. Certes, mais, outre que celle-ci affiche l’unique tailleur des sommets internationaux, on se souviendra de cette phrase de François Mitterrand :  « elle est le seul homme du gouvernement anglais ». Et pour cause, ses brushing agaçaient et contredisaient ouvertement sa fonction. Aujourd’hui, au contraire, on s’émerveille qu’une femme au pouvoir soit aussi une femme. On trouve du charme à Anne Hidalgo et Valérie Pécresse, de la classe à Clémentine Autain et de la poigne à Marine Le Pen. Un panorama qui serait très incomplet si l’on omettait Giorgia Méloni, présidente du conseil italien, incarnation d’une main de fer dans un gant de velours. Étonnante situation que celle-là, où la féminité, si longtemps cachée, étouffée parce que source d’oppression, se retrouve tout à coup valorisée et projetée sur le devant de la scène.

A ce jeu, les médias ne sont rien moins qu’innocents car le sujet est vendeur. Subitement rangés dans le camp des femmes, ils se font par ailleurs l’écho d’un phénomène politique essentiel en Europe : la crise de la démocratie représentative. C’est alors tout le modèle démocratique, culturellement masculin, qui est remis en cause. S’y trouvent dénoncés, pêle-mêle, la société d’essence patriarcale, les figures politiques traditionnelles masculines et la fonction présidentielle, représentation du père. Un terrain propice pour que féminisme et féminité puissent enfin se rencontrer, lorsque l’image de la femme semble incarner le renouveau. Des qualités traditionnellement attribuées aux femmes, qui ont longtemps servi et servent encore à les discriminer, apparaissent sous un jour nouveau. Les femmes semblent plus aptes à s’intéresser aux immenses problèmes sociaux qui agitent les populations, plus compréhensives et plus humaines. Il n’est plus question désormais de cacher ces traits féminins sous un comportement viril car, au contraire, ils sont complémentaires du talent et de l’expérience que l’on attend à un poste élevé. La féminité n’est plus l’antithèse du pouvoir, elle n’est plus synonyme de faiblesse et d’incapacité naturelle. Elle est à l’inverse le symbole du renouveau politique, sous la houlette de l’autorité maternelle incarnée par un sourire rassurant d’une présidentiable…

Le débat s’achemine vers une redécouverte des identités

Ce qui est visible au sommet de la société est certainement le signe d’un changement profond, appelé à se diffuser par le biais des médias. Mais ce mouvement sera lent. Dans la réalité quotidienne, les questions des femmes portent sur ce lien entre la défense de leurs droits et l’expression de leur identité féminine, susceptible de nuire à leur statut. Aussi ne faut-il pas abandonner le féminisme, pour que féminité ne rime plus avec subordination, mais en valoriser une conception qui défende les apports de chacun dans une société composite. Le problème est que les rôles sociaux assignés à chaque sexe sont confondus avec les différences liées à l’identité du genre. Ainsi la féminité « primitive », dont j’ai pu évoquer les aspects au début de cet article, est-elle un pur produit social qui s’apparente à la virilité. (voir pour cela Freud et son vagin denté castrateur). Ces deux concepts définissent les conformismes sociaux dont, précisément, il est urgent de se débarrasser. Au contraire, masculinité et féminité désignent une identité sexuelle, une capacité à aimer et à « habiter » son propre corps. 

Au cœur de la société, le débat s’achemine doucement vers une redécouverte des identités spécifiques masculines et féminines, et ce autour de la question du couple et de la maternité. La redéfinition des responsabilités, du partage des rôles entre l’homme et la femme, est un mouvement lent mais porteur de liberté dans une nouvelle logique sociale. Certains pays nordiques ont mis en place d’importantes mesures dans ce sens, la Suède ayant été bien sûr un modèle du genre.

Il faut cependant encore se garder de crier victoire, car ce qui est médiatisé est, par définition, exceptionnel. Ceci est valable tant pour les femmes en politique que pour les lois suédoises. Le quotidien nous fournit encore d’amples raisons de penser que, si brèche il y a dans le conformisme, elle est encore bien mince. Certains hommes ont toujours beaucoup du mal à envisager cette féminité libérée à laquelle on espère pouvoir accéder un jour. Pour ceux-là, virilité oblige, Miss camping restera a jamais la quintessence de la féminité. Nos beautés locales n’ont donc aucun soucis à se faire, et fort heureusement car, c’est bien connu, le stress fait grossir.

Propos recueillis…

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