DE L’IMAGERIE ÉROTIQUE AUX POSITIONS SEXUELLES

Un troisième orgasme féminin?

Dans une étude relativement récente (2020) publié par Weitkamp, Katharina Université de Zurich la femme présenterait plusieurs types d’orgasmes.

Selon le Pr Komisaruk spécialiste en neurosciences, les orgasmes peuvent être provoqués par stimulation du clitoris, stimulation vaginale et cervicale (col de l’utérus). L’imagerie fonctionnelle cérébrale (Pet scan) et IRM objectivent l’activation de neurones dans une région différente du lobe para central du cortex cérébral. L’activation de l’ensemble de ces neurones par stimulation simultanée de ces différentes zones, en y associant les mamelons provoquerait des orgasmes beaucoup plus forts. Des femmes le décrivent plus agréable, plus intense, plus complexe que les orgasmes produit par une stimulation d’une seule région du corps.

Selon ce même expert, des femmes sont capables d’avoir des orgasmes dont le point de départ se trouve dans la gorge ou l’anus et même sans aucun contact physique uniquement par imagerie mentale. ils se produisent également lors de rêves.

Ainsi se définissent deux types d’orgasmes:

Les orgasmes dont le point de départ est externe: ils sont déclenchés mécaniquement et nécessitent beaucoup plus d’effort pour être obtenus. Les orgasmes internes qui ont besoin d’une stimulation plus longue et variée. Ils nécessitent un état de détente, de réceptivité. Ce sont les seuls à déclencher une éjaculation.

Selon ce même expert, il existe trois points de départ (trigger points):

Le clitoris

Le clitoris dont la réaction orgasmique est obtenue par stimulation locale: elle est décrite comme plutôt superficielle, courte, très localisée avec une libération explosive vers l’extérieur.

Le Vagin

L’orgasme vaginal par stimulation du vagin plus particulièrement au niveau du point G( situé au 1/3 interne de la paroi antérieure du vagin et du point A (zone située entre le col de l’utérus et de la vessie.

Le Col de l’utérus

L’orgasme cervical, rarement connu, responsable de l’extase sexuelle (le septième ciel) se manifestant par un sentiment de dissolution/fusion.

Commentaires:

Ces experts en neuro-sciences et imagerie cérébrale ont une interprétation très mécanique de la jouissance féminine qui fait intervenir plusieurs nerfs et zones différentes  du lobe para central du cortex cérébral. Ainsi le nerf pudendal transmet les sensations clitoridiennes, le pelvien celles qui viennent du vagin et col de l’utérus et le nerf vague du col de l’utérus. On ne peut remettre en question cette neuro-physiologie, mais ce n’est pas aussi simple. En effet, ce n’est pas le col de l’utérus  qui peut provoquer ce fameux troisième « orgasme ». mais un phénomène d’origine psychologique où la femme développe une sensation de remplissage, d’envahissement « amoureux » de cette partie intime et profonde de son être.   Vous pouvez trouver, avec le moteur du site, plusieurs articles concernant le plaisir et l’orgasme féminin.

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Plaisir et circoncision

https://www.yvongagne.ca

Une étude récente (The Journal of Sexual Medicine 24 janvier 2023) portant sur 277 hommes circoncis âgés d’environ 45 ans et 177 hommes non circoncis de même âge n’a pas montré de différence significative dans le plaisir ressenti, ni dans la jouissance.

Il existe néanmoins quelques petites différences sur les zones du pénis perçues comme les plus sensibles.

Les hommes circoncis ont une préférence pour le bout du pénis 38% contre 17% pour les non circoncis et le tiers médian de la partie ventrale du pénis 63% contre 48% pour les non circoncis.

En conclusion, selon les auteurs de cet article, il n’existe aucune différence dans l’évaluation érogène rapportée.

Aucun espoir de « soigner » son éjaculation prématurée »par la circoncision!

Vous souhaitez consulter: sexothérapie, hypnothérapie

Comment l’imagerie érotique devient pornographique

L’imagerie érotique recouvre en fait toutes les représentations à caractère sexuel. On ne peut la limiter à la seule image comme la peinture ou la photo, car la sculpture ou la littérature et même la musique sont tout à fait capables  d’influencer notre imaginaire ou nos fantasmes. (voir de dossier).

Ce dossier permet de mieux comprendre l’évolution de cette imagerie au cours des siècles. Elle varie également en fonction de son contexte socio-culturel. Sa diffusion dans toutes les classes de la société est intimement lié à la technologie, en l’occurence aux médias, mis à sa disposition, et cela, sans aucun filtre éducatif ou culturel. Les représentations sexuelles ont perdu toute la valeur symbolique qui pré-existait en d’autre temps. La disparition de l’esprit critique, non par manque d’intelligence, mais de culture qui devrait caractériser notre humanité est en grande partie responsable de la violence de notre société. La pornographie actuelle en est malheureusement une des manifestations.

Cancer de la Prostate.Faut-il multiplier ses conquêtes?

Selon la revue European Urology Focus portant sur des données de la littérature publiée entre 2007 et 2017, l’activité sexuelle aurait un effet bénéfique sur la prostate. Elle diminuerait le risque de développer un cancer . Une de ces études a montré que le fait d’avoir plus de 20 partenaires sexuels et ce quelque soit le sexe permettait de diminuer le risque de développer un cancer de la prostate. Par contre, il n’a pas été montré, à ce jour, de corrélation entre IST (infection sexuellement transmissible), précocité des premiers rapports et survenue de cette affection. On pense, en effet, que l’action protectrice des rapports sexuels soit lié au nombre d’éjaculations. Deux hypothèses ont été émises pour expliquer l’action positive des rapports sexuels et surtout de l’éjaculation:

Par contre, une étude américaine assez récente portant sur 50000 hommes semblent montrer un risque accru (10%) de cancer de la prostate après vasectomie (méthode contraceptive assez couramment pratiquée aux USA). Néanmoins ce risque est relativement faible et il n’est pas certain qu’il n’y ait pas interférence avec certaines IST connues pour favoriser la survenue de ces cancers.

D’une part l’augmentation de la fréquence des éjaculations réduirait la présence de certains cristaux à l’intérieur de la prostate favorisant la survenue du cancer.

D’autre part elles diminueraient par la résolution de tension, l’activité sympathique liée au stress.

