Genres, un homme peut-il devenir femme?

La réponse n’est pas simple. Si on s’en tient à l’expression des gènes, c’est à dire aux phénotypes, notre apparence physique,( exception faite de quelques cas l’ambiguïté sexuelle d’origine génétique) il n’existe classiquement que deux sexes le masculin et le féminin, ou deux aspects corporels masculin et féminin. La majorité des sociétés a fonctionné ainsi depuis la nuit des temps, associant le genre à l’aspect physique. Il existe néanmoins des sociétés où a pu se développer un troisième genre: en Inde avec Hijras et en polynésie avec les RaeRae ou Manu. S’il n’y a pas de justification, il faut comprendre que dans des temps pas si lointain, la survie de l’espèce était l’objectif de toute société. Ne pouvait être reconnu par celle-ci que ceux qui y contribuaient. Les autres étaient marginalisés pour ne pas dire éliminés.

La construction du genre

La construction de l’individu est un processus complexe. Il y a bien sûr les gènes qui façonnent et déterminent notre apparence physique et des potentialités positives ou négatives. Ils ne s’exprimeront que dans certains contextes individuels (son histoire depuis sa naissance) et des influences socio culturelles. Nous ne ferons pas tous le même métier et nous n’aurons pas tous les mêmes maladies. J’ai été amené à découvrir grâce à un outil qui provoque un état mental dissociatif, en l’occurrence l’hypnose, que notre cerveau n’enregistrait pas toutes les informations acquises depuis notre naissance au même endroit et ceux gràce à l’imagerie fonctionnelle cérébrale. Ainsi pour simplifier les informations concernant les éléments factuels comme notre apparence physique, notre anatomie, notre physiologie sont enregistrés dans certaines parties de notre cerveau et resteront pour l’essentielles conscientes. Ces informations font appels à notre raison. Nous savons ainsi que nous avons un penis, un vagin, une poitrine, etc… Mais c’est là où tout se complique! Notre corps n’est qu’une « habitation » pour notre esprit. Alors comment l’habite-t-on?

La construction symbolique

Nos sensations et émotions, nos affects sont enregistrés dans d’autres structures cérébrales. Elles vont déterminer nos représentations qui n’ont rien de rationnelles. Ces représentations sont très variables d’une personne à une autre car issues de sensations et émotions éprouvées dans un contexte, une situation donnée. Elles ne sont pas conscientes. Nous pouvons ainsi avoir développé depuis notre enfance des sensations et émotions en rapport avec le genre féminin tout en habitant un corps masculin, la sensation d’être une femme dans un corps d’homme. Pour donner une image informatique: le « hard » est masculin et le « soft » féminin! L’interaction ou l’incongruence entre le contenant et le contenu va être plus ou moins source de problèmes en fonction de son acceptation personnelle et de celle de la société. C’est valable dans les deux sens. Quelque soit le sexe anatomique, nous possédons tous les deux genres. Mais en fonction de la position du curseur, nous pouvons nous orienter vers tel ou tel sexe. Il ne faut pas oublier que l’influence de l’environnement familial et socio-culturel, inscrit dans le temps va jouer aussi un rôle important.

Donc pour répondre à la question posée dans le titre. La réponse est NON, on ne devient pas, on EST d’un genre différent. Il existe une grande variété de genres: gay, trans, cis, etc…Nos sociétés ne sont pas adaptés à cette richesse.

L’hypnose

Elle n’a rien de bien mystérieux, ni de magique, elle existe sous divers noms depuis la nuit des temps. Ce n’est qu’un outil ou une technique qui permet de faciliter l’entrée dans un état particulier: EMC* (état modifié de conscience). Elle permet de créer un état mental dissociatif. Ce n’est donc pas un pouvoir, mais simplement un savoir. L’humain est un être de sens et d’émotions, aussi dès son enfance, il se construit en accumulant un nombre considérables d’informations qui vont aller enrichir nos différentes bases de données cérébrales. Il y a les éléments factuels qui resteront conscients accessibles à la raison et les affects inaccessibles en tant que tels et qualifiés d’inconscients et irrationnels. Seul le langage de l’hypnose qui variera en fonction de son contexte socio-culturel permettra d’y avoir accès, mais sous une forme particulière, analogique, métaphorique, voire poétique. Une maladie comme l’eczéma qui a une forte composante psychosomatique pourra être, en partie, l’expression d’un conflit avec un supérieur hiérarchique. La peau lésée sera en quelque sort la représentation symbolique, métaphore de l’agression (ce n’est qu’une composante). Le mariage non consommé est le plus souvent dû à une absence de représentation du vagin. La patiente en a le savoir (dessins anatomiques, mais pas la connaissance, c-a-d l’expérience). En état modifié de conscience, le conscient aura accès aux données contenues dans l’inconscient sous forme d’analogies ou de métaphores. En agissant sur ces dernières, le patient va trouver lui-même la solution à son problème. Ayant eu l’occasion d’accompagner un certain nombre de personne dans leur changement d’identité, l’hypnose leur a permis de mieux se comprendre et de s’accepter dans cette « originalité », dans cette différence.

*L’état modifié de conscience est un état psychique particulier. Il peut être plus ou moins spontané comme dans l’hystérie et les extases mystiques ou provoqué par différentes techniques: hypnose, EMDR, relaxation, sophrologie, méditation, méditation de pleine conscience, subspace etc…Ce qui va les différencier c’est la profondeur de l’EMC, c-a-d de la dissociation. Ensuite c’est une question de mode et de croyances aux vertus d’une technique particulière. L’avantage de l’hypnose, c’est qu’elle n’est pas inscrite dans une époque donnée et qu’elle s’adapte à la personne et au contexte socio-culturel en vigueur à un certain moment. Ainsi parler aujourd’hui d’hypnose ericksonnienne en France est assez incongru. Milton Erickson est mort en 1980 et ses techniques très intéressantes et efficaces sur sur des patients américains de son époque doivent être adaptées à la nôtre. La mode, de nos jours est plus au Mindfullness (Méditation de pleine conscience) ou à l’EMDR, jusqu’à ce qu’elles ne deviennent, comme bien d’autres, obsolètes ou plus vraiment à la mode…

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Auteur/autrice : Patrice Cudicio

Médecin

2 réflexions sur « Genres, un homme peut-il devenir femme? »

  1. Le génotype (XX ou Xy) ne peut être changé : on nait mâle ou femelle ou, exceptionnellement, hermaphrodite ou pseudo-hermaphrodite. Le phénotype (l’apparence extérieure) peut être modifié. Un transgenre ne peut changer que son phénotype, jamais son génotype.

    1. C’est exact, néanmoins son phénotype d’origine est bien l’expression physique de son génotype (exception faite de quelques rares cas d’hermaphrodisme, pseudo-hermaphrodisme, testicules féminisants, ect…). Je différencie donc bien le phénotype (représentation physique) et genre (représentation psychique).

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