Ref: Univadis

Histoires de couples (fin)

Le seuil

Alexis termine sa journée de travail, il est sur le point de rentrer quand un de ses copains l’appelle pour l’inviter à une sortie entre amis. Il accepte et rejoint le groupe. Il ne téléphone pas pour prévenir Véronique qu’il ne sera pas là ce soir, cela ne lui vient même pas à l’idée, une scène de plus ou de moins, il ne se sent plus concerné par leur relation, il n’a même plus l’impression de faire partie d’un “couple”, il ressent surtout de la lassitude et espère que la séparation ne sera pas trop pénible…


Quand les griefs atteignent un certain seuil, le contrat est rompu en ce sens que le membre du couple qui a franchi cette limite passe dans une perception toute différente de l’autre. Des paroles ou des actes irréparables viennent séparer le présent de l’avant et interdisent tout espoir de renouer une relation: le couple se sépare, et bien que ce soit facilité en regard des moeurs et des lois, le vécu de la rupture renvoie à un sentiment d’échec, une meurtrissure de l’ego…

La rupture est d’autant plus difficile que chaque membre du couple n’a pas le même schéma de seuil. Un décalage entre les deux accroît la souffrance et le ressentiment, celui qui n’a pas atteint le seuil veut croire qu’un retour en arrière reste possible. Celui qui a franchi le seuil se sent désormais étranger à ce qui fut son couple, l’autre lui semble trop prévisible et trop différent de l’âme soeur qu’il avait cru trouver. Un sentiment d’incompréhension et d’abattement s’installe face à l’absence de réponse à la question: “comment en est-on arrivé là?”

Deux possibilités s’offrent alors au couple dont au moins l’un des membres a dépassé le seuil: la rupture, ou le nouveau départ. Cette seconde chance s’appuie sur le deuil de sa quête initiale et sur la capacité de chacun à réaliser une remise en question réaliste. Pour beaucoup de couples, c’est à partir de ce deuil qu’une relation véritablement authentique s’est mise en oeuvre, les tempêtes du seuil ont fait apparaître les valeurs essentielles de chacun, on mis à nu les caractères, ont révélé les facettes sombres de chaque personnalité. Chaque partenaire soudain devenu étranger à son couple peut du même coup bénéficier d’un nouveau potentiel d’intérêt, rendu plus sage par la traversée des chaos, on est capable d’énoncer clairement les règles d’un nouveau contrat, d’autant plus qu’on aura mesuré concrètement les risques du non-dit.

Désormais, on apprend à se contenter de ce que l’autre apporte et l’on cesse de vouloir rendre la réalité conforme à ses illusions, surtout qu’on découvre dans le calme qui suit la tempête combien il est sécurisant de naviguer avec une carte fidèle des courants, des écueils, des havres de paix et des zones à risque qui jalonne l’océan de la vie à deux…

Après la déconstruction

Véronique a décidé de partir, ou plutôt, elle s’est laissé convaincre que la rupture était nécessaire, malgré sa peine, elle a repris ses habitudes, juste un peu amère de temps en temps… Pourtant, quelque part en elle, elle a la certitude qu’elle l’aime encore, qu’elle n’a jamais cessé de l’aimer, elle a beau se dire que c’est absurde…

Plusieurs mois ont passé, Alexis s’est d’abord senti comme soulagé après le départ de Véronique, il a multiplié les rencontres, les sorties, sans jamais parvenir à se sentir pleinement satisfait. Véronique lui manque, et il ose enfin se l’avouer. Le “hasard” va s’en mêler… Un soir ils se croisent en faisant leurs courses, ils échangent quelques banalités, rien de plus, mais décident de se revoir… Ce qui les lie l’un à l’autre a plus de force que ce qui les sépare, au prix de quelques recadrages, Véronique et Alexis forment un couple uni où chacun parvient à s’épanouir.


Tout se passe comme si on se redécouvrait, mais cette fois, on se montre tel qu’on est. On a fait le deuil de l’inaccessible image, on a cessé de jouer un rôle pour s’accepter avec ses qualités et ses défauts, une relation solide peut à présent se construire. La première fois, on avait voulu bâtir un somptueux château, mais le terrain manquait de stabilité, on avait sacrifié les fondations et tout misé sur la décoration. Aujourd’hui, le couple élabore un projet qui lui ressemble, construit à partir de ce que chacun apporte réellement. Il faut aussi redéfinir un véritable contrat de couple, en indiquer clairement les valeurs fondatrices, et spécifier les transgressions qui conduiraient à la rupture. Cela demande du courage et de la détermination, construire une alliance avec l’autre, c’est accepter le risque du dévoilement de soi dans le regard de l’autre comme vis-à-vis de soi. C’est une chose de connaître ses faiblesses, c’en est une autre que d’accepter leur visibilité.

Être deux n’implique ni de renoncer à ses idéaux, ni à son identité mais de les accomplir ensemble.

Pour consulter: Jasmine Saunier

Histoires de couples (2)

Les attentes

Alexis regarde sa montre, et il prend congé de ses amis, il se hâte de rentrer retrouver sa chérie, de la prendre dans ses bras, l’embrasser et l’entraîner vers la chambre… En même temps, il éprouve une légère tension, il n’aime pas beaucoup la tenue jogging informe qu’elle porte “à la maison”, il rêve de la trouver ardente et passionnée… Peut-être aura-t-elle allumé les bougies, mis une musique douce… Ah, non, on est lundi, aucune chance pour ça.

La fête c’est le jeudi soir…

Quand la relation s’installe dans la durée, survient une phase de construction d’habitudes, d’attentes, d’une sorte de culture “nous deux”. Le couple fonctionne sur les présupposés que chacun attribue à la “belle image” , sans toutefois vérifier qu’ils lui appartiennent. Plus le système de valeurs du couple repose sur un idéal d’égoïsme à deux et plus facilement le quotidien se jalonne d’habitudes et d’attentes. Or, quand s’installent les routines, l’autre finit par perdre de son attrait, de son mystère, et les attentes deviennent si présentes qu’elles remplacent peu à peu le goût de la surprise, la spontanéité. Le couple en vient à s’organiser des plaisirs et les rituels remplacent peu à peu les improvisations créatives, palliant l’extinction de la découverte. Répéter à l’infini les mêmes gestes, les mêmes mots prend une allure incantatoire, comme s’il fallait conjurer la menace de l’extinction d’une flamme vacillante.

Elle parle de “son couple” comme d’une entité virtuelle mise à distance, il évoque “sa chérie” comme une sorte de tyran et feint de craindre ses reproches s’il fait un écart de conduite ou manque à ses “devoirs”. Le couple peut s’installer très durablement dans cette logique relationnelle: chacun prend ses distances, mais reste relié à l’autre par un fil invisible fait de divers intérêts partagés, et le couple vogue sur un océan ou se succèdent tempêtes et calme plat, faisant escale dans des ports connus à l’abri des surprises. Le couple n’évolue pas, il garde la nostalgie des premiers temps, et tente avec plus ou moins de réussite de recréer l’ambiance.

L’accumulation

Le 3, puis le 4 Février ont passé, Alexis n’a même pas pensé à lui souhaiter sa fête, Véronique est déçue, du coup, elle n’a pas envie de faire le moindre effort, d’ailleurs, en fait-il lui des efforts? Combien de fois lui a-t-elle demandé d’être à l’heure quand ils se donnent rendez-vous et combien de fois a-t-elle attendu en vain, avant qu’il l’avertisse pas sms qu’il ne viendrait pas? Véronique ne compte plus les détails, ce qui n’était qu’un vague doute, est devenu une intuition et tout le prouve: il ne l’aime pas! Du moins pas comme elle voudrait être aimée, au fil des habitudes, il ne fait plus attention à elle.


La phase de construction des attentes peut aussi évoluer vers une attitude comptable des manquements de l’autre: l’accumulation. La substitution de l’improvisation par les rituels minimise sans aucun doute le risque des surprises, mais pousse bientôt chacun à observer impitoyablement les fautes de l’autre. Et tous deux de guetter l’erreur, l’oubli, le manquement pour mieux justifier les reproches qu’ils s’adressent. Les justifications, même fondées seront désormais comprises comme de nouvelles hypocrisies, des mensonges de mieux en mieux élaborés. Le couple est entré dans une logique d’affrontement, l’autre n’est plus un partenaire mais un ennemi, et l’enjeu de la relation se centre désormais sur les victoires d’amour-propre.

Là encore, cela peut durer très longtemps, chacun campe sur sur son terrain, les conflits deviennent le mode de communication dominant, et, si on parvient de temps en temps à se réconcilier sur l’oreiller, la trêve n’est que momentanée, les hostilités reprennent dès que l’apaisement bienfaisant de l’orgasme se dissipe. Tout s’articule autour d’un contrat tacite que l’autre transgresse d’autant mieux que poser clairement les termes de l’accord risquerait de rencontrer un refus de l’accepter.

Alors, pour mieux éviter de confronter pacifiquement ses attentes, on a préféré faire comme si elles étaient connues et acceptées, et se laisser croire que l’autre aurait du le savoir… Pour éviter de reconnaître ses torts, son manque de courage, et surtout d’admettre qu’on s’est trompé, on trouvera plus économique pour l’orgueil de faire porter à l’autre la responsabilité de la dérive conflictuelle de la relation.

À suivre…

Vous avez besoin d’aide… Jasmine SAUNIER

Histoires de couples

Couples: phases de construction

Comment se forment les couples? Ni les réponses de la sociologie, ni celles de la psychologie et encore moins celles de la philosophie n’apportent de certitude absolue. Faut-il se résigner et attendre d’un art divinatoire qu’il nous révèle notre destin conjugal? Envoyez “mon chéri” par SMS et obtenez une réponse “personnalisée” pour savoir si c’est juste un gentil flirt ou l’homme de votre vie! Et si on prenait le risque de réfléchir pour comprendre comment on passe de l’émerveillement de la rencontre, du “coup de foudre” à l’accumulation de griefs ou bien à la construction d’une relation épanouissante et durable?

L’émerveillement

Alexis a rencontré Véronique chez des amis, il sont tombés follement amoureux dès cet instant et depuis ils ne se quittent plus. Alexis a le sentiment d’avoir enfin trouvé celle qu’il cherchait en vain dans ses précédentes aventures amoureuses, cette fois c’est la bonne! Il ne doute pas, Véronique est bien la femme de sa vie, pour un peu il se mettrait à croire en la magie, tant ce rêve lui semblait jusqu’alors pure fiction. Véronique est belle, elle le comprend sans qu’ils se parlent comme si elle le connaissait depuis toujours, elle suscite en lui des émotions et des désirs d’une intensité jamais encore éprouvée. Alexis déborde d’optimisme et de bienveillance, il se surprend à faire des projets qu’il s’interdisait avant, Véronique à ses côtés, il se sent plus fort et capable de mener à bien les plus audacieuses entreprises.


Souvent décrit dans les récits, les romans et les traités de psychologie, ce moment exceptionnel surgit brutalement, rompant d’un coup avec nos habitudes et balayant nos convictions. Ce que l’on tenait pour de naïfs bavardages de romans à l’eau de rose prend une dimension surprenante, et si c’était vrai, ces histoires de coup de foudre, de femme fatale, d’homme de sa vie? L’autre a fait irruption dans notre paysage sentimental et tout est changé. Délicieusement bouleversés, nous voyons soudain ce que nous ignorions la veille, nos perceptions gagnent en intensité, une vigueur nouvelle baigne nos émotions. C’est comme si l’on se réveillait après une longue hibernation en demi teintes, cette mise en sommeil des sens semble les aiguiser, un immense appétit de vie s’impose: aucun doute, on est amoureux!


On chercherait en vain une explication scientifique, l’état amoureux, s’il peut être constaté, observé, pourtant échappe aux critères, aux normes. Le sociologue italien Francesco Alberoni, dans son ouvrage intitulé “Le choc amoureux” (1993) décrit avec précision ce qui se passe quand on “tombe” amoureux, comment l’amour transforme notre vision de l’autre, et le sens que nous donnons à notre vie, cependant, on chercherait en vain une explication…

La belle image

Véronique a changé, sa meilleure amie jalouse son teint parfait, sa ligne fluide, et cette sorte de légèreté lumineuse qui émane de sa personne. Aucun doute, elle est amoureuse, et son chéri possède toutes les qualités qu’elle attend d’un homme. Il est gentil, attentif, sentimental, romantique, il fait l’amour comme un dieu et il n’a peur de rien. Il lui dit des mots qu’aucun homme auparavant n’a prononcés, il l’aime et ne craint pas de montrer ses sentiments. Alexis, c’est “son” homme, elle le sait, ils sont faits l’un pour l’autre! Certes, il est un peu brouillon, il ne range pas ses affaires, mais quoi, avec ses responsabilités il ne peut pas penser à tout, Véronique adore sa décontraction en toutes circonstances, avec un homme tel que lui, elle se sent prête à affronter la vie…


L’amour étant reconnu, accepté, il convient maintenant de faire coïncider l’autre avec la belle image, le plus souvent inconsciente de l’être aimé. Nous sommes tous porteurs d’une image idéale de l’être aimé, les disciples de Freud y verront l’émanation d’une mère mythifiée, d’autres un reflet de déterminismes culturels et sociaux, d’autres encore comprennent cette construction comme un modèle narcissique: l’autre ne serait qu’un support à l’amour de soi-même…

C’est une phase où l’on voit la vie “en rose”, tout ce qu’on découvre de l’autre, même des traits que l’on déteste d’habitude, revêt à présent une saveur irremplaçable. Quoiqu’il arrive, la vie n’a de sens que près de l’être aimé. Cette phase est la plus caractéristique de l’amour, du moins selon la littérature et une sorte de tradition tacitement admise qui prône que l’amour ne s’explique pas, qu’il s’empare des coeurs sans tenir compte d’aucune règle.

Blaise Pascal (1623-1662) écrivait dans ses Pensées “Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point”, cette phrase est demeurée célèbre et ne cesse de s’illustrer dans la littérature. L’amour impossible, l’amour qui donne la force d’affronter toutes sortes d’obstacles, n’ont jamais cessé de hanter l’imaginaire: littérature, cinéma, chanson, poésie . Au cours de cette phase s’installe parfois une relation de dépendance: l’autre comble un manque structurel, c’est la “moitié” manquante, “l’âme soeur”. On croit alors que la présence de l’autre est seule capable de nous délivrer d’une constante frustration, d’une quête permanente qui échoue à fournir la complétude et renforce le manque. L’autre se trouve bientôt investi d’un rôle qu’il n’a pas choisi, mais s’il y trouve son compte de satisfaction, la relation peut s’installer dans la durée. La passion amoureuse, la jalousie, les sentiments occupent toute la scène psycho émotionnelle, et chacun reconnaît en l’autre son idéal… Enfin, la phase de la belle image renforce le sentiment de ne plus être tout à fait maître de la situation, l’amour pilote et on lui prête volontiers une forte propension à prendre et à exercer le pouvoir sur les êtres devenus ses proies.

À suivre…

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Le fétichisme (fin)

L’uniforme

Il est indéniable que l’uniforme joue un rôle dans le jeu de la séduction. Qu’il symbolise le pouvoir, la force, la grandeur, ou bien encore la condition servile, il entre dans les fantasmes fétichistes où il joue un rôle de premier plan.

Au début du XXème siècle, Magnus Hirschfeld analyse l’attrait érotique qu’exerce l’uniforme, et conclut que les femmes issues des milieux sociaux humbles et peu cultivés sont plus sensibles au prestige de l’uniforme. Militaire, pompier, mais aussi gardien, boucher, boulanger, chirurgien, beaucoup de femmes rêvent de tomber dans les bras de ce prince charmant, pourvu qu’il soit revêtu du costume qui traduit son statut.

Les tenues réglementaires qui représentent l’ordre et la loi sont peut-être moins fréquentes aujourd’hui dans l’imaginaire fantasmatique féminin, elles n’en demeurent pas moins présentes. L’uniforme de militaire se trouve parfois complètement détourné à des fins érotiques lorsqu’il est destiné à agrémenter les fantasmes masculins. La tenue de camouflage, faite pour le combat, évoque la rudesse, voire la brutalité, en tous les cas la force virile, c’est ce qui fait tout son charme lorsqu’elle est adaptée à des fins coquines comme le montre cette image.

L’uniforme, un fétiche recherché dans les jeux de soumission et de domination

Les jeux de domination et soumission érotique ont très souvent recours à des uniformes, ou du moins des tenues de travail. 

Dans les fantasmes masculins, deux uniformes arrivent loin en tête : la soubrette et l’infirmière. La jolie servante coquine semble tout juste sortie des coulisses d’une pièce de théâtre un peu désuète, elle manipule avec affectation un gentil plumeau et se baisse pour servir le thé, dévoilant au passage son décolleté plongeant et ses jolis dessous sexy… 

Il va sans dire que la soubrette est censée faire tout ce que ses maîtres exigent, et cette situation peut entraîner une grande excitation : le port du costume libère de certaines réserves, ce que la soubrette accepte avec délice, la femme en tenue de ville le refuserait probablement !

Quand on inverse les rôles, ou qu’on se déguise, on peut changer ses comportements, exprimer des aspects cachés, des désirs inavoués ou jugés inavouables. Ainsi, la tenue de soubrette est-elle souvent portée par un homme ! Cette situation l’autorise à recevoir des ordres, les exécuter, et se faire gronder pour sa plus grande excitation. 

L’infirmière, quant à elle, suscite un vif engouement, elle a la réputation d’être portée sur le sexe ce qui ne correspond aucunement à la réalité, mais, ayant accès au corps, l’infirmière entre dans l’intimité et il n’y a qu’un petit pas à franchir pour que s’installe le fantasme. En outre, son métier lui donne un pouvoir, auquel l’homme ne peut se soustraire, la blouse blanche inspire le respect, mais incite à la transgression. Porter une tenue d’infirmière peut se révéler très excitant pour une femme, car cet uniforme l’incite à jouer un rôle actif dans la relation érotique, sous sa blouse, elle peut donner libre cours à ses envies et délicieusement tourmenter son malade imaginaire… De nombreux sites pour adultes exploitent ce fétichisme dans une dimension pornographique.

Fétichisme et codes : le mouvement gothique

Une longue silhouette sombre, drapée d’une cape noire, le teint blafard, les yeux ombrés d’un maquillage étrange, la chevelure savamment travaillée en une sculpture surréaliste, l’ensemble doit interpeller par son aspect grotesque et provocateur… Non, il ne s’agit pas d’une forme mutante de vampire, mais d’un gothique, voire d’une gothique. 

Le mouvement gothique représente une expression fétichiste à part entière, les gothiques veulent être vus et identifiés comme tels . Ils exhibent leurs codes visuels sous forme de vêtements, parures diverses, tatouages, piercings…

Mais, les choses ne sont pas toujours aussi simples, et on peut être gothique sans en présenter les « stigmates ». Les sociologues considèrent que le mouvement gothique est une sous-culture issue elle-même du mouvement punk, née à la fin des années 70 en Angleterre et qui semble surtout vivace en Europe et au Japon.

La mode gothique s’inspire d’une interprétation romantique du médiéval qui rappelle les univers des jeux de rôle « medieval fantastic », bien connus des adolescents. On y trouvera donc en abondance les lacets, les jabots, les dentelles, les robes longues portées aussi par les hommes. D’autres sources apparentent cette mode à des univers fétichistes de style sadomasochistes : vinyle, cuir, chaussures et bottes à talons vertigineux, colliers à pointes, bracelets métalliques, et autres joujoux.

Le gothique se décline aussi dans un style qui revisite l’enfance, la « Gothic Lolita » représente un style particulièrement apprécié, et de nombreux vendeurs proposent des tenues de fausse petite fille modèle dans laquelle la « vraie » aventurière gothique pourra se révéler !

Le gothique joue sur l’ambiguïté de genre et sur la sensualité, les filles gothiques savent se parer avec hardiesse : corsets de soie, bijoux, cuir… et maquillage, le corps devient une œuvre d’art, un terrain d’expérience dont chaque partie raconte une histoire, et symbolise une attitude. Marylin Manson, est un des personnages de référence du mouvement gothique, il utilisait son corps comme terrain d’aventure, la peau, la voix, le regard, le mouvement, les parures. Chaque détail renvoie à un symbole, ouvre la porte d’un univers parallèle. Qu’on ne s’y trompe pas, il y a dans le mouvement gothique un renouveau romantique, et plus encore, une interrogation sur soi, sur la mort. Chacun interprètera le gothique à hauteur de ses références : du premier degré de la consommation et de l’identification aux idoles, jusqu’à un échelon sachant s’abstraire des signes racoleurs pour aller vers l’interrogation existentielle…

Vous souhaitez consulter: Sexothérapeute-Hypnothérapeute

Le fétichisme (suite)

Le fétichisme des pieds, des chaussures, des bottes

Le fétichisme du pied est sans doute l’un des plus fréquents, enfin, l’un de ceux qui s’expriment le plus ouvertement. Dans le langage, beaucoup d’expressions font référence aux pieds en invoquant la déférence, le respect, ou au contraire le mépris, la brutalité.

Se prosterner aux pieds de son idole et lui baiser les pieds est un signe d’adoration de soumission de respect. Fouler, piétiner un objet exprime la rage, la colère, le mépris, au sens figuré, c’est faire peu de cas de l’autre. Des expressions comme « lèche bottes » désignent les comportements obséquieux d’une personne qui n’a pas beaucoup de fierté et qu’on peut donc utiliser comme un vulgaire chiffon.

Le désir de posséder de multiples paires de chaussures et de bottes va chez certaines femmes jusqu’à la plus complète addiction. Dans un entretien avec la revue ELLE, Catherine Deneuve affirmait : «  si je suis fétichiste, c’est des chaussures… ». 

Le fétichisme du pied et de la chaussure a des origines très anciennes, dans l’Antiquité romaine, on cite le cas du Sénateur Lucius Vetilius qui dissimulait sous sa toge les souliers de sa maîtresse afin de pouvoir les toucher, les baiser, en humer l’odeur. Les courtisanes athéniennes se chaussaient de sandales dont la semelle gravée laissait une empreinte dans le sable, il restait écrit « suis-moi » après leur passage.

Le conte de fées « Cendrillon », met en scène un prince tout à fait fétichiste, il ne lui reste de sa belle qu’un de ses souliers de bals, la fameuse pantoufle de vair (le vair est un des noms qui désignent le petit-gris, sorte d’écureuil dont la fourrure était très appréciée des élégantes). Le Prince charmant, muni du joli petit soulier, parcourt inlassablement ses terres à la recherche de celle qui pourra le chausser. L’analogie entre le soulier et le vagin a souvent été relevée dans l’interprétation psychanalytique des fantasmes fétichistes et, plus largement des mythes. L’expression « trouver chaussure à son pied » prise en ce sens est sans équivoque !

Les talons aiguilles symbolisent la domination, ils grandissent celle ou celui qui les porte, ils modifient la posture, faisant saillir les muscles des jambes, accentuant la cambrure des reins, et projetant la poitrine vers l’avant. Aucune étude scientifique n’a encore prouvé que le port de talons aiguilles pouvait avoir des répercussions sur le désir féminin. En revanche, il semble constituer un puissant stimulant de l’imagination masculine. Encore, qu’il existe aussi des fétichistes de la basket ! 

Les talons vertigineux s’associent également à des pratiques de soumission, ils ne permettent guère de courir, et complètent à n’en pas douter le tableau d’une femme objet, limitée dans ses mouvements, soumise à la volonté de celui (ou celle) qui impose le port de tels accessoires. 

Ces souliers rappellent un peu le traitement que subissaient les Chinoises pour rapetisser leurs pieds et les rendre tout à la fois incapables de se déplacer, mais dignes d’adoration. Être belle impose des souffrances parfois cruelles. Dans le camp des prédatrices et autres dominatrices figure un accessoire incontournable : la botte, voire la cuissarde. Dans les années 80, Serge Gainsbourg chantait «  Jusques en haut des cuisses, elle est bottée, et c’est comme un calice à sa beauté. » Les bottes lacées évoquent la dompteuse, la dresseuse de fauves qui fait claquer son fouet, l’écuyère acrobate, l’intrépide héroïne, la chasseresse. La femme bottée intègre ce zeste de masculinité qui la rend à la fois dangereuse et attirante, c’est une guerrière qui pourra conquérir, capturer, et s’enfuir, telle l’amazone,  libre de toute contrainte.

Le Corset

Voici la définition humoristique que le « Petit citateur » proposait à ses lecteurs en 1880 : « vêtement destiné à soutenir les appas des femmes – qui en ont – et d’en faire soupçonner à celles qui n’en ont pas. »

Corset de mariage

Le poète ajoute :

«  Petit corset, chez la vierge timide,

Aide à l’essor de ses appas naissants…….. »

« Comme il soutient les faibles sous ses ailes,

Comme en ses flancs savamment resserrés,

Il sait aussi contenir les rebelles,

Et ramener enfin les égarés. »

Le couturier Jean-Paul Gauthier raconte comment un jour, en fouillant dans l’armoire de sa grand-mère, il trouva un corset. « Je n’avais aucune idée de ce que c’était, mais j’étais fasciné par sa couleur chair et par les lacets aussi. » Il demande des explications et ajoute : » je trouvais que ça faisait un corps extraordinaire, et je sentais que les femmes avaient envie de ce corps-là, de cette taille fine. » « Le corset, pour moi, conclut le créateur c’était un objet de mode et aussi de fétichisme puisque je ne pense qu’à ça et que j’ai tendance à tout transformer en mode. »

 Un peu d’histoire

Les plus anciennes images de femmes à la taille serrée remontent à 1600 avant JC, en Crète. La célèbre déesse aux serpents, découverte à Knossos, présente une taille fine et élégante qui met en valeur ses seins généreux. Les Grecques comme les Romaines, et les Égyptiennes savaient modeler leur silhouette grâce à des bandelettes dont elles ceignaient leur taille. Le désir de modeler le corps est constant à travers l’histoire. Au moyen âge, le nouveau-né est fermement maintenu par ses langes afin qu’il devienne un adulte bien droit, cette pratique traditionnelle sera jusqu’aux débuts du vingtième siècle observée, notamment en milieu rural. La mode de la taille fine revient périodiquement sur le devant de la scène des modes, l’Espagne du 16ème siècle impose un modèle d’extrême rigidité posturale, qui efface également la poitrine. Les hommes aussi à certaines époques portent des corsets pour suivre la mode et effacer un embonpoint jugé peu séduisant.

Ce souci de rectitude correspond aussi à une volonté de contrôler la « tenue » morale. C’est au 19èmesiècle, que cette tendance s’affirme avec l’apogée du corset victorien. Une revue anglaise « English Woman’s Domestic Magazine » représente une sorte de bible pour les amoureux (ses) du corset. Cette revue s’adresse aux femmes de la classe moyenne et se révèle très représentative de leurs goûts, elle leur offre aussi la possibilité d’exprimer leur sentiment sur de nombreux sujets, dont le fameux corset. Une fidèle lectrice écrit : « Avoir la taille serrée dans mon corset me procure des sensations délicieuses, une fois fermé, un corset réduit la taille d’environ dix centimètres. Au bout d’ une semaine d’un port permanent,, il faut le serrer un peu plus, ainsi se crée une sensation fort agréable d’être « étreinte », sans oublier l’avantage d’une bonne posture avec le dos droit» .

Le corset rose saumon auquel Jean-Paul Gautier faisait référence, c’est celui que portaient déjà les petites filles et les petits garçons. Le rôle de cet accessoire pouvait être comparé à un tuteur qui permet qu’un arbre pousse droit. 

Le corset qui tue !

Le corset est donc à la fois un instrument « hygiénique » en ce sens qu’il peut contribuer à modeler le corps de façon conforme à une norme : la « bonne tenue». Et un instrument de séduction qui modifie la silhouette, toujours en fonction d’une norme qui renvoie cette fois à des considérations érotiques et esthétiques. La représentation du corps féminin a beaucoup évolué à travers les siècles et les modes. Le corset victorien a progressivement perdu de sa popularité quand les femmes sont sorties de leur immobilité traditionnelle.

Dès le début du vingtième siècle, pendant les années folles, les élégantes se font coiffer à la « garçonne » (cheveux courts, coupe au carré) et abandonnent leur corset. Le couturier Poiret, dès 1907, impose des lignes fluides et souples, le corps réclame davantage de liberté. La grande Coco Chanel, portera ensuite un coup fatal à l’accessoire, et ses créations deviendront une référence dans le monde de la mode et de l’élégance. Toutefois, faut-il le rappeler, pour être belle dans un tailleur Chanel, il vaut mieux avoir la taille fine, le buste mignon et les hanches fluides….

Dès la fin du 19ème siècle apparaissent des preuves scientifiques à propos des méfaits du corset, que l’on nomme parfois « briseur de côtes ». Il est exact qu’une mauvaise utilisation du corset peut provoquer des blessures c’est pourquoi les fabricants se donnent la peine d’expliquer en détails comment choisir sa taille, comment utiliser le corset, connaître ses limites. Porter un corset constitue sans doute une contrainte, mais ce ne doit pas être douloureux, tout au contraire.

Un nouveau souffle pour le corset : fétichisme et romantisme!

Chassé de la mode, le corset a retrouvé un nouveau souffle dans l’univers fétichiste ; il devient la pièce maîtresse de la panoplie d’une femme qui sait s’imposer, qui fascine et séduit. Le cuir souple, aux dires des utilisatrices, donne la sensation d’une seconde peau, sensuelle, chaude, dont le parfum exalte celui de la peau et renvoie à des images fortes d’animalité, d’aventure, d’exotisme.  Un corset de cuir souple traduit l’appartenance au camp des conquérantes. Bottes, talons aiguilles et longs gants accompagnent et rehaussent la tenue de cette prédatrice de charme.

Le corset, une certaine nostalgie romantique

De nombreuses héroïnes de cinéma ont incarné des personnages romantiques, ou fantastiques, mais dont le tour de taille nécessitait l’usage d’un corset. Dans le célèbre film « Autant en Emporte le vent » Scarlett, l’héroïne se serre la ceinture jusqu’aux fatidiques 45 cm ! Dans « Star Trek Voyager», la belle Jery Ryan se plaint de devoir porter un corset sous son joli costume, tout comme Allison Marck dans un épisode de « Smallville », qui se console en disant sa joie de se voir aussi belle ainsi vêtue : les jolies héroïnes ont la taille fine.

Toujours en scène le corset

Actuellement, de nombreuses célébrités ont adopté le corset et le montrent, ce n’est plus un sous-vêtement mais une pièce maîtresse du costume. Le corset n’est plus un symbole de soumission, mais au contraire il joue un rôle révélateur d’une féminité qui ose se montrer, s’exhiber, séduire. La femme devient maîtresse de son destin érotique.

Les plus jolies femmes l’ont adopté et mis en scène comme un incontournable de la séduction.

À suivre…

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Le fétichisme (1ère partie)

Quand une partie du corps, ou un objet qui l’évoque se charge d’une symbolique amoureuse, et devient indispensable à l’activité érotique, on parle alors de Fétichisme. Dans L’enfance d’un chef, Jean-Paul Sartre écrivait : » Tout peut être objet de désir sexuel, une machine à coudre, une éprouvette, un cheval, un soulier. » Le fétichisme nous renvoie au culte et à l’adulation.Le fétichiste sexuel transforme un objet en objet de culte, si celui-ci le renvoie à une expérience érotique. Le monde de la mode comme celui des tribus dans les sociétés post modernes font appel à des codes fétichistes, c’est pourquoi nous vous proposons d’examiner de plus près le phénomène à travers définitions, histoire, références, témoignages, en passant par les grands « classiques » du fétichisme : chaussures et vêtements, sans oublier le mouvement gothique dont les codes vestimentaires et le travail corporel interpelle autant la réflexion que la sensualité.

Qu’est-ce que le Fétichisme ?

Le mot « Fétichisme » apparaît pour la première fois en 1760 sous la plume de Charles de Brosses (1709-1777) dans son ouvrage Du culte des Dieux Fétiches  ou il compare ceux de l’ancienne religion de l’Egypte avec les pratiques cultuelles de l’Afrique. Fétiche, vient du portugais « feitiça » mot qui désigne un objet magique bienfaisant ou malfaisant.

C’est Diderot qui va ensuite officialiser l’existence de ces mots dans le dictionnaire de l’Encyclopédie.

Le fétichisme renvoie donc à un culte, qu’il soit spirituel ou sexuel ou les deux. L’objet fétiche représente la divinité et permet aussi de communiquer avec elle, il est à la fois symbole et médium, et cette fragmentation réduit le danger réel ou supposé d’une interaction directe avec la divinité.

Dans le fétichisme sexuel, cela se passe un peu de la même façon, le fétichiste s’adonne à son fantasme, mais la présence d’un ou d’une partenaire n’est pas nécessairement requise, la possession et l’utilisation de l’objet fétiche suffit à apporter une excitation parfois même suffisante pour arriver à l’orgasme…

Voilà notamment pourquoi le fétichisme sexuel a longtemps été classé comme une perversion. Le but procréatif de la sexualité imposé par la religion ne pouvait en effet tolérer ni les pratiques masturbatoires ni les cheminements ludiques, et encore moins l’association des deux !

Fétichisme et perversion

En 1816, Charles Fourier (1772-1837), plus connu pour ses engagements politiques (utopie socialiste) que ses réflexions sexologiques, établit la liste de ce qu’il nomme les manies sexuelles dans un livre intitulé Le nouveau monde amoureux. Charles Fourier rejette l’expression de « déviation sexuelle », il invente à la place celle de « pervers polymorphe » qui fera plus tard les délices de Freud. 

Le fétichisme a été longtemps considéré comme une perversion sexuelle, Le médecin allemand Kraft Ebing (1840-1902), le classait ainsi. Pourtant, à la même époque, d’autres sexologues, ont relativisé cette évaluation, et cherché à redéfinir les frontières du normal et du pathologique. Il s’agissait, entre autres, de cesser enfin d’exclure de la société des gens dont la sexualité s’exprimait différemment des normes pudibondes en vigueur: les homosexuels et bisexuels, pour ne citer que les plus connus. Le psychiatre Magnus Hirschfeld (1868-1935) et le médecin anglais Havelock Ellis (1859-1939), ont beaucoup contribué à cette redéfinition de la perversion. À propos du fétichisme, Havelock Ellis écrit :  » les phénomènes du symbolisme érotique sont ceux qui sont le plus spécifiquement humains « .

JM LoDuca définit le fétichisme comme « une perversion sexuelle dans laquelle une seule partie du corps (cheveux, seins, mains ou pieds.) ou une seule partie de l’habillement à l’exclusion de toutes les autres déclenche le désir sexuel. »

Il y a perversion quand une dépendance s’installe

C’est le caractère exclusif du fétiche qui justifie qu’on le qualifie de «perversion». C’est quand on devient dépendant de la présence du fétiche qu’on entre dans la perversion. 

En examinant les choses de plus près, on s’aperçoit qu’on est tous plus ou moins fétichiste.

Hétérosexuel ou homosexuel, hommes et femmes, tous égaux devant leurs fétiches ! Il semble même qu’aujourd’hui en Europe, la tendance soit à libérer l’expression fétichiste, dans ce qu’elle a de plus alléchant comme de plus sordide.

Vers une redéfinition de la perversion

Philosophes et artistes soutiennent la réflexion sexologiques et, à l’instar de Georges Bataille (écrivain) de Salvador Dali (plasticien), ou de Maurice Heine réhabilitent l’œuvre de Sade en mettant l’accent sur sa dimension contestataire son rejet des idées reçues et autres contraintes sociales et religieuses, et sa volonté de redéfinir les frontières érotiques.

Le cadre conceptuel se précise avec les travaux d’Alfred Binet (1857-1911), qui voit le fétichisme sexuel comme une sorte de culte religieux. Il établit un lien entre le fétichisme et les cultes monothéistes : en effet, le fétichiste focalise sa dévotion sur un objet séparé du tout. L’adorateur des pieds ou des chaussures ne s’intéresse pas aux cheveux, il voue un culte exclusif à l’objet élu comme fétiche.

Alfred Binet écrit : « Le fétichisme amoureux a une tendance à détacher complètement, à isoler de tout ce qui l’entoure l’objet de son culte et, quand cet objet est une partie d’une personne vivante, le fétichiste essaie de faire de cette partie un tout indépendant. »

Fétiche et fantasme

Toujours selon Alfred Binet, le fétichisme sexuel s’actualise à deux niveaux, l’un mineur, peu élaboré ou simplement latent , c’est ce fétichisme auquel il se réfère quand il affirme: « tout le monde est plus ou moins fétichiste en amour et il y a une dose constante de fétichisme dans l’amour le plus régulier. » L’autre niveau, plus complexe reflète l’univers fantasmatique du fétichiste. Alfred Binet a parfaitement saisi le caractère abstrait du fétichisme car il a su lire entre les lignes sans s’arrêter aux premières apparences. 

Contrairement à ce que l’on croit encore, le fétichiste n’est ni dans l’incapacité de capter les signes de la communication amoureuse ni réduit à les rassembler en un objet, plus aisé à manipuler, même si son comportement peut être décodé de la sorte. On y voit plutôt l’expression d’un monde fantasmatique intérieur, unique, individuel, souvent d’une extrême richesse créative.

Fétichisme et fantasmes se répondent car ils sollicitent l’imaginaire. Le fantasme échafaude  une mise en scène, une histoire, rassemble des images, des sensations, il déclenche et accompagne le désir, conduit à la jouissance. Les objets fétiches sont autant de points de repère dans le déroulement du fantasme, ils balisent les sentiers de l’imagination et permettent de concentrer l’attention sur les détails les plus érotiques. 

Comment devient-on fétichiste ?

C’est encore à Alfred Binet que l’on doit l’hypothèse du « premier événement vécu » associé à une excitation sexuelle et qui devient ensuite une référence, un déclencheur érotique. Cette idée fera son chemin…

Dans un article de 1927, Freud expose son point de vue, pour lui, le fétichisme est masculin, il vient pallier l’angoisse de castration qui ne manque pas de surgir lorsque l’enfant (de sexe masculin) constate que sa mère n’a pas de pénis. Décidément, ce brave homme avait bien du mal à intégrer l’existence même de la féminité. Freud s’étonne que les fétichistes qu’il a observés trouvent du plaisir à adorer leur objet car il pense que ce comportement caractérise les sujets immatures au plan affectif, anxieux, manquant de confiance en soi. Seule la cure psychanalytique pouvait les remettre sur le droit chemin d’une sexualité adulte.

Freud précise : « Il n’est probablement épargné à aucun être masculin de ressentir la terreur de la castration lorsqu’il voit l’organe génital féminin. Pour quelles raisons cette impression conduit-elle certains à devenir homosexuels et d’autres à se défendre par la création d’un fétiche, tandis que l’énorme majorité surmonte cet effroi cela, certes, nous ne pouvons pas le dire. » 

Freud explique comment se construit le fétiche et pourquoi certains « objets » sont privilégiés :

« Dans l’instauration d’un fétiche, il semble bien plus que l’on a affaire à un processus qui rappelle la halte du souvenir dans l’amnésie traumatique. Ici aussi l’intérêt demeure comme laissé en chemin; la dernière impression de l’inquiétant du traumatisant en quelque sorte sera retenue comme fétiche. Ainsi si le pied ou la chaussure ou une partie de ceux-ci sont les fétiches préférés, ils le doivent au fait que dans sa curiosité le garçon a épié l’organe génital de la femme à partir des jambes; la fourrure et le satin fixent – comme on le suppose depuis longtemps – le spectacle des poils génitaux qui auraient dû être suivis du membre féminin ardemment désiré; l’élection si fréquente des pièces de lingerie comme fétiche est due à ce qu’est retenu ce dernier moment du déshabillage, pendant lequel on a pu encore penser que la femme est phallique. Mais je ne veux pas affirmer qu’on peut chaque fois parvenir à connaître avec certitude la détermination du fétiche. Il faut recommander instamment l’étude du fétichisme à tous ceux qui doutent encore de l’existence du complexe de castration ou qui peuvent penser que l’effroi devant l’organe génital de la femme a une autre base qu’il dérive, par exemple, du souvenir hypothétique du traumatisme de la naissance. »

Certains psychanalystes contestent à juste titre l’exclusivité masculine du fétichisme. Il faut se souvenir que le fétiche joue un rôle à la fois de représentation et de médiation.

Dans l’adoration de l’objet, il y a une gratification narcissique. À ce titre, on peut donc considérer comme fétichistes les comportements envers la mode. Quand on s’applique à suivre la mode, on s’approprie des objets fétiches, vêtements, chaussures, accessoires qui permettent de s’identifier à une idole et de renforcer son bien-être, son narcissisme.

Fétichisme, culte et adoration

Jean Streff dans son ouvrage Traité du fétichisme, évoque un curieux fait divers: « Au fin fonds du Massif Central, un jeune maçon fut arrêté alors qu’il volait du linge mis à sécher sur des cordes. Les gendarmes cherchant à récupérer d’autres pièces dérobées entrèrent dans la minuscule chambre où habitait le jeune voleur, « elle était pleine jusqu’au plafond d’une masse de linge féminin à l’intérieur de laquelle il avait creusé un trou pour s’y nicher. « 

Le poète allemand, Goethe, était connu pour son fétichisme, il écrivait à sa maîtresse Christine Vulpius : « À la prochaine occasion, expédie-moi tes chaussures de bal, bien éculées par tes exploits et desquelles tu m’as écrit qu’elles étaient comme une partie de toi-même que je pourrais serrer contre mon cœur .»

Charles Baudelaire (1821-1867) dédie un poème à la chevelure dans son célèbre recueil Les fleurs du mal. Ces lignes ont-elles inspiré Auguste Renoir lorsqu’il peignit cette jeune femme à l’opulente chevelure en 1894 ?

« Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure !

Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !

Extase ! Pour peupler ce soir l’alcôve obscure

Des souvenirs dormant dans cette chevelure,

Je la veux agiter dans l’air comme un mouchoir ! »

Première strophe du poème de Baudelaire « La chevelure »

N’importe quel objet pouvant devenir objet d’un culte fétichiste, les rituels varient selon l’imagination et les fantasmes. Ainsi, parfois le fétichiste des cheveux se contente de les toucher, de s’en régaler pour mieux attiser son désir, mais aussi, il peut lui arriver de vouloir les couper pour s’en approprier et s’en servir pour ses plaisirs solitaires. Krafft Ebing, avec une précision toute germanique, cite de nombreux cas de « coupeurs de nattes », certains en possédant des dizaines…

L’adoration du fétiche met en scène toutes sortes de rituels, du simulacre, à l’acte sexuel accompli avec ou en présence de l’objet fétiche.

Certains fétichistes des bas ou des collants, ne se contentent pas d’admirer ceux-ci portés par leur maîtresse, ils veulent également goûter l’ineffable délice d’en sentir la caresse sur leur peau, cela fait partie du jeu.

Il peut être intéressant de comprendre comment s’organise le culte, s’agit-il de revivre une expérience antérieure, quel rôle y joue l’objet, est-il pleinement acteur du fantasme, ou seulement élément de repérage, le rituel nécessite-t-il une ou une partenaire ? S’agit-il d’un objet fétiche qui s’adresse à la vue, l’ouïe, le toucher, le goût ou l’odorat ?

Si l’on veut décortiquer le processus, les axes de lecture ne manquent pas ! 

Le fétichiste est souvent aussi un collectionneur, citons en référence la collection Riquet, qui compte des milliers de paires de bas. Yves Riquet, ingénieur en informatique et grand amateur de bas nylon a gagné le pari de redonner un nouveau souffle au fabriquant de bas « Gerbe » qui s’apprêtait à fermer en 1998 la dernière unité de production des bas nylon « cristal » . La machine qui les fabrique, un monstre de 25 mètres de long pesant près de 40 tonnes est intransportable, qu’à cela ne tienne, Yves Riquet fonde une société de diffusion qui parvient à vendre des milliers de paires de bas nylon… L’affaire est rentable et la collection s’enrichit de nouveaux modèles des plus modestes aux plus prestigieux.

à suivre: les objets fétiches

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